De temps en temps, je traîne sur des forums de psychologie/psychothérapie et je suis vraiment triste et en colère de lire que "Ouais dans les CMP, c'est nul, on ne peut pas faire une psychothérapie correcte, les psy sont pas assez compétents, les psychiatres non plus, on t'accorde pas assez de temps, on t'écoute pas, on te bourre de cachetons, etc... je te déconseille."
Les gens qui osent écrire ça, ont-ils fait le tour de chaque CMP dans chaque ville, de petite à très grande, qui en possède un? Quelle mauvaise foi. J'ai honte de lire ça, et cela me fait mal, pour tous les professionnels qui se démènent dans les CMP pour pouvoir offrir une aide psychologique à des gens qui en temps normal n'auraient absolument pas les moyens (ce qui est mon cas) et leur permettent gratuitement d'accéder à des soins et une écoute respectables. Oser proférer de tels propos c'est remettre en cause de le professionnalisme de milliers de soignants, infirmiers, psychologues, psychiatres qui ont le mérite d'exister pour une population bien souvent rejetée et dans des conditions de vie très difficiles et précaires, et qui est TRES nombreuse. Je trouve ça vraiment dégueulasse. Ce n'est pas parce qu'on ne paye pas que les soins donnés sont davantage merdiques. Ce n'est pas parce qu'on ne va pas chez un psy à 40 euros la séance, qu'on ne bénéficie pas d'une psychothérapie aussi bien menée avec un professionnel autant qualifié et compétent. Quand je pense à mon infirmier, qui était l'exemple même du soignant qui se démène pour ses patients, à l'écoute, dévoué, acharné, qui se coupait en quatre, j'ai vraiment mal à l'idée qu'on salisse l'image des professionnels des CMP. Bien évidemment, je ne dis pas que TOUTES les personnes qui travaillent dans un CMP sont des gens irréprochables. Il y a des gens comme partout, qui font mal leur métier; mais j'aimerais qu'on arrête de mettre tout le monde dans le même panier et qu'on entretienne une image aussi péjorative.
Et sinon sur ces mêmes forums, j'ai du mal aussi avec la réponse générale et redondante "change de psy" au moindre fait évoqué. . A les ecouter, 90% des psys sont des charlatans, obsédés sexuels, "pervers narcissiques" - pathologie adorée des forumeurs pour etiquetter n'importe quelle personne de sexe masculin qui leur fait du mal - sadiques, égocentriques, intéressés (par le fric ou la souffrance), eux-mêmes psychotiques...
Hey, mais si vous réalisiez un peu qu'une psychothérapie, ce n'est pas votre psy qui doit la mener, mais vous? Vous voulez quoi au juste, vous attendez quoi de votre psy? Qu'il vous dise que vous êtes merveilleux, qu'il acquiesce avec vous quand vous dites que vous êtes une victime et qu'il vous plaigne constamment, qu'il tombe eperdument amoureux de vous parce que vous êtes le meilleur et le plus beau, et que vous vous mariez? C'est le rêve de chaque patient! On en rêve tous et c'est un processus normal. Et ce serait dramatique si cela prenait réalité. Il n'est pas là pour vous préférer mais pour vous aider dans le cheminement long et laborieux du travail que vous devez mener sur vous. C'est bien trop facile de tout remettre sur son psy. Et si vous analysiez un peu votre transfert? Vous verriez que s'il vous déplaît, c'est parce qu'il vous renvoie à des choses passées, à des gens, des situations que vous avez engrangées. Ce n'est pas forcément la réalité. Laissez-lui une chance. Laissez-lui être spectateur de votre psychothérapie; ce n'est pas lui, l'acteur, c'est vous. Je ne dis pas qu'il n'y a pas des cons de psy. Je ne dis pas qu'un psy qui ne parle jamais et n'écoute véritablement pas son patient, vaut le coup de continuer. Mais j'ai l'impression qu'on condamne d'avance tout psy, et qu'on se trompe déjà à la base sur l'essence, les buts, les fondements d'une psychanalyse ou d'une psychothérapie.
Les gens qui pensent tout connaître du transfert (ou de la psychanalyse en général) me font marrer aussi. Une femme dit qu'elle fait un transfert intense sur sa psy, qu'elle est tombée amoureuse, un forumeur lui répond l'air érudit: "Tu es en train de réaliser que tu es homosexuelle." Connard, sais-tu que nous sommes d'ailleurs tous fondamentalement bisexuels? Qu'il n'est là pas question d'homosexualité dans le transfert, ni d'une rencontre amoureuse comme cela le serait dans la vie, avec une femme, mais de la reviviscence des sentiments ressentis il y a bien longtemps pour une personne à qui la psy fait écho et qu'elle représente. Oui, on ressent de l'amour, oui, il y a des sentiments, ou une attirance sexuelle (ou pas) mais cela fait partie du cadre et de ses fondations, c'est quelque chose qui vient de très loin et doit être analysé en dehors des considérations de la vie extérieure.