Veille permanente contre l'homophobie

Ada or ardor

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6 Septembre 2010
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C'est pas particulièrement pour rediriger la conversation que je dis ça, mais il a un topic sur la "littérature lesbienne" (ou avec des perso femmes qui ont des relations avec des femmes, plus généralement) qui existe si ça vous intéresse :happy:.

(En fait j'ai réalisé que @Z.Woka qui a crée le topic poste plus trop, du coup plus personne voit sa signature avec le topic, alors qu'il y a beaucoup de nouvelles personnes sur les sujets LGBT en général, donc que ça pouvait intéresser des madz peut être !)
 
Dernière édition :
@Croquemitaine
"Japon, Etats-Unis, Canada, Jamaïque, Brésil" ?
Là, j'ai un autre problème en revanche : il manque au moins un pays d'Europe (Europe de l'Ouest on s'en fout vu que c'est sensiblement les mêmes problèmes que pour les américains blancs, mais en Russie par exemple ça me semble une bonne idée ^^), un pays d'Afrique (si grande qu'elle soit) et un pays du Moyen-Orient ou d'Asie du Sud. Pour le côté LGBT dans le monde, on repassera ^^
 
13 Janvier 2011
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Au sujet de Gaycation j'ai lu cet article : Ellen Page's Gay Imperialism is not Activism que j'ai trouvé intéressant et malheureusement ce qui y est décrit se produit trop fréquemment pour que je doute qu'il en soit effectivement question ici
J'ai pas vu Gaycation mais cet article me semble pas super pertinent :ninja: Les commentaires sous l'article sont très critiques et au final beaucoup plus intéressants à lire.

Comme @Croquemitaine je suis pas hyper calée sur la question du yaoi mais tout le passage de l'article sur cette problématique m'a mis franchement mal à l'aise, l'auteur critique Ellen Page pour ne pas "sortir de sa vision occidentalisée" mais j'ai pas l'impression qu'au final elle y connaisse beaucoup plus la situation au Japon qu'elle :ninja: d'autant plus qu'Ellen Page, à propos de ces "femmes pourris", dit "on dirait que ces "Femmes pourries" objectifient le sexe gay plutôt que comprennent la réalité d'être gay. Donc c'est quoi de juste vivre comme personne homo au Japon" (trad pourrie de moi): elle fait une supposition, n'énonce pas une vérité générale (et même sans avoir vu l'épisode, de ce que j'ai lu de l'article ben oui, vu de l'extérieur, la manière dont est représentée ces fans de yaoi "donne l'impression" qu'elles objectifient plus le sexe gay que connaissent la réalité de la vie des hommes gays dans leur pays.

J'ai trouvé aussi le paragraphe de l'article au début concernant la "criminalisation des migrants et des réfugiés, la militarisation des frontières, les camps de détention", etc, un peu à côté de la plaque: en gros elle reproche à Ellen et à Ian de pas s'intéresser à ces sujets en allant filmer un docu sur les LGBT au Japon? Mais quel est le rapport?
A part le fait que eux, Canadien et Américain (si j'ai bien capté) ils peuvent voyager où ils veulent pour réaliser leur docu. Le rapport est quand même suuuuuper tenu quoi, j'ai l'impression qu'il fallait absolument leur trouver des griefs.
Franchement quand j'ai lu ça j'ai trop penser aux discours du type "mais on s'en fout de *tel ou tel problème* y'a des petits enfants africains qui meurent de faim". Comme si le fait qu'il se passe telles et telles horreurs dans le monde obligeait à traiter de celles-ci et pas d'autres choses, "moins" importantes.

Là où je trouve l'article intéressant c'est quand il dit qu'il ne faut pas coller des étiquettes "LGBT" sur des réalités non-occidentales (mais du coup d'après @Croquemitaine c'est pas non plus ce qui est fait dans le docu).

