@Lady Stardust Le livre "Boulots de merde" de Brygo et Cyran reprend justement à la fois le concept de bullshit jobs de Graeber mais l'étend aussi à des métiers qui ne sont pas forcément intellectuels. Ils donnent beaucoup d'exemples de ces boulots du bas de l'échelle qui en plus d'être précaires, ne sont pas vraiment utiles non plus. Ils citent par exemple le cas d'une "hotesse" pour qui le boulot est simplement de rester plantée debout, d'être jolie et de sourire dans des séminaires ou des évènements organisés par des entreprises, ou encore des distributeurs de prospectus publicitaires (dont le boulot est extrêmement précaire plus qu'il s'agit ni plus ni moins de travail dissimulé, en gros on les paye à la tâche pour un travail qu'ils sont censés réaliser en tant de temps alors que c'est impossible).
Et ils étendent aussi le concept de "boulots de merde" à des boulots qui ont beaucoup d'utilité pour la société, mais qui se dégradent de plus en plus et sont ressentis par les salariés comme n'ayant plus de sens, souvent à cause de méthodes de management déshumanisantes et aliénantes (ils citent notamment le lean management, qui est une méthode de plus en plus répandue, employée notamment dans les hopitaux et à La Poste).
Je trouve qu'un concept intéressant pour vraiment comprendre les bullshit jobs est celui du "retour social sur investissement" des métiers (terme issu d'une étude réalisée par des chercheuses).
Et ils étendent aussi le concept de "boulots de merde" à des boulots qui ont beaucoup d'utilité pour la société, mais qui se dégradent de plus en plus et sont ressentis par les salariés comme n'ayant plus de sens, souvent à cause de méthodes de management déshumanisantes et aliénantes (ils citent notamment le lean management, qui est une méthode de plus en plus répandue, employée notamment dans les hopitaux et à La Poste).
Je trouve qu'un concept intéressant pour vraiment comprendre les bullshit jobs est celui du "retour social sur investissement" des métiers (terme issu d'une étude réalisée par des chercheuses).
Prenons un publicitaire. Son activité vise à accroître la consommation. Il en découle, d’un côté, une création d’emplois (dans le secteur de la publicité, mais aussi dans les usines, le commerce, les transports, les médias) et, de l’autre, un accroissement de l’endettement, de l’obésité, de la pollution, de l’usage d’énergies non renouvelables. Par une série de calculs ingénieux et parfois acrobatiques, les trois chercheuses évaluent chacun des bénéfices et coûts de la surconsommation imputable à la publicité. Ne reste plus qu’à les mettre en rapport : «Pour chaque livre sterling de valeur positive, 11,50 livres de valeur négative sont générées.» En d’autres termes, les cadres du secteur publicitaire «détruisent une valeur de 11,50 livres à chaque fois qu’ils engendrent une livre de valeur».
La proportion s’inverse si l’on considère le travail d’un agent de nettoyage hospitalier. Pénible, invisible, peu considéré, mal payé et généralement sous-traité, il n’en contribue pas moins à la marche générale du système de santé et minimise le risque d’infections nosocomiales. S’appuyant notamment sur un article du British Medical Journal consacré aux bénéfices sanitaires induits par l’embauche d’un nettoyeur supplémentaire ainsi que sur le coût des pathologies contractées dans les hôpitaux, les auteures estiment que «pour chaque livre sterling qu’elle absorbe en salaire, cette activité produit plus de 10 livres de valeur sociale». Et encore, précisent-elles, «il s’agit probablement d’une sous-estimation».