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Sword et @
_Fadette :
Je suis pas sûre que notre génération soit plus égoïste que les précédentes. En fait ça serait mon intuition aussi, mais récemment j'ai lu un article (dans un numéro de Sciences Humaines) qui expliquait qu'au contraire, les gens s'engageaient de plus en plus dans des associations caritatives (alors qu'avant c'était surtout dans des asso ludiques et sportives). Bon, après ce n'était qu'un article.
Mais je pense que si on regarde les choses d'un point de vue historique, s'il y a eu une génération particulièrement égoïste/hédoniste, ça serait plutôt celle de nos parents voire de nos grand-parents, parce qu'après tout, la nôtre a été sensibilisée assez tôt à des problèmes d'ordre écologiques ou altermondialistes, ce qui n'est pas le cas de mes parents apparemment (d'après ce qu'ils m'en disent). J'ai l'impression qu'on arrive au moment du contrecoup en fait, alors que c'est pendant les Trente Glorieuses (/la période de croissance et de prospérité occidentale du vingtième siècle) que s'est installée la course à la consommation - même si elle est encore plus présente que jamais aujourd'hui), sans trop de critique au début (il y a eu quelques ouvrages critiques comme
The Organization Man de William Whyte (merci les cours sur la contre-culture
.) et puis justement l'ensemble de la contre-culture, mais d'une part ça concernait une minorité et de l'autre il n'y avait pas de projet d'ensemble à ce moment-là.
Après, si on remonte le temps encore plus loin, j'imagine (t'as été vague, j'extrapole
.), Sword, que quand tu parlais de norme altruiste, tu pensais soit au modèle de charité chrétien, soit à celui de la solidarité locale (type 19ème/début du 20ème siècle). Mais je me dis que dans le cas de la charité, ça reposait sur un système totalement obsolète (la féodalité), et qui générait aussi de la violence ou de l'injustice (guerres de religion, servage, etc.). Après, ça serait injuste et absurde de condamner la féodalité, c'était juste une époque différente avec des règles différentes, et justement la charité servait de compensation. Quant à la solidarité locale, je pense que ça fonctionnait dans la mesure où le monde (la France dans notre cas) n'était pas encore assez urbanisé pour nous rendre tous anonymes les uns par rapport aux autres. Mais en même temps, cette solidarité à l'échelle locale (j'aide mon voisin), ça marchait justement à travers la fierté d'appartenance à une communauté et donc le rejet des étrangers et autres métèques (patriotisme et militarisme, antisémitisme, racisme, etc.).
Bref, dans les deux cas, y avaient une forme d'altruisme, effectivement. Serait-elle enviable aujourd'hui? Je crois qu'on redéfinit l'altruisme à travers la redéfinition de notre appartenance et qu'on ne peut plus être solidaire de la même manière qu'il y a cinquante, cent ou quatre cent ans, on ne peut donc pas parler d'une norme plus altruiste que l'autre puisqu'on ne parle pas de la même forme d'altruisme (ou d'égoïsme d'ailleurs).