Je ne supporte pas les marques de mépris qui passent par le regard...
J'ai d'ailleurs remarqué que moi-même, je véhiculais souvent ce mépris "visuel". J'ai l'impression que les gens ne s'en rendent pas compte, et ça me donne l'impression d'être encore plus méprisante. Par exemple, quand je débats avec plusieurs personnes sur un sujet, je ne regarde presque que les personnes que je trouve "à la hauteur de la conversation". Bien sûr, quand je parle dans la vie de tous les jours, je regarde tout le monde, parce que je considère que le regard est le premier des signes de respect. Mais dès que je m'enflamme et que je prends à coeur la défense de mon avis, mon regard se dirige automatiquement vers les personnes que je trouve intelligentes. Peu importe si les personnes sont d'accord avec moi ou pas, du moment que je les trouve à même de me comprendre et de me répondre des trucs pertinents, je les regarde. A contrario, quand je m'enflamme, je ne regarde pas, voir même je tourne le dos sans scrupules, les gens qui balancent des pavés dans la marre. Je me suis surprise à faire ça il y a quelques jours, et je me suis trouvée odieuse, mais je n'ai pas réussi à m'en empêcher. Je peux adorer ces personnes dans d'autres circonstances, si, là, elles disent des trucs cons, je fais comme si elles n'existaient pas. C'est tellement méprisant...
Quand je considère qu'une personne dit des trucs banals, idiots, irréfléchis (dans le contexte d'une conversation qui me tient beaucoup à cœur, rappelons-le), j'ai pas envie de discuter avec elle, ses arguments ne m'intéressent pas, et donc ça se traduit par le fait que je ne la regarde pas ou peu. Je ne vais jamais dire à quelqu'un que ce qu'il dit me semble idiot, mais je crois que mon attitude est encore pire : je fais abstraction des remarques de la personne, et je ne la regarde pas.
Mais ça n'est qu'un exemple. Je retrouve ces micros-mépris dans des situations où, lorsque quelqu'un fait une blague ou pose une question, il ne va regarder qu'une partie des personnes qui rigolent ou qui lui répondent, comme s'ils estimait plus la réaction de certains par rapport à d'autres. Bon, j'extrapole peut-être en parlant de mépris dans ces cas-là, mais c'est comme ça que je le ressens. Je trouve qu'il y a une grosse violence là-dedans, dans cette manière d'exclure -de manière très symbolique et subtile- des personnes de la discussion.
En dehors de ces circonstances, il y a aussi tous les petits jeux de regard moqueurs qui me font hyper mal au cœur. C'est un peu moins subtile, mais tout aussi violent.
Ça arrive parfois lorsque quelqu'un dit quelque chose, et que deux personnes se lancent un regard complice juste après, parce qu'elles connaissent leurs avis respectifs sur la question ou parce qu'elles ont déjà parlé ensemble de la personne. Je ne parle pas des regards complices "innocents", genre private joke et tout, je parle des regards complices qui valent comme un commentaire négatif informulé.
Là c'est assez dur de voir le mépris, parce qu'on peut se demander la limite entre complicité et moquerie aux dépens de l'autre. D'autant plus que les personnes n'ont rien dit, mais pour un peu que tu captes leur jeu de regard, tu comprends qu'elles sont en train de se moquer implicitement. En tout cas moi j'ai souvent cette impression.
Je trouve ça très fourbe et condescendant. Et le pire, c'est quand tu crames un de ces jeux de regard. Tu ne peux rien dire parce que les personnes n'ont rien dit, du coup tu subis le truc en silence. Si le mépris t'est destiné, c'est très blessant et frustrant, s'il est destiné à quelqu'un d'autre, ça fait mal au cœur ou ça énerve, selon les situations...
Bon pardon si je passe pour une paranoïaque mais je trouve que le mépris est une des pires choses qui soient. Il peut s'exprimer de manière tellement subtile qu'il est presque impossible à objectiver, et pourtant il peut faire des ravages considérables...
Je ne dis pas que je suis un ange ! Loin de là
Je pratique assez souvent ces formes de mépris implicites, et je trouve ça encore pire d'en être consciente... Parce que déjà je culpabilise, et qu'en plus je le repère très vite dans les yeux des autres.