@Aesma j'ai pris le temps de réfléchir à cette discussion. Parce que à la fois je suis d'accord avec tes arguments et à la fois la proposition d'interdire aux parents de connaitre le sexe (ou simplement le fait de les juger pour ça) me hérisse profondément.
Et à y réfléchir, je pense que c'est parce que je trouve ces prises de positions très théoriques. Elles ignorent le fait que la grossesse et le post partum sont des moments très particuliers où beaucoup de choses se jouent, et où beaucoup de changement s'opèrent chez les parents. Il y a les hormones bien sur, mais il y a aussi énormément de choses de l'enfance et de notre propre éducation qui remontent. Sans parler de traumas possibles.
C'est une période de vulnérabilité et je trouve qu'il faut protéger certes d'abord les enfants mais aussi quand même les parents. Et surtout, surtout le lien qui se crée. C'est ça l'essentiel.
Toutefois, cette discussion m'a poussé à imaginer comment ça aurait été si j'avais eu mon enfant il y a 100 ans, avant de pouvoir connaitre le sexe. Et l'image que j'en ai eu est une image assez douce pendant la grossesse (mais un peu plus stressante à l'accouchement, je reviendrai dessus).
En sois, je pense que je n'aurais rien eu contre vivre cette grossesse sans savoir le sexe de mon enfant. A priori, j'aurais même sans doute aimé ça.
Mais à partir du moment où l'info était disponible, il m'était impossible de ne vouloir la connaitre. Bon sang, j'ai regardé les photos d'écho des heures pour essayer de deviner la forme de son nez
La grossesse mystère aurait pu me plaire, mais ne pas vouloir savoir alors que c'était possible, c'est pas du tout mon tempérament.
L'accouchement maintenant, pourquoi plus stressant ? Et bien dans notre cas, nous savions que ça serait un enfant unique. Et je savais que quelque soit le sexe de cet enfant, il y aurait un mini deuil à faire.
Alors bien sûr, rien ne me dit que mon enfant n'est pas en réalité une fille. Mais ça revient au même.
Tu parles de faire un travail avant l'accouchement pour se préparer aux deux éventualités. Je l'ai fait. Pendant les années où on essayait de concevoir, je me suis rendue compte que je n'avais jamais envisagé la possibilité que je pourrais avoir un garçon. Donc j'ai commencé à me projeter +++ avec un fils pour contrebalancer (de la même manière que j'ai essayé de m'imaginer avec un enfant super extraverti). Si bien qu'à la fin, j'avais vraiment l'impression parfois d'avoir un petit garçon à côté de moi qui me donnait la main, invisible (et maintenant ill est là
)
Et ben malgré ce travail, j'ai eu une pointe de regret quand on m'a annoncé le sexe
Parce que quoi qu'il en soit de son genre, il y a une chose que je sais de mon enfant, c'est qu'il ne portera jamais d'enfant lui même. Et j'ai donc eu soudain cette vision de toutes les femmes de ma lignée maternelle avant moi qui s'arrêtait avec moi.
J'avais donc fait ce travail, et malgré tout c'est différent quand c'est confirmé. Sans compter que quelqu'ait été le sexe, il y aurait eu un petit regret. Il a duré 24h pour mon compagnon et moi et puis fini.
Ben je suis bien contente de ne pas avoir eu à gérer ça en post partum.
Tu réponds à la question concernant mes parents par des exemples de parents dans la même situation qui ont choisi de ne pas connaitre le sexe. Très bien, je ne dis pas que tous les parents ayant vécu un deuil périnatal veulent connaitre le sexe.
Mais je trouve ça ultra violent de priver ces parents qui en auraient besoin.
On en revient à ce que je disais sur la fragilité des futurs parents plus haut. C'est une période de bouversement psychique. Encore plus quand on a vécu ce deuil impensable. Je ne comprends pas qu'on ne fasse pas tout pour aider ces parents à se remettre.
Surtout sachant que ça n'est pas ça qui va impacter réellement leur relation au genre de leurs enfants
Une fois encore : j'ai été élevée par des parents très peu genrés. Ma mère est une vraie féministe, qui a défilait pour le droit à l'avortement ado, et qui m'a élevée comme telle dans les années 80. Mon père faisait tout à la maison et n'avait aucun préjugé lié à notre féminité (et son propre père, né fin du 19ème siècle, ne travaillait qu'à la belle saison et passait l'hiver à tenir le ménage, faire à manger et crocheter d'immenses tapis)
Et c'est ça qui comptait, pas qu'ils aient voulu savoir si j'étais un garçon
Bref, je trouve ta vue sur les choses très chouette, mais je ne comprends pas que tu veuilles l'imposer à d'autres.
Et je pense que le faire causerait plus de mal que de bien y compris pour les enfants (je le répète : le lien est ce qui est essentiel)
EDIT Ah et j'ai pas répondu sur les erreurs d'assignation possible comme le proche dont je parlais : ben dans la plupart des cas, c'est pas grave. Dans son cas, c'est resté une anectode familiale et puis voilà. On le sait (normalement) que c'est pas fiable à 100%