Je reste aussi un peu dubitative (comme certains commentaires sous l'article) avec l'idée que l'homophobie est une création uniquement occidentale et imposée par la colonisation: bien sûr que l'orientation sexuelle comme identité (être homo, être hétéro, etc) joue en établissant une norme, bien sûr que des puissances coloniales ont introduit des lois gayphobes (les Britanniques et leurs lois anti-sodomie), etc, mais de là à dépeindre les sociétés "indigènes" comme un bloc uniforme de cultures sans système de tabous sexuels (et normes de genre je rajouterais) ça me semble un peu idéalisé :ninja:
 
14 Octobre 2014
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Grenoble
@Lady Stardust : Pour l'épisode du yaoi : les deux femmes ont un ami gay qui trouve le Yaoi offensant (donc certes un homme gay n'est pas tous les homme gay) car ce n'est pas réaliste et que ça idéalise. L'autre problème (mais c'est un autre débat) mais c'est que une partie du Yaoi (et je crois si je dis pas de bêtise, que c'est le plus connu et le plus lu) c'est juste du viol. Et puis c'est pas réaliste dans le sexe, y'a une idée de soumis et dominant, etc.

Et merci pour ton point de vue sur le premier paragraphe, il m'a mis mal-à-l'aise car effectivement il n'y a pas de rapport (même si iel à raison). Alors certes iel auraient pu (du) dire que si iels peuvent voyager c'est parce qu'en tant que blanc, cis et valide on leurs permet.

D'ailleurs pour l'homophobie qui vient de l'occident, ça voudrait dire qu'on a imposé ça aux Japonais ? Je ne savais pas qu'il y avait une dynamique colonialiste (en tout cas aussi fort) avec ce pays. Ou alors ça vient des USA ? Je vais me renseigné mais si quelqu'un sait je veux bien connaître votre point de vue
 
L'homophobie qui vient uniquement de l'Occident il faudrait pas non plus exagérer parfois :-) surtout pour le Japon qui est une puissance dominante.

Sinon au sujet du yaoi ça me semble pas incompatible de fantasmer le sexe entre hommes tel que représenté dans le yaoi (qui est de plus codifié et caricatural) et avoir une vision homophobe. En tout cas chez des occidentales ça n'est pas rare du tout, en tout cas de ce que j'ai observé, de même qu'on peut fantasmer sur une femme et être sexiste en fait
 
22 Mai 2015
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Paris
Oui, j'ai trouvé ça un peu facile le côté "mais en fantasmant sur du yaoi, ces femmes remettent en jeu les codes genrés/sexuels et sont un peu queer elles aussi". Donc tous les mecs cishet qui regardent du porno lesbien sont un peu queer au fond aussi ? Je ne comprends pas très bien, je ne vois pas la différence. Ca reste de la fétichisation. :dunno: Personnellement, la scène du karaoké m'a mis.e bien mal à l'aise (même si je ne suis pas un mec gay).
Pour le reste des critiques, je ne saurais pas trop quoi dire parce que je suis français.e, blanc.he et qu'en plus je n'ai vu que le premier épisode. Gaycation a sûrement des côtés problématiques, mais j'ai l'impression qu'Ellen et Ian mettent quand même avant tout en avant la parole des gens qu'iels rencontrent, pas la leur, ce qui est bien, et oui iels cherchent "à quoi ressemble ce que moi j'ai vécu dans ce pays-là", ce qui n'est pas forcément pertinent, mais bon, c'est pas non plus un documentaire "pur" - ça s'appelle "gaycation", pas "gayvestigation". :ninja:
 
19 Février 2016
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Ada or ardor

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6 Septembre 2010
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@Croquemitaine : Justement je viens de voir passer un article médiapart relatant un canular que deux vrais chercheurs en philosophie ont inventé et réussi à faire publier dans une revue scientifique, et le titre de l'article c'est "Ontologie, neutralité et aspiration au (non-)être-queer" :ninja:. Comme l'article médiapart c'est pour les abonnés, voilà l'explication des deux gus.

