Hello, je crois pas avoir déjà posté ici ! Ira-san, 22 ans, bisexuelle, enchantée
Ce midi en mangeant je regardais La Nouvelle Edition de Canal+, et j'ai juste halluciné (pour ne pas dire carrément vomi par les trous de nez) devant "la Chronique de Walter" (aka Bertrand Wautlet ; je connaissais pas, mais maintenant je l'ai à l'oeil le coco).
La vidéo n'est pas trouvable pour l'instant, donc je vous résume vite fait [TW : homophobie, biphobie, sexisme]
Samedi était apparement la journée du Coming-Out, donc BW, homme cis hétéro, juge bon de nous faire part 2 jours plus tard de ses conseils éclairés pour faire son coming-out en toute sérénité.
Il commence par définir le coming-out comme "le fait pour un homosexuel de sortir du placard" ; donc là, invisibilisation des bi-e-s et 1er facepalm, mais à la limite, on a l'habitude.
Ensuite, il conseille aux homos de dire qu'ils sont bisexuels car "c'est plus facile". Woké. Il justifie cette plus grande facilité en disant que lui, quand une fille lui dit qu'elle est bie, il voit ça [apparition à l'écran d'une image de plan à 3 (2 mannequins en lingerie fine se roulent une pelle sensouelle + 1 mec mate)], alors que quand une fille lui dit qu'elle est lesbienne, il voit plutôt ça [apparition à l'écran d'une photo de femme type "butch" avec un arc-en ciel dans un coin (drapeau ou cheveux, me souviens plus)].
La nausée était trop forte donc j'ai changé de chaîne pendant quelques minutes.
Quand je suis revenue, il était en train de dire que cette journée devait être l'occasion pour tous de faire son coming-out (tiens tiens, l'idée ne vous rappelle-t-elle pas quelque chose ?) d'un truc un peu honteux, style le dandy qui devrait confesser qu'il traine en jogging chez lui le dimanche, et le journaliste politique de gauche, qu'il voue un culte à Sarkozy.
Voilà voilà.
J'ai donc décidé de leur écrire un truc :
[Edit : oups, mon spoiler a foiré, du coup je vous le met là, ça fait un message à rallonge mais tant pis]
Je suis totalement écoeurée par "la chronique de Walter" de ce jour au sujet de la journée du Coming out. Que Bertrand Wautlet se permette de tourner en dérision le coming-out qui est, je vous l'apprend peut-être, un moment souvent extrêmement douloureux et récurrent (car il faut s'outer auprès de ses parents, de ses amis, de ses collègues de travail...) de la vie d'une personne LGBT, à une here de grande écoute, devant une assemblée souriante et muette, au moment où La Manif pour Tous se remet à faire parler d'elle, m'a bouleversée et mise en colère.
Cette chronique était un monument d'ignorance, de mépris et de fantasmes avilissants :
- le coming-out n'est pas le fait de sortir du placard pour un homosexuel, mais pour tous les LGBT. Les bisexuels et les transgenres souffrent aussi de discriminations et sont concernés par le placard.
- par ailleurs, les bisexuels qui ont été ignorés dans cette définition du coming-out sont totalement discrédités dans la suite de la chronique ; les bisexuels ne se résument pas aux bisexuelles (3 exemples connus : Oscar Wilde, Freddie Mercury, Alan Turing), et les bisexuelles ne se résument pas à des fantasmes ambulants adeptes de triolisme. En tant que bisexuelle et comme beaucoup de mes consoeurs, je ne supporte plus d'être sexualisée dès que je mentionne mon orientation sexuelle.
- Non, il n'est pas plus facile de sortir du placard en tant que bisexuel-le, en partie pour les raisons évoquées ci-dessus (invisibilisation & sexualisation), en partie parce qu'il n'est jamais facile de faire partie d'une minorité encore aujoud'hui sujette à blagues, ridiculisée, voire rejetée sous des formes parfois extrêmes.
- La décision du coming-out d'une femme et de ses modalités n'est pas prise en fonction du regard que les hommes hétérosexuels portent ou risquent de porter sur elle. Au passage, beau moment de lesbophobie dont le chroniqueur a fait preuve en assimilant toutes les lesbiennes à une apparence physique précise et stéréotypée ("la camionneuse"), et puis en se moquant de cette apparence.
- Une personne non trans, et hétérosexuelle n'a pas à donner son avis, et encore moins à blaguer sur un coming-out qu'elle n'aura jamais à subir, ainsi que les discriminations qui en découlent. Encore moins quand cette personne est un homme blanc, valide, d'une classe aisée, qui ne subira pas non plus sexisme, racisme, validisme, et n'affrontera pas non plus de préjugés quant à sa classe sociale.
J'attends beaucoup de ce message. Je pense parler au nom de la communauté LGBT en demandant des excuses pour cette chronique blessante, et j'espère sincèrement que le chroniqueur et les membres de l'équipe ne se cacheront pas sous le couvert de l'humour. Je ne suis pas stupide, j'ai compris le principe du second degré, mais je sais aussi reconnaître quand il est raté ou absent. En l'occurrence, une enfilade de clichés graveleux sur une population constamment harcelée n'est pas du second degré mais de l'humour bas de gamme et discriminant.
