J'ai continué à lire sur
Twelve Years a Slave et j'ai suivi un lien dans l'article du Cinéma est Politique indiqué par
@Maelyra. En fait, je savais que le réalisateur et le scénariste du film étaient tous les deux Noirs, comme en plus l'acteur principal était noir, l'auteur du bouquin original était un véritable esclave et que le film prenait le point de vue de l'esclave pour une fois, j'ai pensé comme les critiques le disait que c'était un film très important dans la démarche anti-raciste et de black empowerment. Mais en fait, je viens de lire un "manifeste" du scénariste John Ridley publié en 2006 et ça change un peu mon point de vue sur la question.
Je vous avoue que le Manifeste est très long, je l'ai trouvé trop détaillé et n'allant pas spécialement à l'essentiel et surtout il y a une mise en page qui m'horripile (l'auteur a tendance à écrire une phrase de 5 mots et changer de paragraphe pour, j'imagine, faire un effet et mettre en valeur cette phrase mais ce genre de procédé m'agace dans la lecture), du coup j'ai pas tout lu mais ce que j'en ai lu m'a donné assez de matière pour apprécier sa démarche en tant que "militant" noir.
L'article "The Manifesto of Ascendency for the Modern American Nigger" est disponible ici :
http://www.esquire.com/features/essay/ESQ1206BLACKESSAY_108
En gros, de ce que j'en ai lu l'auteur (scénariste de
Twelve Years a Slave donc, et vu le contenu de l'article, je tiens à rappeller qu'il est lui-même noir) oppose les "Noirs américains" aux "Nègres (nigger)". Il définit les deux catégories en précisant que nègres est un mot comme un autre et qu'il n'a pas honte de l'utiliser. (Les traductions des définitions sont de moi donc il y a quelques imprécisions).
Pour lui, les "Nègres" seraient "la minorité oppressée au sein même de notre minorité. Toujours à terre. Toujours exclue. Toujours en train de se plaindre qu'ils n'ont pas un moment de répit. Remarquablement mauvais pour agir pour eux-mêmes. En permanence en demande d'un leader mais incapable de suivre une quelconque direction qui demanderait de travailler dur et de prendre sur soi. Et bien qu'ils fument et boivent et procréent jusqu'à obtenir l'assistance sociale, les nègres vous diront que leur état n'est aucunement leur faute. Qu'ils ne sont pas responsables pour presque leur presque 5% de taux d'incarcération et 9,2% de chômage. Pas responsable pour leurs 11,8% d'échec scolaire. Pour les 69,3% de naissance hors mariage qu'ils produisent."
A l'inverse les "Noirs américains" (parmi lesquels il se compte) seraient "les héritiers du "Pacte" arraché à l'élite sociale, politique et législative des blancs lorsque la génération de mes parents ont gagné la lutte pour les droits civiques. Le Pacte : nous (les noirs) prenons ce qui est à nous de droit et vous (l'élite auto-désignée) obtenez des citoyens qui investiront la même énergie et le même dévouement à élever des familles, à travailler dur et à être des gens bien que ce qui avait été investi à tordre le cou à Jim Crow (le nom des lois anti-droits des noirs)"
Au début, j'ai cru que c'était deux définitions ironiques qui reprenaient des arguments racistes pour les déconstruire mais... non
C'est sa vraie définition des choses.
Ensuite, il part dans une longue description géo-politique de deux "grandes figures noires" qui sont pour lui Condoleeza Rice et Colin Powell (des Républicains conservateurs ) qui auraient été rejetées injustement par la communauté noire parce qu'ils étaient dans le camp de Bush, que Bush à qui on a injustement reproché de ne pas aimer les Noirs aurait en fait reconnu leur talent bien mieux que les Noirs eux-mêmes, ce qui a permis à CR et CP de travailler ensemble sur des moments brillants de politiques étrangères et de faire à la force de leurs quatre poignets de grand pas en avant pour les USA.
Mais malheureusement, des "Nègres" ont tout gâché et occulté cette énorme réussite noire. Les Nègres en questions sont ceux qui ont été à l'origine des émeutes de Cincinnati en 2001 (qui ont suivi la mort de Timothy Thomas, un jeune homme noir abattu après une course poursuite par un policier blanc qui "croyait qu'il allait sortir une arme").
Donc pour lui les "Noirs américains" doivent cesser de se sentir solidaires des "Nègres" qui les tirent vers le bas et ils forceront ainsi ces Nègres qui se victimisent à s'élever en suivant leur exemple.