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(Je sais pas trop quoi en penser vu que je suis pas spécialement à la pointe sur le queer et blablabla, mais juste en lisant ça, voir que les deux philosophes résument le mouvement queer à la "cause homosexuelle" et dégainent sur Preciado, je suis perplexe :ninja:). Après leur démarche me fait marrer, même si leur canular précédent était plus rigolo (un article de sociologie sur les autolib :lunette:).

Bref, désolée je suis HS par rapport à ton post et tes interrogations (qui sont très intéressantes) mais j'avoue que j'aurais pas eu l'idée de poster si je t'avais pas lue:yawn:.
 
14 Octobre 2014
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Grenoble
@Ada or ardor : Alors oui résumer le mouvement queer par la "cause homosexuelle" c'est qu'ils ne connaissent pas ce mouvement. Je pense qu'il existe (pour le féminisme, le mouvement queer et d'autres mouvements) effectivement des "explications" par des expert.e.s foireuses, mais comme elles sont incompréhensible on dit qu'elles sont vraies (je sais pas si je m'explique bien).
Oui, c'est bien de réfléchir à ce qui fait la LGBT+phobie, c'est bien de réfléchir à un monde moins binaire, moins hétéro-normé, mais parfois je pense qu'on va trop loin (je m'inclue, je suis en ce moment en pleine réflexion sur mon genre et je vais parfois vraiment loin car j'essaye de trouver des réponses).
Il ne faut pas oublier qu'il faut aussi agir sur ce qui se passe en ce moment même (par exemple on parle des personnes trans pour défaire ce monde binaire, c'est génial, car si on arrive on me rend visible, mais il ne faut pas oublier que le problème n'est pas que là, des personnes trans meurent pour ça (par exemple les femmes trans racisée on au US une espérance de vie de 30 ans, c'est pas des débats qui vont leurs sauver la vie))
Après l'article est long j'ai pas tout lu, je n'ai jamais lu Preciado (Wiki dit qu'il s'appelle Paul B. maintenant ) donc je pourrais pas dire.
Parfois on comprends pas quelque chose car on a pas étudié ce sujet, ou alors il est vraiment compliquer, parfois c'est car ça ne veut rien dire mais on utilise des mots bien compliquer.

Et cette intellectualisation me fait du bien, mais ça me dérange et je suis entièrement d'accord avec @Croquemitaine : ce n'est pas donné à tout le monde. Pour moi il est important de ne pas faire de classisme, ni de mépris style "je suis à la fac, je sais mieux" "j'ai lu, je sais mieux", car on rejette une (grosse je pense) partie des concernés. On devrait pouvoir utiliser un langage plus simple.

Enfin je sais pas si c'est du charabia si je dit.
 
@Ada or ardor
Mouais perso j'ai du mal avec leur critique. Déjà parce que pour avoir fouillé un peu le sujet, les universitaires qui font des thèses sur la transitude par exemple dans les gender studies il y en a un certain nombre qui sont cis. Et pour moi une thèse sur le sujet peu importe qu'elle soit riche empiriquement parlant, fouillée, intéressante, attentive à la reproduction des oppressions bin... Ça reste fait par des cis quoi et ça n'a pas de légitimité pour moi, voire pire je me sens exclu et étudié comme un rat de laboratoire.

