@madmoizelle N J'avais lu ton message l'autre jour mais je n'avais pas le temps de répondre et j'avais pensé la même chose que
@Maia Chawwah.
Le reproche que je fais à Valls et NVB vient surtout de leur position de pouvoir mais aussi de leur engagement de gauche. En principe, ils sont censés lutter pour l'égalité et la diversité. Ils sont arrivés à un point de leur carrière qui leur permet de résister aux attaques xénophobes. Enfin Valls est quand même le 2nd mec le plus important de France!
Et quant à NVB, elle pourrait être une voix particulièrement importante dans le paysage actuel en se levant et en disant "OUI j'ai la double-nationalité d'un pays d'Afrique du Nord, OUI je suis musulmane, et OUI je représente la France : c'est ça aussi la France". Si elle était d'un parti de droite et avait exprimé des positions hostiles à l'immigration (comme certains enfants d'immigrés le font), j'aurais admis son silence. Mais là, c'est tout le contraire. On sent dans toutes ses interviews qu'elle n'est absolument pas de ce genre-là et qu'elle voudrait promouvoir la diversité. Mais elle n'utilise pas une des armes les plus puissantes qu'elle pourrait avoir en cessant de cacher son propre parcours.
Donc l'un comme l'autre, je pense qu'ils ont des torts dans ce domaine et même s'ils étaient de l'UMP, ce serait se mentir à eux-mêmes et donner une image fausse de ce qu'est la France que de faire publiquement comme s'ils n'avaient qu'une seule et unique culture : une culture bourgeoise française artificielle (et c'est pour ça que tu as ptete raison
@Lamina en disant que Valls en rajoute puisque c'est une culture créée de toutes pièces).
En revanche, la situation n'est pas la même pour le commun des mortels et au-delà des difficultés sociales rencontrées en affichant certaines origines, chaque individu décide de l'identité avec laquelle il est à l'aise.
J'ai un ami qui a grandi en Espagne mais dont les parents sont anglais. Il dit toujours qu'il est espagnol, jamais anglais, ce qui fait que beaucoup d'Anglais qu'il rencontre s'étonnent de son accent parfait et so british. Mais même quand on lui fait la réflexion en mode "mais tu parles trop bien!", il ne révèle pas forcément son ascendance anglaise. Je lui ai déjà demandé pourquoi il ne disait pas immédiatement aux Anglais qu'il était anglais quand on lui posait la question et il m'a dit que ses parents étaient anglais mais que lui avait grandi dans la culture espagnole, et donc qu'il était espagnol. Pour lui, c'est ça son identité : il pense qu'il ne ressemble pas vraiment aux Anglais qui s'émerveillent de son accent et ce n'est pas à moi ou aux autres de décider qu'il en est autrement. Il se sent plus espagnol, ce n'est pas du rejet, c'est juste sa perception!
Bref, chacun se sent de telle ou telle origine, ce n'est pas de la lâcheté de ne pas embrasser toutes ses origines et influences culturelles au même degré, c'est simplement une question d'affinité. Ce n'est pas forcément "jouer le jeu de l'assimilation" car peut-être que c'est dans cette "assimilation" que tu te sens le plus toi-même (et ça ne fait pas de toi une meilleure ou une moins bonne Française, c'est juste ton truc). Par contre, visiblement, les gens extérieurs ont l'air d'essayer de te forcer à reconnaitre cette seconde identité selon des termes qui ne sont pas les tiens et ça ce n'est pas acceptable.
@Ghost wind En fait j'avais pas bien fait mon job en réagissant la première fois avec
@Ciga donc je viens d'aller jeter un coup d'oeil à l'arrêt de la Cour de cassation (ça date déjà de février 2013 d'ailleurs) :
https://www.courdecassation.fr/jurisprudence_2/chambre_criminelle_578/456_5_27256.html
En gros, l'arrêt explique que la loi Taubira sert à
reconnaitre l'esclavage comme un crime contre l'humanité et non à punir son apologie. Bon c'est une question juridique assez tordue visiblement car je ne vois pas bien pourquoi reconnaitre un crime contre l'humanité ne permettrait pas ensuite de punir l'apologie de ce crime... En tout cas, le jugement en première instance avait écarté les charges "de provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence raciale" et retenu seulement les charges d'apologie de crime contre l'humanité (alors que Haytot parle aussi de "vouloir préserver la race" mais bon). La Cour de Cass' devait donc uniquement se prononcer sur cette dernière charge et visiblement, le dispositif juridique en place ne suffit pas à punir l'apologie de l'esclavage.
