@ghostwind
@Denis @Cruciforme :
Pour les actions en justice contre les propos homophobe et raciste dans la presse, les médias, internet, à la base c'est condamné dans le cadre de la loi sur la liberté de la presse (loi de 1881), là on passerait (au conditionnel parce que pas encore fait) au pénal , ce qui implique une peine de prison maximale et/ou amende maximale différente, mais pas forcément plus grande (elle sont déjà plus lourde qu'au pénal en général), et des possibilités de détention provisoire, de contrôle judiciaire, des saisies, et une comparution immédiate, si on reprend les terme de la loi Cazeneuve puisqu'il est question de se calquer dessus.
C'est le même saut qui a été fait pour la loi Cazeneuve, pour l'apologie de terrorisme.
Pourquoi ? Parce que auparavant , tout ce qui se passait sur Internet , était jugé dans le cadre de la liberté de la presse et donc l'arsenal législatif et répressif est bien faible en ce qui concerne la publication sur internet par des particuliers.
Passer de ce domaine du code de la presse au code pénal permet donc une plus grande latitude à la fois pour punir , et ce rapidement, mais aussi de pouvoir enquêter en profondeur le cas échéant. Mais cela permet aussi d'attaquer des individus autant que des organes de presse, là où auparavant, (avant Internet), techniquement la loi de 1881 ne concernait pas vraiment les particuliers, hormis les personnalités publiques médiatisées justement.
La question de la coopération des fournisseurs d'accès et des entreprises du web (youtube, Facebook etc) est posée, quant à savoir leurs devoirs et leurs actions à venir .
parmi les futurs débats autour de cette loi, soyez sûr d'entendre les mots des internautes : "on ne peut plus rien dire " et "où est la liberté d'expression". Bref. Il faut vraiment rappeler au gens que le racisme n'est pas une opinion mais un délit désormais pénal!
Il faut aussi préciser que beaucoup de choses liées au racisme sont déjà interdite au pénal...
http://fr.wikipedia.org/wiki/Lois_contre_le_racisme_et_les_discours_de_haine
sous la catégroie France, il y a l'ensemble des infractions et peine :
Ex : une provocation non publique est jugée par le code pénal (CP) , tandis qu'une provocation publique est jugée par la loi de la presse de 1881.
- Provocation publique à la discrimination, à la haine ou à la violence nationale, raciale ou religieuse Loi 1881 : art. 23 et 24 al. 8 Emprisonnement de 1 an au plus, amende de 45 000 € +- Privation de droits civiques pendant 5 ans au plus (CP : art.131-26 2° et 3°
15), affichage ou diffusion de la décision prononcée (CP : 131-35
16)
-Provocation non publique à la discrimination, à la haine ou à la violence nationale, raciale ou religieuse :
CP : art. R. 625-7
17 Amende de 1 500 € +- Saisie et confiscation, travaux d’intérêt général
On voit donc ici qu'en théorie une diffamation publique est bien plus sévèrement punie avec la loi de la presse qu'au pénal, justement parce que la diffusion à grande échelle est un grave trouble à l'ordre publique .
Est-ce que en passant au pénal la peine sera moins ou plus lourde ? pas forcément , la loi sur le terrorisme , au CP, est une des plus lourde :
-la loi d'apologie du terrorisme dite loi Cazeneuve: Provocation à des actes de terrorisme ou apologie publique de ces actes : Code pénal : art. 421-2-5
26 Emprisonnement de 5 à 7 ans, amende de 75 000 € à 100 000 €
Tandis qu'à l'heure d'aujourd'hui : "Contestation de l'existence de crimes contre l'humanité définis par le statut du tribunal international de Nuremberg de 1945" et "Apologie de crime contre l'humanité" sont toujours jugée sous la loi de 1881.
Est-ce que ça , ça va changer aussi ? Sachant que cela fait référence au loi Gayssot et aux lois mémorielles, elle reste informatives et non répressives, donc je me demande si ça, ça va changer aussi ou pas. On en a parlé récemment sur la VPRX d'ailleurs, et ça reste une question de fond .
Voilà donc la déclaration d'Hollande parait positive, mais il faudra attendre le détail de la loi pour savoir ce qui va changer exactement et dans quelle conditions et quelles conséquences ça aura sur les lois mémorielles par exemple.
-@ghostwind Pour tes questions à savoir pourquoi le procureur ne le fait pas forcément, je rejoins les propos de cruciforme.
- Déjà il faut savoir que pas mal d'affaires (tout type confondus) deviennent des "non-affaires" , soit parce qu'il n'y a "rien" dans le dossier, soit parce que le coût/préjudice est considéré trop faible par rapport au coût de la justice, mais aussi tout simplement car les tribunaux sont déjà trop encombrés. Donc oui en pratique, il y a un tri de fait et cela se fait même souvent en amont par les avocats eux-mêmes qui te diront si ça vaut le coup d'aller en justice ou non.
(dans la même thématique et du point de vue féministe, La question se pose d'ailleurs aussi souvent dans les cas d'agressions sexuelles, ou même des affaires de viol requalifié des assises au pénal pour ces mêmes raisons : dossier faible, tribunaux encombrés etc) .
-Ensuite selon les affaires, on va privilégier un aspect plutôt qu'un autre selon ce qu'on espère condamner ou selon ce qui est le plus grave. Ex : un homme gay se fait frapper par un groupe de personnes qui lui sont hostiles et des injures homophobes ont été lancées. On va plutôt conseiller au plaignant de porter plainte pour coups et blessures que pour injures homophobes, déjà parce que l'un est + grave que l'autre en terme de condamnations, et que l'ont peut combiner en ajoutant "à caractère homophobe" comme circonstance aggravante de l'attaque physique, ce qui devient une agression physique à caractère homophobe.
-Enfin , par habitude française je dirais, que ce soit pour éviter l'ingérence de la justice dans la presse ou dans la politique, ce n'est pas le procureur qui initie de poursuivre un journal ou autre pour propos raciste/homophobe/etc, mais bien des associations de défense qui portent plainte, même si le procureur a la jouissance de pouvoir initier li-même ces plaintes.
Par exemple, la Licra, Mrap sont les assoc qui vont le plus en justice pour lutter contre les propos racistes que ce soit le fait d'un journal ou d'une personnalité politique.
Voilà donc y a un mélange de coté pratique + habitude judiciaire dans notre république qui explique pourquoi le procureur ne le fait pas systématiquement.
Pour aller dans ta réflexion sur la "responsabilité" du système judiciaire dans la pérennisation du racisme, en tant que système, cela peut en faire partie oui, mais en mettant des bémols puisque d'une part, il y a bel et bien un arsenal législatif pour juger des des discriminations raciales et apologie à la haine raciale, mais il y a un système de pensées et/ou de valeurs et/ou de praticabilité en justice qui fait que ces actions en justice seront +- favorisées/abandonnées
Actuellement les injures racistes entre particuliers ne sont quasiment pas traitées, sauf si cela amène à des attaques physiques, et c'est plutôt les agressions physiques qui sont déterminantes pour porter plainte.