Qu'ai-je lu ces derniers temps?
L'aveuglement (josé saramago): une claque comme je n'en ai jamais eu. En fait non, une claque c'est singulier et rapide, alors que mes boyaux se sont tordus tout du long. Rien de gore, rien d'exagéré, tout dans le réalisme et c'est ça qui fait peur. A sa façon ce livre me rappelle Sa majesté des mouches même s'il m'a bien plus retournée.
Après cette lecture j'avais besoin de légèreté. Justement, dans une boîte à livres j'avais trouvé
One year in the merde (Stephen Clarke): pris vraiment par simple curiosité et m'attendant à du caricatural et de la mauvaise foi, voire du grossier, j'ai finalement eu une bonne surprise, dans le genre journal d'un anglais à Paris. Encore qu'il ne s'agit pas juste d'un journal intime, l'auteur met en scène son double, insère une trame (les magouilles de son patron) qui lui sert d'excuse pour développer autour son véritable quotidien de parisien (je dis bien "parisien"). L'auteur est honnête, n'assène pas de fausses vérités, prend garde de ne pas généraliser sa petite expérience de côtoiement de parisiens à "les Français sont tous comme ça" (non la tromperie n'est pas un sport national, certain/es la pratiquent, d'autres pas). Moi qui ai vécu ce "choc des cultures" en débarquant à Paris, je m'y suis bien retrouvée et j'ai vraiment ri à certains passages si vrais (la recherche d'appart, le travail en entreprise qui se résume à des réunions où rien n'avance). Certaines tournures sont bien trouvées (il trouve les explications de son chef quant au tutoiement/vouvoiement "aussi limpides que de la soupe à l'oignon"). Lu en anglais, il est très accessible (très axé sur le quotidien donc pas mal pour qui veut enrichir le vocabulaire de tous les jours).
Comme j'étais bien partie sur l'anglais, j'ai attaqué
Beyond the stair (Margaret Powell): biographie qui m'a déçue. Je n'ai pas été au bout, j'avais l'impression de perdre mon temps. Pas vraiment mauvais mais, de mon point de vue, ennuyeux. C'est peut-être dû à la génération, ma grand-mère ayant vécu (et m'ayant raconté) son enfance au début du siècle dernier, j'avais l'impression d'une redite de la part d'une inconnue (pourtant on parle de 2 pays différents, mais l'aspect "on s'amusait d'un rien, on travaillait dur pour faire rentrer de l'argent parce que famille nombreuse" est commun). Ca ne m'a pas apporté grand chose. Ceci dit: pour quelqu'un.e qui n'a pas connu ses aïeux de cette époque, ça vaut peut-être le coup. J'ai trouvé le niveau d'anglais abordable. Je précise quand-même que ce livre a une suite: ici elle parle de son enfance, de son embauche à 13 ans tout en bas de la chaîne alimentaire des domestiques de maison mais les autres tomes racontent son élévation à des postes toujours plus importants. Ca me paraît intéressant, mais je suis un peu refroidie pour l'instant.
J'ai donc voulu changer du tout au tout, passer de l'anglais un peu décati à du français contemporain et mon choix s'est porté sur un livre qu'on m'a prêté
La disparition de Stéphanie Mailer (joël dicker): pour celleux qui ont lu l'affaire Harry Québert, je résumerais en disant "on prend les mêmes (ficelles) et on recommence". Mais ce n'est pas dit méchamment, parce que ça fonctionne. Un style d'écriture fluide qui permet de tourner rapidement les pages, et surtout ce don qu'a Joël dicker de présenter des histoires qui foisonnent de personnages et de flashbacks sans jamais nous paumer en route. Roman efficace, comme il m'a habituée à en faire.