Petite discussion hier soir avec les gens de la rédac sur le rejet de l'autre ; il y deux phénomènes dont je pensais avoir été la seule témoin et de façon très ponctuelle, mais en fait non, c'est de toute évidence répandu.
Dans des communautés, souvent des communautés minoritaires, j'ai vu le premier type de rejet, aka
"t'es pas assez" : je le retrouve dans quasiment tous les milieux militants. Si une personne A est à 100% militante et que c'est une grosse partie de sa vie, quand une personne B débarque avec le même genre de convictions mais moins poussées, cette personne va être méprisée,
bien plus que si elle ne se revendiquait pas du tout au mouvement.
Deuxième cas, toujours dans les communautés minoritaires, j'ai été énormément témoin du deuxième type de rejet, aka
"t'es trop" : ça vire quasiment au racisme ou à l'homophobie selon les milieux. J'ai connu certaines personnes
immigrées dans mon entourage qui avaient des relents de racisme devant des personnes immigrées qui ne lâchaient pas leur culture d'origine pour autant, comme s'ils devaient le faire, comme s'ils devaient imiter la culture française au maximum et tout effacer pour "devenir" français, sous peine de paraître obscène ou sauvage. Je pense que ça vient de la xénophobie tellement intégrée que même les victimes préfèrent se ranger du côté des bourreaux en disant "nope lol pas moi regarde je suis comme toi, j'attaque".
Exactement la même chose dans le milieu gay (bizarrement je n'ai jamais vu le phénomène dans le milieu lesbien que je fréquente davantage que le milieu gay), la follophobie est vraiment très présente chez certains gays qui rejettent la "culture gay" et estiment parfois que quelqu'un qui se comporte "comme une folle" décrédibilise l'entièreté des gays et va être encore plus haineux et désireux de montrer une distance avec lui que des hétéros homophobes. Quelque part je comprends cette envie (complètement impersonnelle puisque sociale, malgré ce qu'ils peuvent en dire) de se ranger du côté de l'oppresseur pour lui signifier "hé regarde je me fonds bien dans la masse, je les déteste, comme toi, c'est parce que je suis comme toi !", c'est limite de la survie. Mais je ne comprends pas que ça perdure alors que c'est tellement évident
