Un de mes contacts facebook et précédemment amis a partagé l'article madmoizelle "Ce monde sexiste m'épuise", dont j'ai par ailleurs apprécié la lecture et dans lequel je me suis retrouvée.
Ce
qui m'agace sérieusement (quand j'y réfléchis un peu, "je ne supporte pas" est peut-être un tantinet fort) à relire mon message, je me rends compte que ça m'insupporte au plus haut point, en fait.
Ce que je ne supporte pas, donc, c'est qu'il fait précisément partie des personnes sexistes qui m'épuisaient quand on parlait de féminisme (à son instigation plus souvent que le contraire, il devait trouver ça drôle de me faire bisquer).
Florilège de ce qu'il m'a sorti en 48h :
[ul]
[li]oui mais à force de parler de harcèlement de rue, on n'aura plus le droit d'aborder une fille dans le métro. Et puis d'ailleurs, moi j'aimerais bien qu'on me drague dans le métro, ça doit être sympa.
Et quand je lui explique que, personnellement, je n'ai pas particulièrement apprécié le fait de m'être fait cracher dessus ni de me faire traiter de salope, ni celui d'être l'objet de gestes obscènes, il a concédé que "ça ne devait pas être très sympa" (SANS DECONNER) mais que, quand même, se faire draguer dans le métro, ça devait être plaisant.
En gros : rien à foutre du fait que je ne vive pas le harcèlement (pardon, drague) de rue contrairement à toi, je t'écoute pas et je reste sur mon opinion de mec privilégié qui connaît rien au problème. [/li]
[li]Que, quand même, les femmes étaient vachement privilégiées par rapport aux hommes parce qu'elles pouvaient leur faire faire tout ce qu'elles voulaient, alors que l'inverse n'était pas vrai. Donc les mecs pensent avec leur bite et se font influencer par des femmes potentiellement manipulatrices qui profitent de leurs faiblesses.
[Ouais, bon, j'ai la flemme de gloser le sexisme du propos, hein.][/li]
[li]Que, quand même, les filles étaient privilégiées par rapport aux mecs pour le recrutement en école (il pensait surtout aux grandes écoles d'ingénieurs). Surtout les filles jolies parce que les recruteurs/les écoles/les jurys savent que ça va rendre leur école encore plus désirable (forcément tous les mecs vont vouloir y aller parce que, c'est bien connu, ils sont tous hétéro et pensent avec leur bite), et que donc ils les choisissent en priorité. Alors que les mecs ne peuvent compter que sur leur gros cerveau, trop triste.
C'est pour ça que dans un des départements de notre écoles, il y a en 2me année 3 filles pour 39 mecs, par exemple. Et on les a prises parce qu'elles avaient des gros seins, je suppose. Les écrits, elles les ont eus par hasard, I guess. [/li]
[li]Au moment où je m'apprête à sortir en ville seule le soir : euh, mais tu devrais faire attention, il pourrait t'arriver qq ch. Quand je réponds que, statistiquement, il y plus de chances qu'il soit agressé que moi dans la rue (j'étais déjà un peu vénère parce que tous les "arguments" que j'ai cités au-dessus, il les avait enfilés la veille), il me répond qu'au moins, il ne risque rien de plus que le fait de se faire voler son portable, contrairement à moi. Sous-entendu, moi, je risque d'être violée. Oh merci, je vais sortir avec l'esprit tranquille maintenant, c'est sûr.
Je lui ai répondu que, statistiquement, il y avait plus de risques que je sois agressée en restant chez lui (il y avait lui + mon ami, or les viols sont majoritairement commis par les conjoints/ex et amis) que dehors. Il l'a mal pris et je suis partie.
[/li]
[/ul]
Il s'est contenté de partager l'article mais ce qui m'énerve, c'est que j'ai l'impression qu'il se considère comme étant du bon côté de la barrière, comme si ce monde sexiste l'épuisait aussi. Alors qu'il contribue au problème parce qu'il ne pense jamais à se remettre en cause ou à "check his privilege", se taire et écouter l'expérience de quelqu'un qui souffre du sexisme, contrairement à lui.
En tout cas, le bon côté, c'est qu'il m'a montré tout ce qu'il ne fallait pas faire si je me retrouvais à sa place, ce qui a de fortes chances de se produire. Je lui en suis reconnaissante pour ça parce que c'est précieux.