@HeavyMetalAngel Je n'ai jamais balayé d'un revers de main le système patriarcal, j'ai même détaillé dans mes précédents messages en quoi il était nocif. Je dis juste que de mon point de vue, le système n'explique pas tout, pas pour une haine aussi exacerbée. Pour qu'il y ait un tel passage à l'acte que flinguer des inconnues dans la rue, ou avoir de tels propos haineux (un level au-dessus de la misogynie banalisée, à mes yeux), je sais pas, avoir une telle haine... je peux pas m'empêcher d'y voir également une explication personnelle. Bien sûr que je ne veux pas virer le patriarcat du débat, et jamais je ne fais une telle chose, si tu me relis. Mais une telle haine, que j'imagine, même un homme "banalement misogyne" trouverait "too much" également, j'ai comme l'impression qu'il manque un élément pour expliquer une telle rage. Je me trompe peut-être, mais dans ma vision des choses, le système seul ne me convainc pas totalement.
Concernant des femmes misandres qui peuvent tuer, je comprends pas trop pourquoi on vient m'en parler car je me suis déjà exprimée dessus en disant que je pensais qu'elles étaient probablement une très très faible minorité, dans le cas où elles existent.
Après, l'autre problème est la définition même de "incel" qui au départ était féminine et bienveillante, et qui a été dévoyée en un concept ultra-misogyne et masculin. Au final c'est un terme qui regroupe des profils différents. Des tarés, oui. Mais pas que. Tout dépend de la définition que l'on retient.
L'article de Madz lui-même ne se concentre pas uniquement sur ces tarés, mais également des gens perdus et qui n'ont rien d'agressifs, et qui sont aussi appelés "incel".
Le problème est que dans le mot "incel", il y a également des gens qui ne se revendiquent même pas "incel" à cause de la connotation, justement. Mais qui souffrent quand-même de cette solitude. Certains succombent à la haine, mais d'autres s'éloignent de ces forums malveillants car ils ne s'y reconnaissent pas et ce n'est pas ce qu'ils recherchent.
Est-ce que des femmes se sont regroupées en incel de manière misandre? Non effectivement. Est-ce qu'il y a des femmes incel qui se sont réunies en forums pour se soutenir, sans misandrie aucune? Oui, à la fin des années 90, une femme a en effet créé une plate-forme sur Internet dans ce but : "Alana's Involuntary Celibacy Project".
Je renvoie encore une fois à l'article qui en parle :
Dans les années 1990, une femme crée une plateforme de soutien aux "célibataires involontaires". Le terme, dont s'est réclamé l'auteur présumé de l'attaque de Toronto, a été dévoyé depuis.
www.nouvelobs.com
D'ailleurs, notre forum fait de même avec sa section "célibattue".
J'avoue que ce mot "incel" me gène, à mélanger des tarés avec des gens qui souffrent simplement et sans haine de leur solitude.
Quant au fait de faire le choix entre défendre mes droits, et consoler/comprendre les hommes (pour ma part, pas les tarés misogynes, mais ceux qui ont été victimes de violences) j'ai choisi de faire les deux. Face à mes élèves, je fais énormément de prévention féministe, notamment au niveau de la sexualité, qui est catastrophique dans le pays où je travaille, mais je reste aussi à l'écoute de tout le monde.
Pourquoi? Parce que quand il y a une victime dans la vie réelle, j'ai pas envie de perdre mon temps à faire le tri entre le genre de l'agresseur.e et de la victime, même si je reste consciente que les femmes sont majoritaires dans les victimes. Je pense simplement que toutes les victimes ont le droit d'être entendues et protégées. Ca n'est pas incompatible avec le fait de défendre notre cause, à mes yeux.
Il ne s'agit pas, comme ces tarés de mascus le veulent, de dire qu'il y en a autant voire plus, bien évidemment que non, mais il s'agit juste que tout le monde puisse être entendu sans distinction de genre quand elle/il est dans la m***).
Nous avons deux approches différentes. Je peux cependant comprendre que tu ne partages pas mon approche...
Pour les chiffres, c'est juste un détail pour pinailler, mais en fait, les 2% dont tu parles sont les victimes de viol homme (chiffre qui d'ailleurs est censé un peu évoluer depuis la loi de août 2018 qui prend (enfin) en compte les "forcés à pénétrer" - reste à voir si ça sera pris en compte également dans les futures statistiques). Pour les violences conjugales, selon les chiffres-clés de 2019 du secrétariat à l'égalité homme-femme, comme le dit Margay, c'est 27% d'hommes victimes (219000 femmes et 84000 hommes). Tes chiffres sur les meurtres conjugaux sont justes.
Quant à la vidéo, elle contient des aspects intéressants, mais m'a par moments irritée, elle semblait confondre "incel" et "dépression".
Par exemple, le fait que les incels rejettent les conseils et qu'ils vivent dans un monde fermé où rien ne semble pouvoir évoluer... bah c'est aussi la définition de la dépression. Forcément des conseils comme "sors" "fais du sport" "lis" etc... n'est pas apprécié par les personnes en dépression également (et pas que chez les incels) car elles ont l'impression que la personne ne les comprend pas vraiment, voire même ne cherche pas à les comprendre. C'est une réaction normale chez une personne dépressive, et ça me rappelle d'ailleurs une discussion sur un autre topic sur quoi faire face à une personne dépressive entre donner des conseils ou juste écouter (me souviens plus du titre du topic, mais c'est un topic récent).
Quant au fait qu'il faille absolument coucher pour être heureux/se... bah dans un monde patriarcal où c'est érigé en une telle valeur que, comme je l'ai dit avant, on peut presque avoir l'impression que c'est un ascenseur social ("si tu as couché, tu es normal/e, si tu n'as pas couché, tu es bon/ne à jeter") qui fait que ça va te rendre normal/e non seulement sur le plan personnel mais aussi sur le plan social aux yeux de la majorité, et donc il n'y a pas que les incel agressifs qui ont cette considération vu que tout le monde subit ce matraquage. Des vierges/abstinent.e.s de longue durée, femmes comme hommes, souffrent aussi de ce manque de contact humain mais aussi ce manque physique. Ca ne veut pas dire que ce sont des personnes qui veulent coucher avec tout le monde, mais le manque physique peut parfois être douloureux quand on est privé/e de cela pendant longtemps. C'est normal et logique, je trouve.
Donc sur ces aspects par exemple, je trouve qu'il y a un mélange un peu dangereux entre "incel" et "personne seule" et "personne en dépression".
Sinon c'était intéressant sur d'autres aspects effectivement.
J'avais lu tout un dossier sur le sujet il y a un an et c'était extrêmement instructif.
Ah, je serais intéressée, j'avoue.