D'un côté, cet arrangement juridique me parait compatible avec la position historique : on reconnait un crime (loi mémorielle) mais cette reconnaissance n'est pas contraignante (ce qui permet de ne pas brider la parole de l'historien qui pourrait craindre d'être mal compris). Mais d'un autre, j'avoue que je ne comprends pas bien la logique derrière.
Sinon comme tu le dis, en ce moment il y a effectivement un gros souci dans la pédagogie médiatique. Franchement, quand je compare à plusieurs médias anglais où les journalistes sont des roquets qui ne lâchent pas l'invité tant qu'il n'a pas vraiment répondu aux questions gênantes, je suis toujours un peu embarrassée de voir comment les journalistes français rappellent plus des présentateurs que des enquêteurs...
Mais c'est là-dessus qu'il faudrait travailler plus que sur la loi.
Et sur la 4e loi mémorielle, c'est plus "soft" que le résumé que j'en ai fait même si l'esprit de la loi était bien de reconnaitre le rôle positif de la colonisation. Voici les passages qui visent à contrôler la mémoire :
La Nation exprime sa reconnaissance aux femmes et aux hommes qui ont participé à l'oeuvre accomplie par la France dans les anciens départements français d'Algérie, au Maroc, en Tunisie et en Indochine ainsi que dans les territoires placés antérieurement sous la souveraineté française.
Elle reconnaît les souffrances éprouvées et les sacrifices endurés par les rapatriés, les anciens membres des formations supplétives et assimilés, les disparus et les victimes civiles et militaires des événements liés au processus d'indépendance de ces anciens départements et territoires et leur rend, ainsi qu'à leurs familles, solennellement hommage.
La Nation associe les rapatriés d'Afrique du Nord, les personnes disparues et les populations civiles victimes de massacres ou d'exactions commis durant la guerre d'Algérie et après le 19 mars 1962 en violation des accords d'Evian, ainsi que les victimes civiles des combats de Tunisie et du Maroc, à l'hommage rendu le 5 décembre aux combattants morts pour la France en Afrique du Nord.
Les programmes de recherche universitaire accordent à l'histoire de la présence française outre-mer, notamment en Afrique du Nord, la place qu'elle mérite.
Sont interdites :
- toute injure ou diffamation commise envers une personne ou un groupe de personnes en raison de leur qualité vraie ou supposée de harki, d'ancien membre des formations supplétives ou assimilés ;
- toute apologie des crimes commis contre les harkis et les membres des formations supplétives après les accords d'Evian.
http://legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000444898
En soit, ça pourrait passer puisque ça reste vague sur "la place qu'elle mérite" et parle surtout d'un traumatise vécu par des civils sauf que c'est une de seules lois de ce genre et surtout la seule mémoire officielle des guerres d'Algérie et autres guerres coloniales. Donc c'est pour ça que même si on ne parle pas spécifiquement de rôle positif de la colonisation mais "d'hommage aux victimes", "oeuvre accomplie" (pour moi probablement le plus grave des termes de la loi) de "morts pour la France" ou de "la place qu'elle mérite" dans les livres d'Histoire (ce qui pourrait aussi bien signifier une narration négative), cette loi est dangereuse et à pour objectif de contrôler et limiter la critique de la colonisation : de toute façon, elle a clairement choisi un camp dans l'histoire coloniale. Mais vu le jugement sur la loi Taubira, je pense qu'il y a bien peu de chance que cette loi sur la colonisation puisse jamais être utilisée pour mener des poursuites.
Cette loi était portée par la droite et avait pour but de donner satisfaction à des harkis et pieds-noirs qui se sentaient méprisés depuis des décennies.