« L'image des enseignants », plus importante que la lutte contre le harcèlement scolaire ?

[Lilliy]

J'ai vu plus loin dans le topic que certaines victimes de harcelement n'osaient pas venir s'exprimer. Et comme @Clemence Bodoc a dit en fin d'article que ça l'interessait, me voila!
Oui j'ai mis supersmiley parceque je vais me faire un peu violence là.

J'ai été victime de harcelement à l'ecole. ayé je l'ai dit
Cet article a été comme un declencheur pour moi. Ce n'est pas le debat sur les profs, c'est juste le fait qu'on en parle et qu'on montre des gamins en action. Je m'etais déjà interogée sur tout ça mais sans jamais oser me l'avouer vraiment, ni en parler. Hier, je l'ai enfin dit à quelqu'un. A demi mot et à une collegue, mais c'est dejà un debut.

J'ai été victime de harcelement en primaire. Je ne saurais dire exactement en quelle classe ça a commencé, ni si ça a continué au college. Je sais juste que le pire, je l'ai vecu en CM2. J'ai occulté une grosse partie de mon enfance, peut etre à cause de tout ça, donc il ya des zones floues. J'etais grande pour mon age, tres costaud aussi, pas vraiment grosse, mais carrée (aujourd'hui encore mr Lilliy m'appelle sa teutone préferée). J'avais des lunettes. Merci la genetique . J'etais sans doute un peu differente, plus introvertie, j'aimais lire, et les trucs des enfants de mon age ne me passionnaient pas forcement. J'ai debarqué dans cette ecole à 8 an en CE2. Moche, nouvelle et prégeek... Wouuuh je suis partie avec un sacré handicap. J'ai eu du mal à m'adapater, et c'est monté crescendo jusqu'au CM2.
J'en ai vu de toutes les couleurs, et j'en ai surement oublié pas mal. On m'appelait Marguerite la grosse vache, on m'isolait, on me faisait tourner en bourique pour se moquer de moi, on m'a meme frappé à 1 ou 2 reprise (pas de tabassage, mais quand j'y repense donner des coups de pied chacun son tour pour salir un pantalon c'est carrement violent). et là je vais faire une pause pour pleurer un petit cou, je reviens.

Enfin bref...
Je voulais surtout temoigner que je n'en veux à personne. Et à tout le monde.
Je n'en veux pas aux enseignants, qui sont souvent depassés, pas equipés pour lutter contre tout ça. Mon maitre avait essayé de m'aider, mais il n'a pas reussi, pas les bons outils, pas le temps... Je ne juge pas, je le remerice juste d'avoir essayé.
Je n'en veux pas aux parents que l'amour de leur bout de chou rend aveugle, ou qui ne savent pas comment reagir.
Je n'en veux pas aux autres enfants, parceque ce sont des enfants.
Je n'en veux à personne et j'en veux à tout le monde.
Aux adultes, parents, profs et tous les autres. Qui sont impuissants face à tout ça. Qui montrent un exemple deplorable aux gosses. Ne nous leurons pas, les adultes aussi utilisent des boucs emissaires pour sceller des groupes. Qui ne voieint , ni n'envisagent pas que leurs cheres tetes blondes sont capables de cruauté et de mechanceté bien pire que beaucoup d'adultes. Qui ne gerent pas leurs enfants et ne les cadrent pas.
Aux enfants, parceque ce sont des enfants. J'ai lu il y a peu "Sa majesté des mouches". Tout y est, tout. Les boucs emissaires, le rejet, la violence, l'obeissance bete et la facilité qui fait suivre les mauvais leaders, la peur, l'electron libre qu'on elimine. Il faut savoir aussi que j'ai aussi été harceleuse. Pour sauver ma peau? Je ne sais pas. Il y avait un garçon encore plus mal vu que moi. Et j'en ai honte aujourd'hui, c'etait lui ou moi...
Il n'y a pas de gentil et de mechant dans l'histoire, nous sommes tous des harcelés et des harceleurs potentiels.

J'en aurais tant à dire, mais je suis vidée.