Ce midi en mangeant je regardais La Nouvelle Edition de Canal+, et j'ai juste halluciné (pour ne pas dire carrément vomi par les trous de nez) devant "la Chronique de Walter" (aka Bertrand Wautlet ; je connaissais pas, mais maintenant je l'ai à l'oeil le coco).
La vidéo n'est pas trouvable pour l'instant, donc je vous résume vite fait [TW : homophobie, biphobie, sexisme]
Samedi était apparement la journée du Coming-Out, donc BW, homme cis hétéro, juge bon de nous faire part 2 jours plus tard de ses conseils éclairés pour faire son coming-out en toute sérénité.
Il commence par définir le coming-out comme "le fait pour un homosexuel de sortir du placard" ; donc là, invisibilisation des bi-e-s et 1er facepalm, mais à la limite, on a l'habitude.
Ensuite, il conseille aux homos de dire qu'ils sont bisexuels car "c'est plus facile". Woké. Il justifie cette plus grande facilité en disant que lui, quand une fille lui dit qu'elle est bie, il voit ça [apparition à l'écran d'une image de plan à 3 (2 mannequins en lingerie fine se roulent une pelle sensouelle + 1 mec mate)], alors que quand une fille lui dit qu'elle est lesbienne, il voit plutôt ça [apparition à l'écran d'une photo de femme type "butch" avec un arc-en ciel dans un coin (drapeau ou cheveux, me souviens plus)].
La nausée était trop forte donc j'ai changé de chaîne pendant quelques minutes.
Quand je suis revenue, il était en train de dire que cette journée devait être l'occasion pour tous de faire son coming-out (tiens tiens, l'idée ne vous rappelle-t-elle pas quelque chose ?) d'un truc un peu honteux, style le dandy qui devrait confesser qu'il traine en jogging chez lui le dimanche, et le journaliste politique de gauche, qu'il voue un culte à Sarkozy.
Voilà voilà.
J'ai donc décidé de leur écrire un truc :
[Edit : oups, mon spoiler a foiré, du coup je vous le met là, ça fait un message à rallonge mais tant pis]
Je suis totalement écoeurée par "la chronique de Walter" de ce jour au sujet de la journée du Coming out. Que Bertrand Wautlet se permette de tourner en dérision le coming-out qui est, je vous l'apprend peut-être, un moment souvent extrêmement douloureux et récurrent (car il faut s'outer auprès de ses parents, de ses amis, de ses collègues de travail...) de la vie d'une personne LGBT, à une here de grande écoute, devant une assemblée souriante et muette, au moment où La Manif pour Tous se remet à faire parler d'elle, m'a bouleversée et mise en colère.
Cette chronique était un monument d'ignorance, de mépris et de fantasmes avilissants :
- le coming-out n'est pas le fait de sortir du placard pour un homosexuel, mais pour tous les LGBT. Les bisexuels et les transgenres souffrent aussi de discriminations et sont concernés par le placard.
- par ailleurs, les bisexuels qui ont été ignorés dans cette définition du coming-out sont totalement discrédités dans la suite de la chronique ; les bisexuels ne se résument pas aux bisexuelles (3 exemples connus : Oscar Wilde, Freddie Mercury, Alan Turing), et les bisexuelles ne se résument pas à des fantasmes ambulants adeptes de triolisme. En tant que bisexuelle et comme beaucoup de mes consoeurs, je ne supporte plus d'être sexualisée dès que je mentionne mon orientation sexuelle.
- Non, il n'est pas plus facile de sortir du placard en tant que bisexuel-le, en partie pour les raisons évoquées ci-dessus (invisibilisation & sexualisation), en partie parce qu'il n'est jamais facile de faire partie d'une minorité encore aujoud'hui sujette à blagues, ridiculisée, voire rejetée sous des formes parfois extrêmes.
- La décision du coming-out d'une femme et de ses modalités n'est pas prise en fonction du regard que les hommes hétérosexuels portent ou risquent de porter sur elle. Au passage, beau moment de lesbophobie dont le chroniqueur a fait preuve en assimilant toutes les lesbiennes à une apparence physique précise et stéréotypée ("la camionneuse"), et puis en se moquant de cette apparence.
- Une personne non trans, et hétérosexuelle n'a pas à donner son avis, et encore moins à blaguer sur un coming-out qu'elle n'aura jamais à subir, ainsi que les discriminations qui en découlent. Encore moins quand cette personne est un homme blanc, valide, d'une classe aisée, qui ne subira pas non plus sexisme, racisme, validisme, et n'affrontera pas non plus de préjugés quant à sa classe sociale.
J'attends beaucoup de ce message. Je pense parler au nom de la communauté LGBT en demandant des excuses pour cette chronique blessante, et j'espère sincèrement que le chroniqueur et les membres de l'équipe ne se cacheront pas sous le couvert de l'humour. Je ne suis pas stupide, j'ai compris le principe du second degré, mais je sais aussi reconnaître quand il est raté ou absent. En l'occurrence, une enfilade de clichés graveleux sur une population constamment harcelée n'est pas du second degré mais de l'humour bas de gamme et discriminant.