@Hercynie Je suis assez d'accord avec ta première phrase et le début de ton message, l'éducation bienveillante peut avoir certains côtés dogmatiques, qui à titre personnel me hérissent le poil.
Toutefois, il faut faire la part des choses entre les blogs/professionnels/personnes interviewées... qui ont tout intérêt à marteler leurs discours et à faire culpabiliser les parents car ainsi ils peuvent facilement leur proposer des solutions (payantes, donc) et l'idée initiale qui était plutôt de proposer une parentalité alternative au "moi parent j'ordonne, toi enfant tu obéis".
A mon sens, ce qui est problématique à l'heure actuelle, c'est qu'on se trouve dans une période charnière: il y a à peine 10 ans, le côté "éducateur" du parent était valorisé au regard de sa capacité à "mater" un enfant. Tout n'était pas à jeter dans cette éducation, mais globalement, l'enfant était majoritairement vu comme un être capricieux dont les velléités devaient être calmées immédiatement au risque d'en faire un tyran, et qui de toute façon ne voulait/pouvait pas comprendre ce qu'on lui reprochait.
Aujourd'hui et depuis plusieurs années, le mouvement de parentalité bienveillante tend à prendre en compte les émotions de l'enfant, et à être plus dans l'explication que dans la punition sèche. Pour moi, c'est vraiment cet aspect qui caractérise cette vision des choses: la volonté d'accompagner l'enfant dans son développement émotionnel, en lui expliquant qu'il est normal de ressentir certains sentiments, et en lui expliquant le plus possible les raisons qui ont pu pousser le parent à s'énerver ou à le punir.
Et sur ce point, je rejoins l'avis de
@Chambray, l'idée de la
bigger picture, c'est tout à fait l'image que je m'en fais. Car sinon, on entre fatalement dans l'opposition "parents bienveillants" vs "parents malveillants", et une telle dichotomie ne fera qu'exacerber les ressentis de tous.
Sur ton dernier paragraphe, je vois ce que tu veux dire quant au fait qu'on ne se comporte pas de la même façon avec les personnes qu'on côtoie quelques heures et celles avec qui on vit (différence qui se retrouve d'ailleurs souvent dans les comportements différents entre les amis et la personne qui partage notre vie).
Mais là où le côté bienveillant intervient, c'est qu'avec un enfant, qui n'aura pas nécessairement pleinement conscience de ses actes, tu peux lui expliquer, dans un premier temps, ce qu'il ne faut pas faire (ex: ne pas courir autour de la table) et lui dire qu'après il faut nettoyer et que c'est pas agréable (dans ce type de contexte, faire réparer/nettoyer à l'enfant me semble tout à fait utile). Et seulement s'il récidive (ça fait délinquant ça quand même
), une punition pourra être envisagée.
De même, pour ce qui est de la possibilité de s'agacer/s'énerver devant ou envers son enfant, il est évident que tout le monde peut craquer à tout moment. Sur ce point, la bienveillance vise justement à donner des clefs tant aux parents qu'aux enfants en visant à : 1. d'abord essayer de faire comprendre que l'enfant n'est pas un punching ball (j'englobe surtout le sens émotionnel) (ce qui s'adresse aux parents), 2. tenter de trouver des moyens de désamorcer les éventuels conflits (explications,...) (ce qui s'adresse aux enfants), et 3. si punition ou craquage parental, pouvoir débriefer à froid des événements qui ont conduits à l'explosion de la situation (effort des parents mais à destination des enfants).
Bref, ma vision de la parentalité bienveillante vise à donner à chacun des clefs pour se défaire de l'opposition adulte-enfant et permettre à chacun de pouvoir exprimer ses émotions sans être brider.
(pardon c'était hyper long...)