Ensuite pour moi le problème n'est pas qu'il faut avoir un langage plus simple. Oui certes ce langage n'est pas accessible à tous les niveaux d'études et à toutes les intelligences. Cependant, ça me semble important de faire exister dans la sphère intellectuelle la queeritude. D'exister dans les sphères dominantes socialement. Je pense que le problème est plus qu'on est beaucoup à privilégier ça au détriment d'actions concrètes, mais je pense que c'est important. Ensuite le problème de classisme induit dans la communauté, c'est à nous de le régler en interne. Mais bordel les non queer n'ont pas à dire ce qu'on doit faire, et surtout n'ont pas à nous dire d'avoir un discours plus simple. Les discours universitaires sur d'autres sujets sont très souvent bien plus complexes mais comme par hasard quand c'est des discours qui theorisent l'existence de dominés socialement, d'un coup plein de chercheurs HSBC sortent du bois en disant "vous opprimez les moins éduqués d'entre vous". C'est gentil à eux de se préoccuper de ces derniers mais concrètement avant de venir nous faire ce reproche il faut pas genre faire un état des lieux de ses propres pratiques sociales ? Ça me rappelle ces gens racistes dont le meilleur argument est "mais en plus preuve que j'ai raison d'être raciste : les noirs sont eux mêmes racistes entre eux".
On est suffisamment responsables je pense dans la communauté queer pour prendre nos responsabilités quand aux tensions internes. Et je pense personnellement que ça ne doit pas passer par un nivellement par le bas du débat intellectuel mais plutôt par une prise de nos responsabilités vis à vis de nos frères et soeurs queer plus fragiles d'un point de vue "intellectuel". Mais dernier ajout, je pense qu'une grande partie du problème serait résolue si on resolvait le problème d'échec scolaire des jeunes queers (plus fréquent notamment à cause des queerphobies) et qu'on mettait plus souvent en avant ces questions dans la presse, plutôt que d'en parler avec des articles sensationnalistes rédigés comme si les lecteurs--rices étaient soudain devenus complétement stupides. Je pense sincèrement que rare sont les personnes queer incapables de comprendre au moins les bases de la réflexion universitaire sur le sujet mais pour ça il faut améliorer nos conditions d'études et faire des thèses sur la queeritude qui sont rédigées par les concerné-e-s pour les concerné-e-s.
 
13 Janvier 2011
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Ensuite pour moi le problème n'est pas qu'il faut avoir un langage plus simple. Oui certes ce langage n'est pas accessible à tous les niveaux d'études et à toutes les intelligences. Cependant, ça me semble important de faire exister dans la sphère intellectuelle la queeritude. D'exister dans les sphères dominantes socialement. Je pense que le problème est plus qu'on est beaucoup à privilégier ça au détriment d'actions concrètes, mais je pense que c'est important.
Tu mets le doigt sur une chose importante: le discours, souvent d'initié, prend peut-être un peu trop de place face aux actions concrètes.

On est suffisamment responsables je pense dans la communauté queer pour prendre nos responsabilités quand aux tensions internes. Et je pense personnellement que ça ne doit pas passer par un nivellement par le bas du débat intellectuel mais plutôt par une prise de nos responsabilités vis à vis de nos frères et soeurs queer plus fragiles d'un point de vue "intellectuel". Mais dernier ajout, je pense qu'une grande partie du problème serait résolue si on resolvait le problème d'échec scolaire des jeunes queers (plus fréquent notamment à cause des queerphobies)
Je suis pas très convaincue par la partie que j'ai mis en gras: déjà car ça me semble pas si pertinent, peut-on vraiment dire que le c'est à cause des queerphobies que le "débat intellectuel" n'est pas accessible à tous les LGBT+?
Je ne dis pas que ça ne joue pas, mais ça me dérange un peu que, face à du vocabulaire hermétique et des débats maniant des notions complexes la solution proposée ne soit pas de vulgariser mais "d'élever le niveau scolaire" des personnes qui ne comprennent pas tous à ces discours en l'état.
Comme si il ne fallait pas se remettre en question sur la forme produite par ces débats et préférer amener tout le monde à Bac+12 (je caricature) en rendant responsable les queerphobies pour l'échec scolaire et la non-atteinte de ce "niveau" intellectuel (je caricature encore) plutôt que de se mettre un coup de pied aux fesses pour traduire des notions en français et vulgariser des concepts complexes...

