Je l'avais vu sur Arte à l'époque. Il était diffusé sur la chaîne en exclusivité avant sa sortie au cinéma, gros carton d'ailleurs. Il m'avait plu, notamment grâce à Isabelle Adjani, MAIS, je n'étais pas encore consciente des préjugés racistes qu'on véhiculait dans les films, sans véritable analyse, par dessus le marché, comme tu l'as souligné.
De mémoire, les médias de gauche avaient adoré (forcément) en disant qu'il s'agissait d'une réalité (comme d'hab'). Par contre, ce qui m'avait interpellé voire choquée, c'était le discours des comédiens qui semblaient très fiers de jouer ces rôles et qui espéraient que ça leur ouvre des portes. Mouai.
Exactement, cette histoire de "réalité" ça me rappelle d'ailleurs les réactions de mes profs et camarades de classe après ma réaction de l'époque (déjà un peu énervée mais à l'époque je me basais plus sur l'idée de la pauvreté que sur le racisme). Pour remettre dans le contexte, j'étais dans un lycée public très très bourgeois et majoritairement blanc, du coup avec le recul, ça me fait rire (jaune) des gens qui ne vivent pas le racisme (ou qui n'ont jamais habité en banlieue d'ailleurs) dire que c'est une "réalité". Ben oui tu penses, si TF1 le dit, ça doit être vrai.
Je suis aussi pas mal déçue par les médias de gauche (comme tu dis) en ce qui concerne le racisme. C'est grâce à toi d'ailleurs (
). J'ai toujours été une aficionados de Télérama et tout ce qui va avec et même si j'aime toujours assez, sur les questions de racisme, ils craignent assez et ça me désespère pas mal.
Histoire à part, c'est grâce à cette projection que j'ai commencé à comprendre que le féminisme prôné par ma prof ne me plaisait pas (en gros, le féminisme pas du tout intersectionnel). Elle m'a dit après (gentiment parce qu'elle m'aimait beaucoup) que bon voilà, ma révolte sociale sur certains sujets autre que sur l'égalité H/F, ça allait bien cinq minutes, c'était "mignon" et "signe de ma jeunesse" mais pas le plus important (pour elle, lutte contre le racisme/la pauvreté = moins important que l''égalité H/F, merci pour la hiérarchisation des luttes, ça fait plaisir).
Après, la première fois que j'ai vu le film, il m'a pas mal émue et je l'ai assez apprécié malgré tout, mais cette fois-ci, je crois que j'ai passé mon temps à m'énerver et à faire des remarques sarcastiques. J'en étais autrefois capable, mais maintenant j'arrive plus à passer outre le message dégoûtant du film et en profiter tranquillement. Je me rends compte de toutes les facilitées du scénario et surtout de la représentation des non-blancs qui est, encore une fois, franchement franchement gerbante et du coup ça me rebute complètement. J'ai tenu jusqu'à la fin pour voir si y'avait pas une lueur d'espoir, mais non. J'arrive juste à me dire qu'il y a quatre ans j'ai réussi à pleurer devant un film qui présente impunément et sans honte les non-blancs comme des animaux (les personnages eux-mêmes disent que ce sont des "sauvages" d'ailleurs, wouhouuuu ambiance). Ça m'étonne qu'il n'y ait pas eu plus d'émules sur le sujet à l'époque de sa sortie d'ailleurs (enfin pas dans mes souvenirs en tout cas).