Alors maintenant que j'ai lu ça, même s'il y a 8 ans d'écart entre la publication de ce manifeste et la sortie de
Twelve Years a Slave, je trouve que ça permet de réfléchir un peu autrement au film. Je n'irais pas jusqu'à dire que John Ridley a voulu représenter des esclaves qui se victimisent, il montre quand même bien qu'ils sont oppressés et que les blancs oppresseurs sont des sales types... Dans un sens, sa vision des "Nègres" du manifeste est même un peu en conflit avec son film où ses personnages sont des victimes relativement passives qui ont du mal à être autre chose que des esclaves... Mais quelque part, cette vision conservatrice des luttes civiques des Noirs explique certains éléments du film, et notamment pourquoi il était particulièrement intéressé par le personnage de Solomon Northup, un Noir éduqué, libre et talentueux plutôt que par une figure d'esclave plus "classique" qui ne serait pas né libre.
Et surtout, ça indique que le film n'était pas nécessairement un acte militant pour le monde d'aujourd'hui, ou en tout cas pas militant pour les mêmes valeurs que beaucoup de militants anti-racistes.
Je termine juste pour ne pas lui faire dire ce qu'il n'a pas dit qu'il reconnait bien évidemment le passé terrible des Noirs américains mais qu'il a surtout l'air de penser que le monde a changé :
"Dr. Condi et Colin personnifient ce que les nègres ont oublié : tout ce qui compte est la réussite. Le véritable socle de la montée en puissance est la capacité à vivre et travailler sans se préoccuper des sentiments des autres et avec, comme Soeur Rand nous le dirait, une vertu égoïste.
Nous sommes passés de l'esclavage à la liberté sans nous préoccuper de la Constitution, qui ne nous donnait rien, et des maitres des plantations, qui nous donnaient le fouet. Nous sommes passés de l'oppression aux droits civiques sans nous préoccuper des briques jetées et des chiens d'attaque de la Police. Des jets d'eau. Du mot nègre."
@Rosenrot_ @MorganeGirly je ne sais pas si parlais d'appropriation culturelle pour le Japon est réellement pertinent dans la mesure où ça fait partie de la politique japonaise d'exporter leur culture tout comme les Etats-Unis exportent la leur dans le but d'étendre leur influence.
C'est un peu ce dont je parlais avec l'Inde qui exporte aussi sa culture pour étendre son influence mais si j'ai bien compris la réponse de
@Rosenrot_ ce n'est pas tellement la question. C'est comment cette culture est perçue par la personne et dans le contexte où il y a réappropriation culturelle (
?). Donc si tu utilises des éléments de culture japonaise face à des gens qui méprisent les Japonais mais te trouvent cools, c'est en quelque sorte de la réappropriation culturelle j'ai l'impression?
D'ailleurs par rapport au Japon, j'ai un exemple : Chirac était un grand fan du Japon et des sumos. En France, on trouve les sumos un peu ridicules et j'imagine que si en France, un Japonais aller allumer la télé à la pause pour suivre un combat de sumos, beaucoup se moquerait de "ces Japonais qui regardent des obèses se battre" et trouveraient qu'il aurait pu éviter de faire ça. Mais même si certains se moquaient un peu de Chirac pour sa passion du sumo, beaucoup en France la mettait aussi en avant comme un signe démontrant que sous ses côtés "peuple", il était cultivé et d'une grande sensibilité culturelle. Là, il y a deux poids deux mesures dans le sens où venant de Chirac, c'est admirable mais venant des Japonais c'est ridicule.
Par contre, il me semble que sa passion flattait énormément les Japonais qui était très fier que le Président français aime autant leur sport. Donc dans ce cas, est-ce vraiment de la réappropriation culturelle?
Désolée, je suis encore un peu floue avec la notion
@Miodvla Netanyahou ne m'as pas dérangé plus que ça, c'était quand même le festival du n'importe quoi. Ali Bongo qui défile, le président du Bénin en pleure qui fait une journée de deuil national au Bénin , un représentant de l’Égypte (ou trois journalistes d'al jazeera risquent en ce moment même près de 10 ans de prison pour avoir fait leur travail), des représentants des pays du golfe (dont on connait le rôle dans le financement de certains mouvement terroristes), sarkozy que l'on peut remercier pour le bordel en Libye (qui profite à qui ? Encore une fois aux terroristes). Non franchement, c'était juste un nom de plus
J'ai une copine qui se demandait si avoir invité tous ces leaders peu favorables aux droits humains n'était pas une conspiration secrète de François Hollande pour faire un discours surprise sur les droits de la presse où il critique les atteintes aux médias et les obliger à approuver et à s'engager en applaudissant en public