Bien sûr dans l'absolu la lutte contre l'échec scolaire c'est bien (quelles qu'en soit les causes), vouloir élever le niveau scolaire aussi, mais c'est pas super réaliste en l'état (là tout de suite maintenant) alors que la vulgarisation c'est quand même un poil plus simple à réaliser il me semble (mais encore faut-il réfléchir sur ses pratiques comme tu l'as bien souligné, et se bouger dans ce sens-là).

Je dis ça mais IRL je fais quasi-rien pour :ninja: (j'avais par exemple suivi une formation de SOS Homophobie pour intervenir dans les écoles, justement en vulgarisant ces sujets, mais je suis partie travailler à l'étranger juste après :sweatdrop:)
Et sur le net à part faire ma pointilleuse sur telle ou telle notion / tel ou tel voc mal utilisé je fais pas grand chose non plus :ninja:

Je reviens sur l’article qui a été posté l’autre jour par @Sharon Stone parce qu’il y a des commentaires assez intéressants en-dessous qui m’ont fait réfléchir à mon propre positionnement vis-à-vis de certains discours. Une remarque un peu acerbe en particulier, qui disait en substance : « On dirait un truc écrit par un.e étudiant.e de première année qui vient d’assister à son premier cours sur les queer studies » et qui au final m’a fait sourire parce que… je me reconnais là-dedans, pour être honnête. :rolleyes: Et pour tout dire je m’inquiète parfois de passer moi-même pour une pseudo intello qui ramène sa fraise parce qu’elle a lu Judith Butler (ouais j’ai fini par m’y coller, d’ailleurs j’aime autant vous dire que j’ai sauté des pages mais sinon c’est marrant quand elle tacle Lacan :lunette:), ça colle vraiment pas à l’idée que je me fais de ce qui devrait se passer dans des espaces de discussions sur internet ou ailleurs. Je veux parler du fait d’avoir recours à une terminologie très pointue, d’avoir quinze mille références académiques sous la main, de maîtriser tous les outils de la rhétorique, ce genre de choses qui d’une part possèdent un fort potentiel excluant pour les personnes qui n’ont jamais eu accès à un certain niveau d’éducation, et d’autre part contribuent à propager des discours quand même bien calibrés.
Je rajouterais que j'ai pas l'impression que les quinze mille références académiques, la maîtrise de la rhétorique, etc, soient garants d'une réelle compréhension de certaines notions, et surtout qu'elles servent à formuler des critiques pertinentes (cet article en est un bon exemple).

Ces discours servent aussi à dominer ce qui ne les maîtrisent pas, et je trouve que les dérives ne sont peut-être pas assez pointées du doigt: je pense à ce petit débat sur la VPR concernant un comm' bien paternaliste mais avec du voc et des notions bien complexes en mode moi je sais, tellement que je suis trop intellectuelle pour avoir réellement écouté le contenu de ta vidéo meuf (:rolleyes:) : quand je vois que ce genre de comm' a plus de 200 pouces bleus (!) sur youtube je me dis que y'a un sacré problème avec ce type de discours, où on en vient à applaudir la forme, le discours-militant-intersectionnel-bien-comme-il-faut-avec-son-voc-pointu et on passe complètement dessus le fond (le contexte qui fait que ce comm' me semble plus être un foutage de gueule qu'autre chose).

