Petit courrier en rentrant de vacances : le CROUS nous annonce que si l'amoureux me suit sur Paris, il passera de l'échelon de bourse 4 à l'échelon 1.
Ce qui signifie que s'il me suit, nous aurons plus de 300 euros de moins par mois pour vivre là-bas. Sur Paris. Là où tout est pourtant plus cher. Et qu'en conséquence, nous n'y arriverons clairement pas.
Je préviens mes parents, connement, dans l'idée qu'ils vont au moins se sentir concernés par cette énième désillusion venant tacher mon envie et besoin de changer de voie, et leur réponse est à vomir : "Papa et moi sommes sincèrement désolés d'apprendre cette triste nouvelle, bises".
Hypocrites.
Je les connais par coeur, j'imagine à l'avance leurs gueules réjouies de me savoir bridée, encore, toujours. Savoir que le destin est clairement avec eux, que leur fille ne pourra -comme prévu et voulu- partir de son étroite petite vie actuelle. S'ils croyaient en Dieu, sûr qu'ils seraient actuellement en train de prier.
Je ne suis que colère et dégoût. Je savais qu'ils ne m'aideraient pas financièrement si je venais à vivre là-bas, qu'ils ne m'aideraient pas à déménager l'appartement, qu'ils ne se porteraient pas garants, qu'ils ne se déplaceraient pas même pour savoir où je vis. Mais le soutien moral, putain ? Le soutien de l'esprit, le soutien de la tête, le soutien de leur fille ! Le soutien du parent constatant que ça ne va pas et qu'il doit être là ? Le soutien du coeur à coeur lorsque la progéniture part en flots ? Le soutien en mots, bordel ! Où sont-ils, ces petits propos de base que l'on tisse en cocon ?! Où est-elle, la compréhension ?! Où !
"Nous voulons le meilleur pour toi, ne nous demande pas de cautionner ce que tu fais."
Immonde. Le meilleur pour moi n'est pas là, si vous m'écoutiez plus, si vous étiez là pour ramasser mes miettes à la pelle chaque soir, vous sauriez.
Maintenant ils n'ont qu'à attendre. Attendre patiemment que la petite fille bien née suive joliment les petites traces de maman et se coince dans les médicaments. Attendre que leur honte suive son cours et que le manque de moyens fasse son effet.
Je suis brisée.
Edit : Je viens d'apprendre que même en restant ici, nous allons perdre 200 euros par mois. Sachant que si je reste dans ma formation (et si je tiens le coup mentalement et physiquement, donc) je conserverai mes horaires amovibles chaque semaine, aucun employeur ne voudra donc bien me prendre avec condition que "parfois je serai là à telle heure et parfois non". A la bonne appréciation de la fac.
Je ne sais même pas comment nous allons faire pour manger.