@madmoizelle N Oui le camps est démantelé et à la place ils ont mit...............un manège.
(je ne sais pas comment interpréter ce message de la mairie)
Mais il y a encore une bonne centaine de réfugiés (pour le moment) qui n'ont pas été placés, je ne sais pas où tout le monde est pour le moment c'est dur de s'y retrouver (info de dernière minute : une partie de ceux qui n'ont pas été placés avaient été logés dans les locaux de Ni Putes Ni Soumises (locaux vides en été) mais je viens d'apprendre par la page facebook que la Mairie demande à NPNS soit d'appeler la police pour évacuer les migrants, soit de procéder à leur fermeture administrative - Et ceux qui sont restés dans le Jardin d'Eole sont menacés d'être embarqués. Voilà. C'est beau la France hein?).
En ce qui concerne les militants oui je trouve qu'il y a un problème. L'article dont on avait parlé sur le white saviorisme est plutôt mal passé je crois, beaucoup de gens n'ont pas compris. En fait tous les "militants" n'ont pas forcément connaissance de ce qu'est le racisme structurel etc. (d'ailleurs en fait "militant" est un bien grand mot, il y a beaucoup de gens qui sont juste citoyens, et des habitants du quartier, etc.). Ce ne sont pas des gens formés pour ce genre de situation, ce ne sont pas des assoc, ce camp c'est surtout "l'impro".
Je n'irai pas jusqu'à dire que des gens veulent les garder sur le camps parce que il y a quand même pas mal de démarches de faites pour leur trouver des logements, les aider à recevoir des aides (bon après, si certains le font inconsciemment je ne peux pas vérifier). Par contre c'est vrai qu'il y a beaucoup de gens sur le camp qui ne sont pas formés (ce ne sont pas des travailleurs sociaux) donc parfois j'ai cru comprendre que de mauvaises infos avaient été donnée (notamment sur la nourriture), et qui ont peut être tendance comme tu dis à se mettre en avant, devant les réfugiés.
Je pense que c'est vrai qu'il y a du white saviorisme et que certains surprotègent les réfugiés mais c'est vraiment pas la raison de leur présence à Pajol je crois (surtout qu'il y a de moins en moins de monde sur place, et de plus en plus de réfugiés).
Il y a une grosse récupération politique qui consiste à dire que si ces réfugiés se retrouvent à la rue, c'est la faute des militants, que la mairie voudrait vraiment faire quelque chose mais qu'ils ne peuvent pas (les pauvres). Mais bien sur le problème c'est pas que la mairie a glorieusement ignoré le problème, puis réagi dans l'urgence en tentant seulement de disperser les réfugiés, en les faisant harceler par des policiers, en espérant qu'ils disparaissent d'eux mêmes. C'est vrai qu'ils n'ont consulté personne (à notre connaissance). Les réfugiés ont fait des tracts pendant les manifs pour mettre par écrit ce qu'ils demandaient au gouvernement. Après je n'étais pas aux AG et je ne sais pas à quel point les militants prennent le dessus dans les décisions (je fais quand même assez confiance aux réfugiés qui savent ce qu'ils veulent mais je ne sais pas quelles infos les militants leur ont donné).
Ce ne sont pas les militants qui sont allés chercher les réfugiés pour les faire revenir à Pajol, ils sont revenus d'eux même parce qu'on leur a proposé un hébergement pour une ou deux nuits, donc assez vite on en est revenu au même point, et franchement je ne sais pas quel autre résultat la mairie espérait.
Les deux fois où le patron de l'Ofpra est venu il a parlé avec les réfugiés eux mêmes pour leur faire part de la situation (on a eu droit à une belle campagne de com, il s'est assit avec eux, les a pris par l'épaule pour leur dire qu'ils auraient un logement pour longtemps (alors que c'était en partie faux).
En fait ça fait longtemps qu'ils entendent pas mal de promesses de la part de l'Etat français (et ils avaient eux même nommé un des préfets le "préfet mytho" ou un nom du genre que je ne saurais traduire), donc c'est vrai qu'ils n'ont pas confiance quand des bus de l'OFPRA se pointent avec de belles promesses car ils savent que c'est beaucoup du chiqué, et qu'ils vont juste se retrouver très loin en banlieue, pour une seule nuit ou deux, et sans personne pour les aider, aucune consigne. C'est eux même qui ont perdu confiance en l'Etat français, même si des militants les ont surprotégés (il y a eu un incident à France Terre d'Asile) les réfugiés eux même sont très méfiants par rapport à l'Etat, et c'est bien à eux qu'on a menti à de nombreuses reprises.
Les réfugiés, même s'ils ne sont là que depuis quelques mois ont déjà compris beaucoup de choses sur la France, et ont une conscience politique très forte. C'est eux même qui ont discuté avec l'OFPRA à chaque fois qu'ils sont venus (même si c'est vrai qu'ils dépendent parfois de la traduction des militants, mais cette fois la mairie est venue avec quelques traducteurs).
Je crois qu'il y a un autre truc qui fait rester les réfugiés à Pajol, c'est le fait qu'ils soient tous ensemble dans la même galère, si j'ai bien compris certains ont failli refuser des logements parce qu'ils ne pouvaient pas être avec un ami, ce que je peux comprendre. Le camp les rassure parce qu'il y a des gens à qui parler, des gens qui ont vécu la même chose qu'eux.
D'ailleurs je pense que c'est pas pour rien que de nombreux autres réfugiés sont venus se greffer au camp (des gens qui sont en France sans papiers depuis parfois des années, qui viennent de Tunisie, Afghanistan, Syrie, etc). Je pense que c'est aussi pour ça qu'on a l'impression que la situation ne s'arrange pour personne, ces derniers jours il y avait vraiment beaucoup de monde.
D'ailleurs, dans une toute petite ville nommée "
Pouilly en Auxois" (1600 habitants) il y a 5 mois ils ont envoyé une partie des réfugiés de calais habiter dans une ancienne caserne de gendarmes (c'est un peu en "test"), et j'ai l'impression que ce genre de solution est plutôt pas mal parce qu'ils peuvent rester ensemble et ne se perdent pas de vue (je ne sais pas s'ils étaient volontaires par contre, ni comment ils les ont choisis parmi les 2500 réfugiés de Calais) parce que sachant ce qu'ils ont vécu, et le fait qu'ils soient dans un pays étranger (et peu aidés), le côté "communauté" est primordial pour les aider à s'en sortir (bon par contre aux dernières élections le FN a tout raflé....). Par contre c'est isolé mais les démarches sont plus rapides qu'en région parisienne.
Mon message est un peu décousu, désolée. Je suis disposée à en parler car c'est assez difficile de parler de ça avec les gens sur place (encore une fois l'article sur le white saviorisme a été mal reçu), surtout dans le cadre de l'urgence et avec les notions de racisme qui varient beaucoup d'un individu à l'autre vu que personne ne vient du même endroit. Mais je me pose la question depuis le premier jour.
C'est dommage parce que c'est une question délicate et on aurait pu en parler d'une manière constructive avec les réfugiés).