Et bon je vais faire une critique "facile" (:ninja:) et bien caricaturale là encore mais entre les "références académiques" et les "références tumblr/twitter" il peut y avoir un fossé: je trouve ces outils cool en théorie car je pense qu'ils sont un formidable outil de vulgarisation (pour justement sortir de la nécessité d'avoir un certain bagage culturel et intellectuel) mais je n'ai en tête (car on retient bien sûr plus le positif que le négatif) que des exemples de discours académiques, de notions complexes liées aux études de genre, etc, (mal) tronçonnées, mâchées mais pas forcément bien régurgitées, etc. Et je pense surtout au fait qu'il est parfois mis sur le même plan "toutes" les réflexions des "concerné.e.s", mêmes celles pas très "réfléchies", avec des références plus pointues: le moindre mot, le moindre concept "nouveau" peut y trouver sa place pourvu qu'il soit (massivement) partagé, ce qui est cool pour sortir de l'obligation à produire des discours basés sur des études universitaires, mais parfois je trouve que ça manque carrément de recul, tel ou tel "nouveau" truc doit devenir "le" truc à adopter (je crois que je peux pas m'empêcher de soupirer quand j'entends certains "nouveaux mots" créés de toute pièce pour en remplacer d'autres mais fabriqués sans y réfléchir trop non plus) (coucou "gayciste" :hello:).
Attention je ne dis pas que de nouveaux mots ne sont pas nécessaires, mais si on pouvait ne pas sortir du chapeau n'importe nouveau truc qui va forcément être adopté car c'est nouveau et ça remplace quelque chose de pas tip top, bah je trouve que ça serait peut-être mieux, ça manque de tri je trouve :hesite:

Bref tout ça pour dire que ça me fait aussi m'interroger sur ma propre pratique du débat intellectuel car je n'ai pas forcément ces références intellectuelles (c'est peut-être pour ça que je tape sur les gens qui ne les vulgarisent pas ou mal :lol:)

Et en même temps c'est assez paradoxal car je râle sur ça mais les discours s'apparentant à du n'importe quoi historique concernant l'histoire des LGBT+ de la part des concerné.e.s a tendance à m'agacer et parfois j'essaye de corriger les trucs faux.
Je trouve que d'une certaine manière on se complait parfois dans une vision "noire" de l'histoire LGBT+, et bien sûr sans dire que c'était un chemin parsemé de jonquilles et de papillons chevauchant des arcs en ciel, ça me fait tiquer les clichés que j'ai déjà lu / vu / entendu ça et là (sur le forum itou), concernant la dépénalisation de l'homosexualité en 1982 par exemple: j'ai discuté avec plein de monde qui pensait que du coup en France avant cette date les relations sexuelles entre hommes étaient formellement interdites dans tous les cas et du coup tombaient toutes sous le coup de la loi (non).
Idem concernant la déportation des homosexuels français en camp de concentration durant la Seconde Guerre Mondiale: j'ai entendu pas mal de trucs faux venant de LGBT autour de moi (pourtant militants et souvent bien calés question gender studies) sur le sujet quand Christian Vanneste parlait de "légende de la déportation homosexuelle": à partir du moment où des LGBT français racontent plus de conneries sur le sujet ("génocide/extermination des homosexuels par les nazis", "politique systématique de déportation en camps des homosexuels français", entre autres trucs historiquement tous aussi faux) que Vanneste je trouve ça un peu triste quand même :ninja: (article de Libé,du Monde et du Post sur le sujet).

J'ai l'impression que ça relève d'une "mauvaise vulgarisation" qui n'est au fond qu'une fausse simplification: on préfère (se) dire "c'était interdit et puni par la loi" (même si c'est faux, c'est plus simple à appréhender) plutôt que "c'était pas vraiment interdit par la loimais c'est pas pour ça que par le passé les LGBT+ vivaient bien car voilà ce qu'il y avait concrètement comme insidieusement contre eux: ... et... et... et... et... et... et..., etc).

