@LittleCerys
Je voulais prendre le temps de te répondre. Je pense que les termes "épuisement", "ennui", "moins bien que moi", corrélés à cette idée que c'est une perte de temps que de parler avec des personnes qui n'ont pas les même centres d'intérêt que toi (et que tu reconnais comme très spécifiques) m'ont marquée quand j'ai lu ton poste. J'ai utilisé le terme nombriliste parce que j'ai l'impression que la manière dont tu avais de présenter tes interactions aux autres n'allait que dans ton sens, sans prendre en compte ce que peuvent penser d'autres personnes, pourquoi ce qui t'intéresse ne peut peut-être pas les intéresser. L'absence d'intérêts communs ne veut pas dire absence d'intérêts tout court.
Et finalement j'ai une aucune idée de comment tu gères tes interactions avec des personnes qui n'ont pas les mêmes intérêts que toi mais du fait que tu les qualifies de moins bien que toi et de vouloir limiter au maximum ces interactions m'a fait imaginer que tu puisses avoir une attitude un peu dédaigneuse envers ces personnes. Je me trompent peut-être totalement mais supposant de ta part, personne cultivée, cette attitude, ça ne doit en rien aider les personnes en face de toi considérées comme peu cultivées de te faire part d'intérêts ne correspondant pas à ce qui est vu comme de la culture ou oser de poser des questions. J'ai fait référence à mon beau-père un peu plus haut pour expliquer comment il pouvait se sentir face à une personne qui le met mal à l'aise. Mais peut-être que je me trompe totalement et c'était juste un choix malheureux de termes de ta part qui m'ont donné une image négative. Je suis donc désolée de ma réaction épidermique.
Du reste, je ne nie ni ce que tu peux ressentir comme décalage (mais est-ce la faute des personnes avec qui tu te sens décalée ou un problème sociétal?) ni le harcèlement scolaire que tu as pu vivre - j'en ai aussi subi, pour les mêmes raisons que toi. Avec le recul, ça venait surtout du fait que je me distinguais des autres et être différent à cet âge-là c'est très mal vu et aussi parce que je recevais toujours des marques d'approbation de la part des profs (très souvent, face à une question du prof où tout le monde restait muet, un de mes prof soupirait et disait évidemment personne connaît la réponse sauf Kaeloolagrenouille, parce que ça se voyait sur mon visage que j'étais prête à répondre mais j'évitais de lever trop souvent la main pour éviter de me faire trop détester, je ne dis pas merci à ce prof) et que finalement être premier de classe est une place convoitée par beaucoup d'élèves même si beaucoup refusent de l'admettre et te traitent d'intello.
De plus je fais des études dans un domaine jugé élitiste et il y a peu de personnes avec qui je peux parler de ce qui m'intéresse le plus. Mais je songe de plus en plus à plus tard essayer de rendre ce sujet moins élitiste parce que je vois bien les mécanismes qui sont en place, que dès le début des cours les profs attendaient de nous d'avoir une culture solide comme base. Je vois comment on en barre l'accès à ceux qui ont eu moins accès à la culture.
Le terme paresse que j'ai vu revenu plusieurs fois m'a paru un peu aberrant. D'une part accuser les personnes de paresse c'est une marque qui monte qu'on a bien integré le fait que dans notre société la productivité à son maximum est un idéal. Mais il ne faut pas oublier que ça n'a apparu qu'à partir de la révolution industrielle, soit un peu plus de 200 ans. Ne "rien faire" c'est aussi une liberté dans ce monde où on est toujours appelé à la performance. De plus, pour en revenir au cas de mon beau-père il a travaillé les week-ends dès l'âge de 9 ans, je ne sais pas où il aurait trouvé le temps de lire Flaubert. Les travaux physiques, qui occupent notamment les classes sociales les plus basses laissent moins d'énergie pour des loisirs tel qu'aller au théâtre. Il faut aussi prendre en compte que les lieux culturels sont investis par l'élite qui en même temps qu'elle se cultive, rentabilise ce temps socialement (productivité!) et de plus pourra s'en servir pour des discussions ultérieures.
