Ma position personnelle est que je peux comprendre qu'on ait envie que des personnages minoritaires soient davantage et plus fidèlement représentés dans leur multitude et pas seulement comme des archétypes. En revanche, tous les personnages minoritaires n'ont pas forcément vocation à être exemplaires ! J'aurais plutôt tendance à prendre le problème dans l'autre sens. Pour moi, le problème n'est pas que le personnage de Cho véhicule un quelconque racisme antichinois ou qu'il colporte des préjugés contre ce pays, mais plutôt que le nom qu'a choisi JK Rowling illustre le fait qu'à un niveau systémique, la middle et upper class britannique dont elle fait partie ne connaît pas bien la culture chinoise !
Ah oui, dit comme ça on est globalement d'accord. Mais du coup je ne vois pas le problème de le faire remarquer personnellement. Surtout que cette méconnaissance n'est pas forcément neutre politiquement à mon avis.
Pour répondre à la fin de ton message : en fait je n'ai pas parlé de fiction je crois (mais en vrai je peux me tromper, je suis fatiguée !)
Ce que j'essayais de distinguer, c'est :
- Le cas où il se passe quelque chose dont on peut tirer une morale, ce qui implique selon moi une certaine complexité (pour moi on ne peut pas tirer une morale d'un nom de personnage, enfin sauf si le personnage s'appelait Jean-Michel Mentirceymal par exemple). Tu cites l'exemple de la fable, il faut qu'il y ait une évolution dans la fiction pour qu'on comprenne quel comportement est préférable à un autre. Je ne sais pas si je suis claire.
- Des simples traits stéréotypiques qui dans sa description même vont faire qu'un personnage coche plus ou moins les cases d'une caricature raciste, ou antisémite, etc.
J'ai conscience que cette distinction a ses limites, elle est même peut-être un peu artificielle, mais c'était pour expliquer que ce qui gêne souvent dans le perso de Cho Chang ce n'est pas son traitement mais plutôt son identité de base, alors que pour d'autres cas ce sera plus la "morale à tirer" d'une oeuvre qui pourra être jugée comme problématique.
Après, pour le coup, je ne suis pas sûre de l'opposition que tu fais entre personnage archétype et personnage exemplaire, sauf si je me trompe sur l'usage que tu fais du mot exemplaire.
Pour moi, on peut écrire un personnage qui ne soit pas un agrégat de stéréotypes, sans chercher à le rendre (ou même à rendre l'histoire) exemplaire, c'est-à-dire digne d'admiration ou de nature à inspirer une morale.
Personnellement, je suis à la fois vite soulée par les personnages que je trouve des ramassis de stéréotypes racistes ou sexistes, et en même temps je m'emmerde très vite devant les oeuvres que je juge trop lourdement moralisatrices... Heureusement qu'il y a des oeuvres qui ne sont ni l'un ni l'autre !