@SiBémol je me retrouve énormément dans ce que tu décris !
Je fais la distinction entre hypersensibilité et hyperémotivité. Je pense être hypersensible mais pas hyperémotive (quoique ça dépend des périodes mais pas en ce moment en tout cas). Par contre je suis hypersensible aux bruits, couleurs, mouvements, ce qui se dégage des personnes et des lieux. Par exemple passer une après midi en ville est un grand challenge, je dois prendre sur moi car je me sens agressée par tout !! C'est tellement bruyant la rue, les magasins avec la musique super forte, les gens, en plus de tout le mouvement, tout va trop vite, trop de stress, trop de gens, trop de sollicitations, trop, trop, trop. Il me faut longtemps pour m'en remettre. Sans compter que je suis sensible aux sentiments et émotions des gens, je sens ce qu'ils ressentent, et je suis oppressée car en général c'est pas de la zenitude absolue. Bref le shopping ou ce genre de choses c'est compliqué, pourtant j'aime bien bien m'habiller. Bref souvent j'ai envie de hurler mais je le garde pour moi.
Cela limite aussi les emplois que je suis capable d'avoir, ça demande beaucoup d'adaptation. Je me sens tellement mieux dans ma vie depuis que je m'écoute et que je ne me force plus à faire ce ce que je ne veux/peux pas vraiment ou beaucoup moins.
Dans le positif c'est vrai aussi, une belle musique peut vite me transporter, et j'ai failli pleurer ce matin tellement la lumière était belle dans le bois.
Avec tout ça je ne n'arrive plus à regarder de séries avec mon copain comme on aimait bien le faire, parce que oui j'ai l'impression que ma sensibilité à encore augmentée. Je me suis un peu forcée mais ça me rend mal à chaque fois et je fais des cauchemars. Je suis très mais genre vraiment difficile pour les films aussi. Tout est amplifié à l'intérieur de moi, du coup si y'a de l'angoisse dans une série comme c'est souvent le cas à un moment où l'autre, je peux pas, je vois ça comme un film d'horreur.
Je pense que parler de tout ça est important, il n'y a pas qu'une seule manière standardisée d'appréhender le monde. Avant je me sentais mal d'être différente, aujourd'hui j'essaie de m'aimer comme je suis. Et j'ai choisi de peindre pour extérioriser et tout ça, dans l'art la sensibilité est un atout ! Au quotidien c'est plus difficile. Je suis bizarre, une extraterrestre. Mais peut être que de la planète d'où je viens tout est plus harmonieux.
Je te rejoins sur l'hypersensibilité, bien que je sois aussi hyperémotive (je travaille là dessus depuis la fin de mon adolescence).
Je me retrouve totalement dans ta description de l'après midi shopping : j'adore faire les magasins, mais je ne peux pas aux heures de pointe, c'est trop épuisant et stressant. Même quand je me dis "Allez, c'est pas grave", ça me gâche tellement le plaisir qu'au bout de 20min, j'abandonne.
Rien que le fait d'être en "société" est pour moi éprouvant. Je fais attention à tout, j'anticipe chaque conversation, chaque réaction, je rejoue plusieurs fois une scène qui vient de se produire et qui est pourtant anodine pour les autres mais que je ne peux m'empêcher de suranalyser. Je suis toujours en train d'interpréter le comportement d'autrui, ce qu'il ressent. Ses émotions, généralement par rapport à moi. Je sens rapidement quand quelqu'un ne m'aime pas, et ça me met tellement dans un état d'incomprehension totale, surtout quand il n'y a pas de "motif" apparent (même si je me fiche de plaire à tout le monde, je suis juste en mode "Mais pourquoi tu agis comme ça ? POURQUOI ? DIS MOI. DIS MOI CEKISPASSDANTATETE PUTAIN"). Parfois je me dis que je suis juste parano pour me rassurer aha !
Du coup au boulot, les pauses midi, je les prends dans mon coin pour me ressourcer, je ne me force plus à tenir la conversation (j'ai du mal à sympathiser pour de vrai avec mes relations de travail, j'ai tendance à compartimenter ma vie privée et ma vie active - je reste aimable, serviable et drôle, parfois des conversations sur tout et rien au détour de la machine à café, mais je ne vais jamais plus loin).