Evidemment que des personnes avec un background peu élevé peuvent se cultiver, faire des études qui demandent des connaissances poussés dans ces domaines mais statistiquement c'est quand même les enfants ayant accès à une bonne éducation et qui ont un environnement social qui les poussent à s'intéresser à ce genre de choses qui vont le plus se diriger dans ces études. L'école même si elle dispense un savoir commun ne peut pas renforcer des différences pré-existantes et de plus par son système de dévalorisation des éléments les plus faibles peut même renforcer ces différences. Ne pas voir ça, c'est refuser de voir l'éléphant dans la pièce.
Je suis convaincue de l'importance de la transmission d'un bagage culturel (même si on peut pinailler sur les critères de celui-ci, pourquoi par exemple, savoir reconnaître les plantes n'est pas valorisé?) mais je trouve dommage de vouloir rejeter la culture populaire. La renier c'est vouloir nier toute une partie de la société et comprendre ses mécanismes de fonctionnement. Elle a toujours existé mais n'avais pas de support écrit ou n'était pas représentée par d'autres médiums, ou seulement de manière parcellaire. Ce que nous savons de nos ancêtres par rapport à leurs goûts concerne principalement l'élite, ça reste une image faussée de la réalité. On peut glorifier ce qui se faisait avant culturellement et dire c'était mieux avant mais c'est en se basant sur une vision déformée. Et de plus, de nombreuses productions culturelles ont été mise aux oubliettes de par leur manque de pertinence. Il va se passer la même chose avec ce qui est produit aujourd'hui, le temps fera son travail mais je suis ravie que plus de voix pourront se faire entendre dans le futur, pas seulement celle de l'élite.
			
			Je voulais prendre le temps de te répondre. Je pense que les termes "épuisement", "ennui", "moins bien que moi", corrélés à cette idée que c'est une perte de temps que de parler avec des personnes qui n'ont pas les même centres d'intérêt que toi (et que tu reconnais comme très spécifiques) m'ont marquée quand j'ai lu ton poste. J'ai utilisé le terme nombriliste parce que j'ai l'impression que la manière dont tu avais de présenter tes interactions aux autres n'allait que dans ton sens, sans prendre en compte ce que peuvent penser d'autres personnes, pourquoi ce qui t'intéresse ne peut peut-être pas les intéresser. L'absence d'intérêts communs ne veut pas dire absence d'intérêts tout court.
Et finalement j'ai une aucune idée de comment tu gères tes interactions avec des personnes qui n'ont pas les mêmes intérêts que toi mais du fait que tu les qualifies de moins bien que toi et de vouloir limiter au maximum ces interactions m'a fait imaginer que tu puisses avoir une attitude un peu dédaigneuse envers ces personnes. Je me trompent peut-être totalement mais supposant de ta part, personne cultivée, cette attitude, ça ne doit en rien aider les personnes en face de toi considérées comme peu cultivées de te faire part d'intérêts ne correspondant pas à ce qui est vu comme de la culture ou oser de poser des questions. J'ai fait référence à mon beau-père un peu plus haut pour expliquer comment il pouvait se sentir face à une personne qui le met mal à l'aise. Mais peut-être que je me trompe totalement et c'était juste un choix malheureux de termes de ta part qui m'ont donné une image négative. Je suis donc désolée de ma réaction épidermique.
Du reste, je ne nie ni ce que tu peux ressentir comme décalage (mais est-ce la faute des personnes avec qui tu te sens décalée ou un problème sociétal?) ni le harcèlement scolaire que tu as pu vivre - j'en ai aussi subi, pour les mêmes raisons que toi. Avec le recul, ça venait surtout du fait que je me distinguais des autres et être différent à cet âge-là c'est très mal vu et aussi parce que je recevais toujours des marques d'approbation de la part des profs (très souvent, face à une question du prof où tout le monde restait muet, un de mes prof soupirait et disait évidemment personne connaît la réponse sauf Kaeloolagrenouille, parce que ça se voyait sur mon visage que j'étais prête à répondre mais j'évitais de lever trop souvent la main pour éviter de me faire trop détester, je ne dis pas merci à ce prof) et que finalement être premier de classe est une place convoitée par beaucoup d'élèves même si beaucoup refusent de l'admettre et te traitent d'intello.