Aujourd'hui, je ne veux pas d'enfants. En partie parceque j'ai peur de ce qu'ils pourraient subir pendant leur enfance, aussi parcequ'ils pourraient etre des harceleurs. C'est bete, je sais, mais je ne me sens pas la force d'affronter tout ça.

Desolée pour le pavé.
J'ai vidé mon sac.

 

[Clemence Bodoc]

@Anera
Mais on ne serait pas seul.es là-dedans. S'il est possible logistiquement pour la rédac de porter le projet ( le planning, les ressources humaines...), et si iels sont d'accord, ça donnerait une bonne visibilité au truc. Du coup, ça renforcerait la ligne édito anti-harcèlement du mag. Le vote ne serait pas limité au forum, les commentaires oui ( comme maintenant). Au pire, ça amène de nouvel.les mad
Tu vois, je vois vraiment ça comme une alliance: les compétences de la rédac et leur volonté d'aider les gosses et nos cerveaux/sensibilités.
Je crois que ça pourrait être efficace: mad est bien classé sur les webzines. Ca touche une population jeune ( et de mamies excentriques comme moi). Celleux qui verront le concours peuvent aussi, du coup, en parler à leur proches.
Enfin, voilà quoi
Edit
@Clemence Bodoc @Mymy @Fab Je me permets de vous poker car je développe l'idée présentée au post d'avant

Ce que vous proposez, c'est-à-dire mettre en avant des productions d'élèves, c'est DÉJÀ ce qui est fait par le ministère. Les vidéos primés en 2014 et en 2015 figurent déjà dans la banque de ressources du site Non au Harcèlement. Et cette année, un nouveau concours est organisé (jpeux même vous dire qu'ils vous aussi donner un prix spécial cyber-harcèlement sexiste, pour mettre aussi un accent sur les violences sexistes chez les enfants). Ce prix spécial est le seul « scoop » que je vous livre (il a été annoncé à la conf de presse du 29).

On avait parlé de ce concours en 2014 déjà, avec le prix remporté par la Meute. On avait régulièrement interpellé l'éducation nationale depuis 2012, et notamment en 2013 en leur envoyant notre article parole de harceleuses.

Début 2015, on a suivi la publication du plan de lutte contre le harcèlement scolaire, j'ai assisté à une table ronde où des proviseurs rendaient compte des expérimentations qu'ils avaient menés dans leurs établissements.

Donc je crois qu'il y a un énorme malentendu au départ : le clip en débat n'est ni le seul le support, ni le support privilégié de l'éducation nationale. C'est un projet qui a été proposé au ministère, qui a été réalisé gracieusement pour la mobilisation du 5 novembre, et sera diffusé à la télévision.

Les ressources, les outils, les supports sont nombreux, ce qui est la raison pour laquelle j'ai de plus en plus de mal à comprendre pourquoi tant d'énergie est déployée pour protester contre une vidéo d'une minute.

Sur ma page Facebook, une lectrice (que je salue, si tu es sur le forum, poke-moi ! ) m'a envoyé cette vidéo « droit de réponse » qui parle visiblement du clip. Je crois que je comprends en moins en moins les griefs contre ce clip. Soit il donne une « mauvaise image » des profs parce qu'il est caricatural et loin de la réalité, soit il met en scène une réalité (=la prof ne peut pas avoir les yeux partout), mais c'est faute de moyens (ce que dit cette prof). Or pour la dernière fois, personne n'a accusé les profs de ne pas être alerte sur tout, tout le temps. C'est un fait, les profs n'ont pas les yeux derrière la tête, ils ont mille autre responsabilités que de scruter la salle en continu pour espérer repérer une chamaillerie. J'imagine une partie de 1-2-3 soleil seule contre 30 gamins, je pense que j'ai aucune chance de gagner.

De même que je ne comprends pas qu'on puisse à la fois reprocher à ce clip d'être une commande du ministère = une critique du boss à ses employés (pour caricaturer), et à l'inverse, d'être réalisé par un organisme privé, par des gens qui ne connaissent pas la réalité du métier.

