On part du coup automatiquement du principe que ces tableaux sont là pour remplacer la personne, pour la continuer, mais est-ce que c'est vraiment le cas ?
Pour faire court, je dirais justement que non, ils ne sont pas là pour ça, mais que oui, c'est ce qu'ils peuvent risquer de finir par faire.
Oui, pour moi l'interactivité est clairement à un niveau supérieur de persistance de la présence (même si c'est sous une forme très amoindrie) que réécouter un vieux message ou regarder une vidéo, et que pour rejoindre ce que disait
@J_Serpentine à ce sujet, la volonté, quoique bien sûr essentielle, est très loin d'être facile à mettre en œuvre pour s'arracher à des pensées qui reviennent toquer toutes les 10 secondes (que ce soit dans le cadre d'un deuil ou d'une relation douloureuse) - je ne dis pas que ça rendrait le deuil ou autre impossible, juste que ça complique encore plus la tâche. C'est peut-être naïf de ma part, mais il me suffit de constater ma propre sensibilité à certains triggers quotidiens pour pouvoir affirmer avec certitude que face à une réminiscence animée de certaines personnes - qu'on parle d'un tableau animé ou d'une IA -, je serais vraiment très loin de pouvoir juste me dire "allez, souffle un bon coup et passe à autre chose, après tout ce n'est jamais qu'un souvenir de Bidule".
En gros je suis d'accord avec vous sur le fait que ce n'est jamais qu'une évolution de plus et qu'elle ne crée pas une difficulté à laquelle on n'aurait jamais été confronté avant, mais autant à cause de la manière dont je me représente le concept de tableau animé que de mes propres soucis avec le lâcher-prise, je ne peux pas concevoir qu'elle ne représente pas un obstacle encore plus tenace que les autres.
J'en conclus donc qu'on ne capte rien du tout de la personne, et que les portraits ne sont absolument pas fidèles, mais de toute manière, est-ce leur but premier ?
Idem pour ça, personnellement, je ne peux juste pas concevoir un portrait comme ne cherchant pas à capter d'une manière ou d'une autre au moins un peu de l'essence du modèle. Du coup à partir de là on peut bien chacune raconter ce qu'on veut, on ne parle plus la même langue
(Quant à la question de la fidélité, bien sûr qu'elle est relative à la personne qui regarde, mais j'ai justement l'impression que ça ouvre plus de perspectives que ça n'en ferme
)
Comment tu sais que les portraits de Phineas et de la Grosse Dame leur ressemblent ?
Et c'est pas parce qu'ils crient fort qu'ils ont un champ d'action si étendu que ça
Parce que cf le point précédent, dans ma conception d'un portrait d'après modèle, on traduit forcément au moins un peu de sa personnalité. Et pour le peu qu'on sait de Phineas, le moins qu'on puisse dire c'est que c'est relativement cohérent avec ce qu'on perçoit de lui à travers son portrait.
Et en terme de champ d'action, sans aller jusqu'à faire des plans de bataille qui changeront l'avenir de l'humanité, Phineas sert quand même de messager au principal organe de résistance du UK avant de se faire embarquer dans un sac d'où il s'efforce d'espionner le trio le plus recherché du pays. Il n'a pas autant d'influence qu'un être humain en chair et en os, mais on ne peut pas non plus dire que son rôle se borne à décorer un mur et lâcher des remarques préenregistrées.
Ah mais c'est ça, on n'avait pas donné la notice complète aux Dursley, en fait
(Est-ce que du coup le portrait peut développer une certaine rancœur à l'égard de son modèle, dire oui oui et ensuite raconter de la merde une fois que la version vivante n'est plus là pour le surveiller ?
)