De plus je fais des études dans un domaine jugé élitiste et il y a peu de personnes avec qui je peux parler de ce qui m'intéresse le plus. Mais je songe de plus en plus à plus tard essayer de rendre ce sujet moins élitiste parce que je vois bien les mécanismes qui sont en place, que dès le début des cours les profs attendaient de nous d'avoir une culture solide comme base. Je vois comment on en barre l'accès à ceux qui ont eu moins accès à la culture.
Le terme paresse que j'ai vu revenu plusieurs fois m'a paru un peu aberrant. D'une part accuser les personnes de paresse c'est une marque qui monte qu'on a bien integré le fait que dans notre société la productivité à son maximum est un idéal. Mais il ne faut pas oublier que ça n'a apparu qu'à partir de la révolution industrielle, soit un peu plus de 200 ans. Ne "rien faire" c'est aussi une liberté dans ce monde où on est toujours appelé à la performance. De plus, pour en revenir au cas de mon beau-père il a travaillé les week-ends dès l'âge de 9 ans, je ne sais pas où il aurait trouvé le temps de lire Flaubert. Les travaux physiques, qui occupent notamment les classes sociales les plus basses laissent moins d'énergie pour des loisirs tel qu'aller au théâtre. Il faut aussi prendre en compte que les lieux culturels sont investis par l'élite qui en même temps qu'elle se cultive, rentabilise ce temps socialement (productivité!) et de plus pourra s'en servir pour des discussions ultérieures.
Evidemment que des personnes avec un background peu élevé peuvent se cultiver, faire des études qui demandent des connaissances poussés dans ces domaines mais statistiquement c'est quand même les enfants ayant accès à une bonne éducation et qui ont un environnement social qui les poussent à s'intéresser à ce genre de choses qui vont le plus se diriger dans ces études. L'école même si elle dispense un savoir commun ne peut pas renforcer des différences pré-existantes et de plus par son système de dévalorisation des éléments les plus faibles peut même renforcer ces différences. Ne pas voir ça, c'est refuser de voir l'éléphant dans la pièce.
Je suis convaincue de l'importance de la transmission d'un bagage culturel (même si on peut pinailler sur les critères de celui-ci, pourquoi par exemple, savoir reconnaître les plantes n'est pas valorisé?) mais je trouve dommage de vouloir rejeter la culture populaire. La renier c'est vouloir nier toute une partie de la société et comprendre ses mécanismes de fonctionnement. Elle a toujours existé mais n'avais pas de support écrit ou n'était pas représentée par d'autres médiums, ou seulement de manière parcellaire. Ce que nous savons de nos ancêtres par rapport à leurs goûts concerne principalement l'élite, ça reste une image faussée de la réalité. On peut glorifier ce qui se faisait avant culturellement et dire c'était mieux avant mais c'est en se basant sur une vision déformée. Et de plus, de nombreuses productions culturelles ont été mise aux oubliettes de par leur manque de pertinence. Il va se passer la même chose avec ce qui est produit aujourd'hui, le temps fera son travail mais je suis ravie que plus de voix pourront se faire entendre dans le futur, pas seulement celle de l'élite.
			
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 d'un autre côté, je suis pas mieux ...". Et après avoir pensé ça, je me dispute mentalement parce que juger, c'est mal, les gens le font pas exprès, je les connais pas ... Puis, j'aimerais pas qu'on me le fasse. Mais comme je le fais, je me dis que tout le monde me juge et je pars en paranoïa 