Pour bien clarifier : ça ne m'étonne pas que le clip de fasse pas l'unanimité (une vidéo d'une minute, c'est forcément un parti pris). Ce qui m'interpelle, c'est l'énergie mobilisée contre ce clip. J'ai compris qu'il cristallisait le malaise de la profession, et j'aurais compris que des syndicats s'appuient dessus pour dénoncer ce malaise. Or la revendication principale des communiqués qui ont été publiés étaient le retrait du clip.

Pour info, la ministre était sur Europe1 ce matin (et c'est plutôt Thomas Sotto qui fait des généralités très lourdes sur les profs....) (elle revient aussi sur le financement de cette journée de communication, entièrement privé, pour que les moyens du ministère aille dans le financement d'action concrètes, de formation, d'aide aux associations, et pas dans l'achat de papier glacé ni d'espaces publicitaires).

 

[Freehug]

@Ghost wind : oui, certains enfants reproduisent via le harcèlement la violence qu'ils vivent à la maison et c'est une horreur. C'est là que le manque d'assistants sociaux se fait sentir....

@Mimi Pinkerton : merci ^^

@M.* : je comprends ton ressenti mais il ne s'agit pas de profs qui se "vexent pour rien". On peut critiquer l'attitude des syndicats de profs, là n'est pas la question. Il ne s'agit pas non plus de nier que dans certains cas dont le tien les profs n'aient pas réagi. Mais le mal-être professoral, le manque de moyens dans la profession comme tu le soulignes participent à la difficulté de la lutte contre le harcèlement.

@Lilliy : ne t'excuse pas pour ton pavé ! Sa majesté des mouches est d'ailleurs un très bon bouquin.

 

[Clemence Bodoc]

@Ghost wind oh, je suis désolée ! mon message n'était nullement agressif, je ne voulais pas être blessante, pardon !

De mon côté aussi, j'ai le sentiment qu'on me fait un procès d'intention depuis le début..Sur mes « motivations » à relayer et participer à la polémique, comme si je n'avais jamais écrit d'articles « posés » sur le sujet (pas sur le ton de celui-ci). Mes (nombreux) articles sur les plans d'actions sont très peu lus, très peu vus...(d'ailleurs le clip en question était dans mon premier article, avec l'interview de la ministre, et personne ne s'était manifesté dans les commentaires, ce qui accroit mon sentiment qu'il faut hausser le ton pour être entendue ) Il faut une polémique pour qu'il y ait de l'audience, et là-dessus, je rejoins la ministre : si cette polémique a permis d'attirer l'attention du grand public sur les autres actions du plan (et notamment le numéro de prise en charge), tant mieux.

Je pense qu'on relayera le concours de créations d'élèves du ministère sur mad (sauf si je me casse les poignets et que je disparais de la circulation pendant 6 mois ) mais je ne pense pas organiser ici notre propre vote, mes ressources (notamment mon temps !) sont limités...

 

[Freehug]

@landry201 : WTF ? Et le rapport avec le sujet est....? Depuis quand y a des spams ici ?

 

[Patriarcaca]

Sinon, pour la journée de lutte contre le harcèlement, le centre de thérapie où je bosse lance un jeu concours pour montrer comment on aide concrètement les enfants harcelés. Si ça vous dit de participer, il y a moyen de gagner des jours de formation J'ai lancé un topic pour qu'on s'échange nos flèches

 

[Laoragwen]

@Freehug
il arrive souvent qu'il y ait des spams sur madz, seulement,toi, tu ne dois jamais les voir, car ils sont enlevés assez rapidement

 

[Laoragwen]

Pour moi ce clip ressemble plus à une scène du Petit Nicolas ou de l'élève Ducobu, qu'à la réalité de l'enseignement aujourd'hui : rien que le tableau noir et la craie ! Dans quels établissements on bosse encore au tableau noir et à la craie ?

sérieusement ?
j'ai une petite cousine au collège et elle a des tableaux noir et elle en avait avant à l'école primaire.
il y en a même dans les amphi des facs.
ça m’étonnerais qu'avec les problèmes de financement de l'éducation nationale, le gouvernement n'ait que ça à faire que de s'occuper du remplacement des tableaux noir

 

[Anera]

Je viens de lire l'article de @Patriarcaca ainsi que d'autres liens et je me rends compte que j'avais utilisé toutes les cartouches à mes dispositions rien qu'au collège.

