La tournure qu'a pris la discussion mets le doigt sur un point qui est quand même intéressant à noter: quand on est queer/lgbt+ et croyant à la fois, on a le cul entre deux chaises. On est à la fois pas totalement accepté dans la communauté religieuse (où, même si on est dans une église / paroisse / communauté cool, on est dans une religion qui débat de si on est acceptables et respectables ou non) et pas totalement accepté dans la communauté lgbt+ (qui a, à juste titre, beaucoup de griefs contre les religions, et qui a tendance à blâmer les croyant-es pour l'intolérance de leur religion, intolérance dont les croyants queer/lgbt+ souffrent aussi).
@Opium1 Je dirais que c'est faux de dire que, quand on est catholique, on approuve forcément toutes les positions du pape sur l'homosexualité, voire les dogmes ou les décisions de l'église catholique. Et je ne dis pas ça façon "oui mais on peut être catholique et un-e allié-e" je dis ça parce que j'ai navigué dans des communautés intégristes à la marge, dont certains mouvements les plus durs voyaient leurs évèques et leurs prêtres excommuniés; c'est l'exemple que j'ai en tête quand je dis ça, et la spécificité de ces mouvements c'est surtout leur organisation; s'il y a rejet similaires de certains dogmes (pas tous, pas les mêmes) par les chrétiens progressistes (pour les nommer ainsi) il n'y a pas vraiment de mouvement similairement organisé qui rejete ces dogmes de la même manière
parce que la protestation ne se fait pas de la même façon, pour les mêmes raisons. Au final je trouve qu'accuser d'office les gens catholiques de cautionner l'homophobie du pape et du dogme, c'est n'avoir qu'une connaissance simpliste de la religion, de son fonctionnement, et du pourquoi les gens sont croyant-es. Par contre, là où je te rejoins, c'est qu'en étant catholique, parce que le catholicisme implique une adhérence au dogme, il importe alors de se démarquer visiblement de la lgbtphobie de cette religion, et ce sans attendre de reconnaissance, de cookies, tout simplement parce que sinon, on se retrouve à cautionner la lgbtphobie de la religion par passivité.
(Je dois dire que c'est ce qui m'embête un peu avec cet article; le fait qu'au final, bah il me donne un peu un sentiment de vouloir attirer l'attention, voire féliciter, le fait qu'une madz (qui se positionne comme alliée) ait décidé de prendre position. Oui, c'est bien, mais le fait qu'on en fasse un article pour dire "c'est bien!" déplace un peu l'importance du sujet: il faut prendre position, et risquer les disputes et les brouilles, parce que des gens lgbt+ qui font un coming-out dans une famille catholique risquent de perdre, et perdent, de la famille et des amis, et tout le soutien (matériel et autre) qui vient avec; et parce que ces positons lgbtphobes non remises en questions indiquent aux gens que l'amour qu'on leur porte est conditionnel, ce qui fait beaucoup de mal aux enfants même si au final la famille et l'entourage se révèle acceptant. Du reste, on voit via cet article que les risques pris en étant dans une position d'allié-e ne sont pas les mêmes: la madz indique que les membres de l'aumônerie pensent probablement qu'elle a "une sensibilité différente" et il lui reste toujours la possibilité d'aller vérifier, et de formuler ses positions pour ne pas perdre les aides et les soutiens (parfois très matériels) que représentent un cercle social et une famille. Une personne lgb ne peut pas trop moduler qui elle est pour se rendre acceptable, elle peut juste se cacher; une personne trans n'a même pas ce luxe.)
(Opium1 je suis aussi assez gênée par le fait que tu calques directement la critique de la religion aux axes d'oppressions: oui, être catholique n'implique pas une oppression (par contre, l'islamophobie vise les musulman-es et l'antisémitisme les juifves). Mais en fait là n'est pas la question: oppression ou pas, on peut toujours se montrer agressive envers quelqu'un, et en l’occurrence là je trouve que tu es aggressive. Le comportement d'une personne n'est pas automatiquement bon dès lors qu'il ne s'inscrit pas dans un cadre d'oppression: on peut aussi se montrer méchant envers quelqu'un qui n'est pas oppressé-e. Utiliser les oppressions ne justifie pas (ni dans un sens ni dans l'autre, elle n'autorise pas et n'interdit pas) l'aggressivité en fait, et c'est délégitimer la remarque qu'on te fait que de l'utiliser pour.)
(Je décris d'où je viens parce que je trouve que j'ai à y gagner et pas à y perdre. Je suis une femme trans et j'ai grandi dans une famille très catholique et pratiquante. Je connais surtout cette religion-là.)