@Poulpia
Bon je vais pas dire ce que les autres Madz ont dit, mais par contre je vais te raconter mon histoire. Gros pavé, je m'en excuse par avance.
J'ai rencontré mon copain sur internet à mon arrivée en France il y a 5 ans, on communiquait uniquement par téléphone, on est devenus amis, je l'ai réconcilié après sa rupture et il m'a réconcilié après la mienne. Au fur et à mesure du temps il me plaisait, je lui plaisait, et on a décidés de se mettre ensembles. Déjà, dès le début, première déconvenue: il allait encore sur le site internet de rencontre où on s'est rencontrés. Il m'a juré que c'était pour trouver le numéro d'une meuf qui pouvait le dépanner pour un travail, et le jour même son profil était désactivé et il n'est plus jamais retourné dessus. Idem, lui qui disait avoir eu 8 partenaires sexuels au total dans sa vie n'en a eu finalement que 2, son ex et moi.
Bref, ça allait, c'était pas si grave au début. Puis sa famille est devenue de plus en plus toxique, je suis devenue de plus en plus possessive (la bataille entre sa soeur et moi pour avoir son attention), puis sa famille est nocive (son père à part lui demander de l'argent s'en fout total de son fils), il a fini par vivre chez moi H24 malgré que je vivais à l'époque chez un membre de ma famille qui a cordialement accepté de l'accueillir chez soi. Il ne payait rien, ne participait pas aux tâches ménagères, il était un peu comme dans un hôtel. On se disputait de plus en plus, moi je sortais d'une relation plus qu'abusive mentalement où le mec m'a poussé à vouloir me suicider, j'étais pas bien mentalement, je suis tombée amoureuse de mon copain trop rapidement, lui aussi est tombé très rapidement amoureux de moi, j'étais possessive, jalouse, à vouloir tout contrôler, ne pas le laisser respirer, le vouloir toujours près de moi, ne pas vouloir qu'il parte.
Au départ il essayait de calmer le jeu au niveau des disputes, il me rassurait, me faisait l'amour tout les soirs, me couvrait de cadeaux, me prouvait son amour. Mais pour moi ce n'était jamais assez, et mentalement il a commencé à craquer.
Un jour, la gifle est arrivé. Je l'ai ignoré, pensant que "c'est juste une fois, il ne va plus recommencer, ça arrive à tout le monde de craquer".
Après la gifle, ce fut les griffures, les coups de poings, les coups de pieds. On était dans un appartement d'à peine 70m2 où 6 personnes vivaient ensembles, pourtant la nuit personne n'entendait les coups qu'il me portait et moi le matin je m'efforçais de cacher les traces.
Au début, après ses "crises" où je voyais clairement qu'il n'était plus lui-même, il pleurait, ne me demandait pas pardon parce qu'il disait que ce qu'il faisait était impardonnable, me suppliait de le quitter, pour mon bien, car il n'arrivait plus à se contrôler.
Idem, "il changera, il s'en veut tellement".
Puis c'est passé à des coups plus violents, et surtout aux paroles. "Tu es une grosse vache de merde et après tu t'étonnes que je ne veuille pas coucher avec toi?" "tu n'as qu'à pas me pousser à bout et peut-être que je ne te frapperais pas" " t'as peur hein, t'as peur connasse? T'as raison d'avoir peur" " Il n'y a que ça que tu comprennes, les coups, il n'y a que ça qui te calme" "pleure petite conne, pleure, tu pleures pour rien et tu ne sais faire que ça". Les cicatrices sur mes bras ne partent même plus, j'ai dû inventer des chutes ou griffures imaginaires pour les gens qui me demandent ce que c'est.
Il ne couche plus avec moi, en tout cas c'est rare. J'ai pris 26 kilos, j'ai développé une peur de sortir de chez moi, ce qui m'a mise en échec scolaire à la fac, la perte de mes amis, un énorme manque de confiance (car après tout, si mon mec ne couche pas avec moi et me frappe, c'est que je suis une grosse merde non? en plus, grosse comme je suis, avec mon corps disproportionné, personne d'autre ne voudra de moi) et une sorte de dépression.
J'ai emménagé dans mon propre appartement seule, où je paye tout toute seule, et pourtant il vit encore avec moi. Dès qu'il sort avec ses collègues je deviens parano et je l'inonde de messages, de sms, d'appels, lui disant "t'es en train de me tromper avoue le, t'es avec une pute avec qui tu vas coucher, c'est qui la pétasse avec qui tu es? bah oui tu ne couches pas avec moi donc avec qui tu couches?" ce qui fait que maintenant il me ment quand il sort, il ne me dit plus la vérité, de toute façon, même en me montrant des preuves, je ne le croyais pas, je deviens trop folle dès qu'il sort.
On se pourrit mutuellement la vie, discuter c'est impossible, on est malheureux je crois, mais on n'ose pas se le dire.
Pourtant on n'arrive pas à se quitter, je crois que c'est la peur d'être seuls. Déjà moi je sais que c'est la peur d'avoir personne, tout simplement. Je me suis tellement éloignée de tout le monde, j'ai tellement pas confiance en moi, je me sens tellement mal dans mon corps, que j'ai la sensation que plus jamais je ne trouverais un copain, et que surtout je serais seule. Je déteste être seule, à presque 23 ans j'ai encore peur de dormir toute seule dans un appartement.
Mais il faut que je le quitte, car qui sait ce qui risque d'arriver un jour? Il s'est calmé et ne me frappe plus. Enfin, il m'a "juste" balancé une bouteille pleine à la figure mardi soir parce qu'on se disputait sur le fait qu'il m'a menti sur où et avec qui il était avec ses collègues. Mais voilà, comment construire un futur avec quelqu'un comme ça? Si un jour on a un bébé, que le bébé pleure de trop, est-ce qu'il ne serait pas capable de le frapper et le tuer aussi?
J'ai déjà voulu l'aider, il n'a jamais voulu aller voir un psy.
Je sais que son histoire familial l'a bouleversé et je pense qu'il est encore traumatisé par ce qu'il a vécu petit, qu'une thérapie lui ferait du bien. Mais il refuse d'en faire une, et moi je ne peux pas prendre toute sa misère sur mes épaules.
Je dois partir, et le plus vite possible.
Alors à toi de t'en rendre compte aussi, qu'il faut que tu partes. Ne deviens pas comme moi, qui n'a plus de vie, qui deviens un petit légume de jour en jour. Qui a peur d'aller faire ses courses tellement j'angoisse du regard des autres sur moi. Ne deviens pas comme ça je t'en supplie, ne te laisse pas mourir à petit feu, ne laisse pas ta personnalité mourir à petit feu. Bat toi pour tes enfants, pense à eux, mais surtout pense à toi. Un jour tu leur expliqueras pourquoi tu es partie, et un jour ils comprendront.
Mais bats-toi et sauve toi de là le plus vite possible. On cherche toujours des excuses pour ne pas partir, on pense toujours que ça ira mieux. Mais ça ne va jamais mieux, et au final on vit dans la peur, car quand c'est trop bien on se demande combien de temps ça va durer, ou même si c'est sincère. C'est une peur permanente qui te tue petit à petit.