destynova;4730664 a dit :Je ne sais pas si vous suivez le procès de l'agression homophobe d'un couple parisien en juin dernier.
Je ne sais pas trop quoi penser du traitement de l'affaire. Ils montrent souvent des photos du couple (comme là en train de s'embrasser), c'est un peu le couple homo emblématique, ils présentent bien et tout (tant mieux). Mais il y a qq mois c'est une lesbienne qui s'est faite agressée, et comme elle s'est défendue, c'est elle qui s'est faite condamner.
J'ai l'impression qu'avec ce couple ça fonctionne parce que ce sont "de bonnes victimes", la médiatisation de ce procès montre "qu'il y a une justice quand même en France" (et en plus les agresseurs ont des noms à consonance maghrébine).
Je suis vraiment contente que ce procès soit médiatisé, mais ya comme un gout d'hypocrisie dans tout ça.
Dans la discussion, on ne doit pas oublier que le but n'est pas de dresser les victimes les unes contre les autres ; c'est vraiment une bonne chose que justice soit faite pour ce couple.
Sur le traitement médiatique, néanmoins, je suis d'accord sur le fait que 2 facteurs jouent énormément : le racisme et le côté "bonnes victimes".
Le fait que les auteurs de l'agression aient des prénoms à consonances magrébines, et qu'une citation précise qu'un autre est noir, participe certainement au fait que ce cas soit médiatisé. C'est toujours rassurant quand on peut rattacher l’homophobie aux origines des personnes - ça permet de se distancier, les homophobes, c'est pas nous, les gentils blancs, mais bien "eux", qui que ce "eux" recouvre. Ce qui permet d'oublier au passage que certaines personnes sont à l'intersection des oppressions entre racisme et homophobie, et que curieusement, on entend peu parler de ces victimes-là.
Après, le côté "bonne victime". Autant quand on parle de viol, la "bonne victime" doit s'être débattue pour prouver qu'elle n'était vraiment pas consentante, autant dans une agression physique non sexuelle, la "bonne victime" doit être impuissante et bien être massacrée pour obtenir la compassion. Dans le cas de l'agression de D. à la Mutinerie, le fait qu'elle se soit défendue avec une force à peu près équivalente à celle de son agresseur lui fait perdre son statut de victime aux yeux de la justice, ce qui est un comble !
"L’homme avait porté plainte contre moi. Il avait le nez et la pommette cassés et a eu 21 jours d’ITT. J’ai alors à mon tour porté plainte, puisque je connaissais désormais l’identité de mon agresseur. J’ai eu 4 jours d’ITT. Le procureur a donc estimé que c’était moi l’agresseur. Ma plainte n’a pas été traitée.»"
Comme si c'était la force des coups qui déterminait qui est l'agresseur et qui est la victime !
Ce qu'on nous dit là implicitement, c'est qu'en cas de violence, il ne faut pas se défendre, et c'est franchement à vomir.