Cela me fait penser que je me demande comment le film Noce blanche (avec Vanessa Paradis 16 ans qui a des relations avec un quadra, son prof qui plus est) peut encore passer à la tv tranquille aussi.
Ça paraît hors-sujet mais c'est parfaitement dans le débat quant à la normalisation de la pédophilie : j'ai regardé ce film il y a un ou deux ans et j'étais vraiment sur le cul
Ce film est sorti en 1989, donc il y a pas si longtemps finalement, et j'ai rarement vu un contenu aussi gerbant. Déjà Vanessa Paradis n'avait que 16 ans au moment du tournage et ça n'empêche qu'on la voit dénudée oklm, ce qui est contraire aux lois sur la pornographie enfantine il me semble (j'ose pas aller regarder sur Google
). Évidemment Bruno Cremer qui joue le prof n'apparaît jamais à poil même dans les scènes d'amour (
) mais bon on va nous dire que c'est un hasard et qu'il n'y a aucun problème avec la sexualisation des femmes dès le plus jeune âge
Bref donc l'ambition de ce film était je pense de nous offrir l'histoire d'une relation passionnée mis à mal par les conventions d'une société étriquée et puritaine parce que naturellement seuls les bien-pensants pourraient s'offusquer de voir un prof quadra voire quinqua dans une relation sexuelle avec une jeune fille de 17 ans. J'avais lu des avis sur sens critique qui montraient que ce but avait été atteint : ils considéraient bel et bien ce film comme une belle histoire d'amour. En réalité, la jeune fille en question, une adolescente paumée et dépressive, attire l'attention du prof de philo par son regard désabusé sur la vie qui lui fait dire qu'elle est plus mature que la moyenne des jeunes de son âge (pour info c'est le prétexte numéro un des adultes qui abusent des adolescents, "oui mais il/est est plus mature son âge"). Il y aurait tellement de choses à dire sur cette démarche totalement malsaine qui consiste à montrer un homme d'âge mûr en position de pouvoir qui séduit une adolescente fragile, et faire passer ça pour une belle histoire d'amour...
Un peu comme pour Lolita en fait, raconté du point de vue d'un homme d'une cinquantaine d'années qui abuse de sa belle-fille de douze ans, mais que certains ont voulu voir comme le récit d'une relation consentante, voire comme une romance. Nabokov joue sur la technique de l'"unreliable narrator", c'est à dire qu'il se place du point de vue d'un narrateur qui justifie ses attirances et son passage à l'acte par le fait que la fillette le provoque et qu'elle a une attitude séductrice. En réalité il n'en est rien mais nombre de lecteurs sont tombés dans le panneau et Nabokov a été horrifié de voir son roman être élevé au rang d'histoire d'amour. D'ailleurs quand on voit l'adaptation de Kubrick et l'actrice choisie pour incarner Lolita, on se dit que cette interprétation a fait long feu : Sue Lynn a 16 ans et non 12, elle arbore lunettes de soleil rouges en forme de coeur et moue séductrice, donc on finit par se dire qu'après tout le personnage principal a bien raison de craquer, elle le provoque et elle le pousse à bout, du coup elle l'a bien cherché au final n'est-ce pas ? Peu importe que dans le roman Lolita est une victime, que sa vie est littéralement détruite par son beau-père et que son attitude soi-disant aguicheuse n'est que le fruit de l'imagination de ce dernier qui cherche à justifier ses actes. D'ailleurs Lolita n'est que le surnom qu'il lui donne, en réalité elle s'appelle Dolorès, douleur en espagnol, ce qui veut tout dire. Un autre exemple de la sexualisation des jeunes filles, qui devient particulièrement parlant quand on pense que "lolita" a fini par passer dans le langage courant pour désigner une jeune fille qui s'amuse à séduire des hommes plus âgés (rappelez-vous ce fabuleux tube d'Alizée qui parle d'une jeune fille qui se déhanche en boîte pour attirer le regard des hommes qu'on chantait avec enthousiasme quand on avait huit ans
).
Bref la normalisation de la pédophilie a encore de beaux jours devant elle ! C'est notre société toute entière qui est malade et ceux qui s'en prennent aux enfants en sont un des symptômes les plus criants.
Ensuite partager sa passion et en faire l'apologie c'est très différent. Internet permet a des gens qui apparentement étaient isolés de mettre leurs aspiration en commun. Ca ne fait de mal à personne. Où est le soucis ?
Le souci c'est qu'il a été démontré que ces communautés encouragent le passage à l'acte. Le fait de partager sa "passion" comme tu dis (on parle de pédophilie hein mais soit) entre "convaincus" créé un effet d'encensement entre les membres qui finissent par s'encourager mutuellement et se convaincre du bien-fondé de leurs pulsions. Donc finalement entre avouer ses penchants pédophiles (dans un contexte autre que psychiatrique j'entends, autre qu'une démarche de guérison) et en faire l'apologie la frontière est plus mince que ce qu'on croit.