Je suis hypersensible aux bruits, impossible de m'endormir à côté d'une horloge ou d'une montre par exemple. Et puis comme j'ai grandi à la campagne, être ensuite étudiante dans une grande ville, ça n'a pas aidé. Depuis que j'ai compris comment bien mettre des boules quies, je dors tellement mieux
A contrario, j'ai réussi à mettre en place une technique de "bulle". Si je suis dans une salle de classe ou - comme actuellement - dans un open space, il m'est assez facile de me couper du monde, comme si les autres n'existaient plus (ou presque, je me rends compte que j'ai toujours un oeil sur ce qui se passe malgré tout). Mais la vision de mon environnement devient comme floue et je peux enfin me concentrer sur ce que je fais. Parfois je ressors de ces séances de bullage un peu perdue, comme ankylosée. Récemment j'ai découvert que faire une séance d'étirement aux toilettes du boulot, ça me ressource ! Essayez si vous êtes sujets au stress, ça fait du bien
M'enfin quoi qu'il arrive, un bruit fort aura tendance à m'angoisser plus que de raison (LES MOTOS. OMFG. LES MOTOS QUOI. J'ai l'impression d'être un petit bambi apeuré dès que j'en entends une. Et si je parle à quelqu'un à ce moment là, il m'est impossible de continuer, ça me paralyse - pas de trauma derrière hein, c'est vraiment le bruit).
Pour revenir un peu sur l'hypersensibilité du côté de l'émotivité, j'ai fait des crises de dépression étant ado (classique, certes). Je dis crises parce que ce n'était pas "une" période, mais plusieurs périodes réparties sur le temps. Je broyais du noir au point de me poser plusieurs fois la question du suicide. Mon entourage ne l'a pas trop détecté étant donné que je suis une personne très positive et enjouée de base - je souris énormément, c'est pas bon pour les rides. Et mes crises se déroulaient quand j'étais seule ; je n'aimais pas le montrer comme on peut très bien se l'imaginer. Je ne suis pas du genre à parler de ce que je ressens étant donné que ça me fait systématiquement fondre en larme (heureusement, l'écrire, c'est plus simple). J'ai fait d'énormes crises d'angoisse à partir du collège, jusqu'au lycée. Elles reviennent 1 à 3 fois par an depuis, j'arrive généralement à gérer car j'ai appris à "dompter" mes émotions (ou presque, j'ai pas encore trouvé baguette magique à ma main).
Je pleure très régulièrement, mais depuis peu et, contrairement à ce que me disait ma mère ("ça ne sert à rien de pleurer, sois plus forte"), ça me renforce. Dans le sens où ça me fait un grand bien : c'est comme ça que j'évacue toute la tension que j'ai accumulée. Comme la plupart d'entre vous sur ce topic, je suis une véritable éponge ! Alors pleurer devant une petite vidéo toute mimi tout chou, devant l'injustice sous toutes ses formes, pendant un câlin de mon copain (qui se retrouve toujours tout con, c'est assez drôle) pourquoi pas, si ça fait du bien, si ça permet de ne pas fondre en larme dès la première contrariété (une remarque désagréable, une conversation qui m'indigne, une situation de stress etc). Dans ces moments là je prends une grande inspiration, je serre les fesses, et avant guingamp !
On peut lutter contre certains points de notre hypersensibilité, pour ne pas qu'ils nous handicapent tous les jours. Mais il faut aussi savoir vivre avec, l'adapter. Personnellement, je joue à fond sur les émotions positives pour contrebalancer ce que me font ressentir les négatives. Comme le disait une Madz plus tôt dans ce topic : un chocolat chaud devant une bonne série, être au chaud alors qu'il pleut dehors, déjeuner avec une amie, traîner au lit avec son copain, manger une super patisserie après son repas de midi, etc. Ces petits bonheurs du quotidien, je les vis à fond. On me fait souvent la réflexion "Woh, t'es heureuse d'un rien", "Il est si bon que ça, ce brownie pour que tu sois autant en extase oO ?"... Faites en sorte qu'on vous la fasse aussi
(OH GOD. J'ai honte de poster un tel pavé. Mais fallait que je partage mon expérience et surtout vous dire que c'est pas grave de pleurer si ça vous fait du bien. Apprenez juste à pas vous laisser dépasser par les larmes, à les contenir quand il faut vraiment pas qu'elle se pointe ces pétasses - quitte à vous instaurer des séances de "tortue qui mange une fraise" régulièrement pour vider votre stock de liquide lacrymal. C'est horrible, mais la société continue d'associer ça à une faiblesse - alors que non, merde. Voilà, c'est dit. Des bisous à tous !)