Sur des sujets encore malheureusement très actuels c'est parfois aussi la fête du slip chez les LGBT niveau trucs faux (oui, je pense au sujet du VIH chez les hommes qui ont des relations sexuelles avec des hommes :ninja:)

Bien sûr je sais bien qu'on ne peut pas connaître très bien cette histoire si justement elle n'est pas (ou pas bien) enseignée, on retombe là sur le côté entre-soi du milieu universitaire, mais ça me chagrine un peu de voir que de très touffus concepts en anglais issus des gender studies sont maîtrisés, discutés, etc, par des gens qui, pour certains, sont complètement à côté de la plaque sur des sujets bien plus accessibles et moins "intellectuellement" compliqués concernant les LGBT :erf:

Dans Gaycation il y a un détail que je trouve vraiment louable pour le coup, c’est qu’on va à la rencontre (entre autres) de personnes âgées et de personnes pas forcément militantes. La question de la différence de perception des droits LGBT+ d’un point de vue générationnel me paraît importante, en particulier, et me fait penser aussi au documentaire Les Invisibles (nouvelle recommandation au passage), qui s’attarde justement sur des gens qui ont entre 70 et 80 ans avec un vécu et une façon d’interpréter les choses parfois bien différents des nôtres. C’est aussi une génération peu représentée dans les médias, et il me semble exclue de la plupart des mouvements communautaires (?). Pourtant quand on les écoute, on voit bien à quel point la vieillesse apporte encore son lot de difficultés quand on est pas hétéro et/ou pas cis… :erf: Et ça me touche et me questionne de voir ces gens dont la parole est souvent ignorée au profit de jeunes plus armé.e.s politiquement parlant, qui maîtrisent de plus en plus le vocabulaire académique et savent s’en servir pour défendre leurs droits (ce qui est génial, j’ai aussi adoré entendre dans Gaycation des ados trans poser des mots hyper clairs et assurés sur leur identité, clairement ce sont aussi des ressources qui aident beaucoup quand on essaye de s’affirmer), alors que je trouve qu’on devrait écouter plus attentivement ce qu’iels ont à nous dire.

Et par rapport au vocabulaire, si une personne a passé toute sa vie à subir la discrimination et les violences queerphobes, mais n’a jamais appris des termes comme « transgenre » ou « queer » ou que sais-je, je pense qu’on est d’accord pour dire que ça n’invalide pas son expérience pour autant. De même, c’est parfois compliqué d’accepter que pour des gens qui ont grandi et vieilli à des époques où la société était bien différente d’aujourd’hui, où souvent on n’envisageait pas une seconde de voir son identité ou ses relations reconnues aux yeux de la loi ou d’être protégé.e d’un point de vue juridique, certaines de nos revendications peuvent paraître excessives, voire futiles. :hesite: Je ne sais pas trop où je veux en venir, mais j’ai cette impression qu’on (c’est-à-dire potentiellement moi-même) peut avoir tendance à dénigrer les gens qui font partie de nos communautés sans en maîtriser les codes, alors qu’iels y sont tout aussi légitimes. Et peut-être que ça joue de voir fleurir partout des termes et des approches tout droit sortis de bouquins de gender studies, peut-être que consciemment ou inconsciemment on empêche des gens dépourvus de ces codes de prendre part à des discussions qui les concernent aussi… Je m’interroge sur la meilleure façon de concilier l’utilité indéniable de certains concepts théoriques et la nécessité de ne pas tomber dans un discours élitiste peu accessible, en résumé.
Bref du coup ça me parle beaucoup tes réflexions, surtout quand tu parles des personnes âgées. J'y ai pensé récemment en visionnant l'interview de Mathilde Daudet, qui est trans et a récemment raconté son parcours dans un livre: les mots qu'elle emploie (idem pour les clichés...) ne sont pas du tout du tout ceux employés dans les milieux militants trans et non-binaires que je lis ici et là, au contraire sont des mots et des réflexions condamnés comme transphobes si je ne m'abuse. Mais en même temps, vu son âge (60 ans), ça rentre tout à fait dans ta réflexion sur les différences de générations.

Après, là on retombe j'ai l'impression sur la responsabilité des médias à traiter ces sujets avec le bagage linguistique et conceptuel "actuel" (ce qui n'est que très très peu fait malheureusement).
 
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