- en 6ème et en 5ème, je faisais en sorte de ne pas me laisser faire, mais le type de flèches recommandé par Emmanuelle Piquet, ben... Excusez-moi de vous le dire, ça a été un échec cuisant. Car les harceleurs avaient bien plus le sens de la répartie, étaient bien plus populaires et mes répliques étaient facilement tournées en ridicule. Je suis assez admirative que ça se soit passé de façon aussi miraculeuse pour les enfants/ados dont elle parle.
- en 4ème, avant la rentrée, ma mère m'avait envoyé chez une psychologue (je refusais catégoriquement de retourner en cours et je piquais des crises de larmes assez énormes). Je tiens à préciser que mes parents me considéraient comme responsable de ce que je subissais (et le pensent toujours) et que la psy leur a donné raison : soit-disant que je n'étais pas assez sociable (ben faut dire que ça ne donnait pas envie de s'ouvrir tout ce harcèlement que je subissais depuis l'école primaire !) et qu'en plus, je me "permettais" de me défendre, ce qui attise l'envie de m'en foutre plein la tronche, voyez-vous. La solution miracle ? Ne plus rien faire ! Ne rien répliquer, ne plus frapper quand je me faisais frapper... (ouais, apparemment, elle voulait que je sois le nouveau Jésus ) Devinez quoi ? Ca a été encore pire. Les harceleurs ont juste essayé de voir où était ma limite et ont tenté des trucs de plus en plus durs à supporter pour moi.
- c'est là que j'ai atteint le point de non-retour et fait ce qu'il ne fallait pas faire : en parler à un adulte. Je suis allée voir la principale pour lui parler de la situation (qui a été mise en doute par deux de mes professeurs, comme quoi je devais sûrement exagérer), ce qui explique peut-être que quand elle en a convoquée quelques-uns, elle a été assez clémente avec eux. (j'étais là et j'étais abasourdie, pourtant elle n'était pas connue pour être laxiste) Et la suite, vous la connaissez : la situation a empiré et je me suis mise à dos de nouvelles personnes car vous comprenez, j'étais une balance.

Voilà, donc quand j'y repense, je ne vois pas tellement de solution. (je vais suivre le nouveau topic de Patriarcaca de loin, je pense)

 

[Laoragwen]

@Eclise
je comprends tout à fait que tu juge ce clip non réaliste par rapport à ce que tu as eu comme scolarité mais je peux t'assurer que dans ce clip que ce soit au niveau du tableau noir, de l'institutrice ou du chahut de la classe, ça existe bel et bien, j'ai souvent eu des classes ou des cours comme ça et apparemment vu les messages aussi ici, je ne suis pas la seule

 

[Patriarcaca]

@Anera C'est super courageux d'avoir essayé de te défendre ! La plupart de nos patients n'essaient même plus. Mais souvent, quand ils ont essayé, ça a en effet échoué. Parce que on se contente pas de répondre, quand ils viennent nous voir, on analyse avec eux tous les aspects du harcèlement et on construit non seulement la flèche, mais les réponses qui suivent aussi. On passe un quart d'heure de la séance à poser la question "et qu'est-ce-qu'ils pourraient répondre ?", puis on dit à l'enfant de s'entraîner à fond avec quelqu'un, ou devant son miroir, et de ne rien faire avant d'avoir une flèche bien droite, parce que en effet, une flèche mal construite ou mal lancée peut être dévastatrice. Le livre "Te Laisse pas faire" explique comment on construit ces flèches, qui sont plus qu'une simple répartie.

C'est pour ça que je dis qu'aider ces gosses c'est un vrai métier, c'est des années de formation, des années de consultation, pas une conférence PowerPoint.

 

[Laoragwen]

@Eclise
biens sûre , j'ai jamais dit que nos points de vue était contradictoires, c'est toi qui as écrit "mais en attendant je suis désolée cette salle de classe me paraît absolument pas crédible" donc je t'expliquais pourquoi ça pouvait être au contraire tout à fait crédible