@lady-stardust : ben apprendre sur une culture qui n'est pas la nôtre et dans laquelle on n'a pas baigné dès l'enfance, c'est toujours positif et une occasion d'apprendre. Le problème se situe bien dans le fait de se l'approprier, c'est-à-dire faire comme si on connaissait vraiment cette culture, utiliser ses symboles comme accessoires alors qu'on n'en saisit pas vraiment le sens, l'histoire, les enjeux...
Le tatouage yin/yang par exemple est très représentatif : comme tout le monde, j'ai une notion très vague de ce qu'il représente (euh, les forces contraires, tout ça ?) mais j'avoue que ça reste très vague et que c'est surement plus complexe que ça, et lié à une culture et une vision du monde que je connais mal - ou en tout cas, uniquement à travers des stéréotypes qui me sont gentiment fournis par d'autres gens qui ne s'y connaissent pas non plus des masses. Donc aller me faire tatouer ce symbole sur la peau alors que je me suis reconstruit ma propre version de ce qu'il représente et signifie, c'est de l'appropriation pure et simple, et quelqu'un qui connaît vraiment cette culture à qui je montre ce tatouage aura toutes les raisons de lever les yeux au ciel - surtout quand cette personne est régulièrement exposée à des gens qui s'approprient ce symbole sans le comprendre.
Donc il faut saisir la nuance entre ouverture à une culture différente et appropriation de celle-ci.
"je me demande si le thème du refus de l'appropriation culturelle, "poussé à l’extrême", ne peut pas déboucher sur un repli culturel et un refus d'un certain mélange aboutissant à un enrichissement culturel" : alors là, je te rassure tout de suite : pour les cas que j'ai suivi, il n'y a rien, mais RIEN qui puisse être fait contre l'appropriation culturelle. En clair, tout le monde s'en fout et peut s'approprier tout ce qu'il veut gaiment, donc de toute façon, ça arrivera que les personnes concernées soient d'accord ou pas.
Le problème est que là où l'ouverture et le respect d'une culture peut créer un métissage et un enrichissement, l'appropriation crée une assimilation, une récupération - et il faut bien le dire, dans la majorité des cas : une marchandisation. Ce n'est pas un mouvement de partage, mais un mouvement de vol. On te piétine parce que tu es différent et que ta culture semble primitive, sauvage, différente, bizarre, etc, on te dépouille de tes droits, on te soumets au génocide, à l'esclavage, à la discrimination, etc, mais dans le même mouvement, on récupère des symboles de ta culture, en les déformant, en les dépouillant de tout sens, et on vend des T-shirts, des figurines comme si c'était une série télé, parce que LOOOL, trop rigolo / WOOOH, trop mystique / HAAAN trop kawai... Et les personnes qui appartiennent à cette culture se voient encore plus réduites à des stéréotypes.
Un exemple tout bête est le jazz : inventé par des musiciens noirs, récupéré par les blancs après avoir longtemps été un genre musical méprisé voire honteux, et bim voilà que le jazz devient une mode... et devine qui en retire les bénéfices et la gloire ? Certes, aujourd'hui on peut se dire que le jazz est reconnu comme une musique ayant pris ses racines dans la culture noire-américaine, et dont les meilleurs musiciens étaient noirs, et que donc cette appropriation a débouché sur un enrichissement ; mais cet enrichissement aurait pu se dérouler de façon plus respectueuse, en profitant aussi aux musiciens noirs de l'époque, et en les conservant comme leaders puisque créateurs. Au lieu de ça, leur participation a été effacée, minimisée, et les blancs ont récupéré ce genre musical comme s'ils étaient les justes propriétaires de tout ce qui était créé par les noirs. Donc oui, aujourd'hui on peut se réjouir du fait que le jazz ait pris de l'ampleur et ait été reconnu pour son génie, mais on doit regretter aussi la façon dont cette reconnaissance a eu lieu et dont les créateurs se sont vu arracher le crédit et les bénéfices. (J'avais écrit une petite note sur le film Birth of The Blues qui m'avait profondément marquée - dans le sens révoltée... - sur le sujet.)
Il faut comprendre le contexte global pour comprendre que chaque petite action qui y contribue n'est forcément pas la bienvenue. Certes, faire la différence entre ouverture et appropriation est parfois difficile ; il faut interroger ses propres motivations mais surtout la façon dont cela peut être perçu.
Pour la cuisine, j'avoue que je ne me suis pas posé la question, et je n'ai rien lu sur le sujet pour l'instant.
Le tatouage yin/yang par exemple est très représentatif : comme tout le monde, j'ai une notion très vague de ce qu'il représente (euh, les forces contraires, tout ça ?) mais j'avoue que ça reste très vague et que c'est surement plus complexe que ça, et lié à une culture et une vision du monde que je connais mal - ou en tout cas, uniquement à travers des stéréotypes qui me sont gentiment fournis par d'autres gens qui ne s'y connaissent pas non plus des masses. Donc aller me faire tatouer ce symbole sur la peau alors que je me suis reconstruit ma propre version de ce qu'il représente et signifie, c'est de l'appropriation pure et simple, et quelqu'un qui connaît vraiment cette culture à qui je montre ce tatouage aura toutes les raisons de lever les yeux au ciel - surtout quand cette personne est régulièrement exposée à des gens qui s'approprient ce symbole sans le comprendre.
Donc il faut saisir la nuance entre ouverture à une culture différente et appropriation de celle-ci.
"je me demande si le thème du refus de l'appropriation culturelle, "poussé à l’extrême", ne peut pas déboucher sur un repli culturel et un refus d'un certain mélange aboutissant à un enrichissement culturel" : alors là, je te rassure tout de suite : pour les cas que j'ai suivi, il n'y a rien, mais RIEN qui puisse être fait contre l'appropriation culturelle. En clair, tout le monde s'en fout et peut s'approprier tout ce qu'il veut gaiment, donc de toute façon, ça arrivera que les personnes concernées soient d'accord ou pas.
Le problème est que là où l'ouverture et le respect d'une culture peut créer un métissage et un enrichissement, l'appropriation crée une assimilation, une récupération - et il faut bien le dire, dans la majorité des cas : une marchandisation. Ce n'est pas un mouvement de partage, mais un mouvement de vol. On te piétine parce que tu es différent et que ta culture semble primitive, sauvage, différente, bizarre, etc, on te dépouille de tes droits, on te soumets au génocide, à l'esclavage, à la discrimination, etc, mais dans le même mouvement, on récupère des symboles de ta culture, en les déformant, en les dépouillant de tout sens, et on vend des T-shirts, des figurines comme si c'était une série télé, parce que LOOOL, trop rigolo / WOOOH, trop mystique / HAAAN trop kawai... Et les personnes qui appartiennent à cette culture se voient encore plus réduites à des stéréotypes.
Un exemple tout bête est le jazz : inventé par des musiciens noirs, récupéré par les blancs après avoir longtemps été un genre musical méprisé voire honteux, et bim voilà que le jazz devient une mode... et devine qui en retire les bénéfices et la gloire ? Certes, aujourd'hui on peut se dire que le jazz est reconnu comme une musique ayant pris ses racines dans la culture noire-américaine, et dont les meilleurs musiciens étaient noirs, et que donc cette appropriation a débouché sur un enrichissement ; mais cet enrichissement aurait pu se dérouler de façon plus respectueuse, en profitant aussi aux musiciens noirs de l'époque, et en les conservant comme leaders puisque créateurs. Au lieu de ça, leur participation a été effacée, minimisée, et les blancs ont récupéré ce genre musical comme s'ils étaient les justes propriétaires de tout ce qui était créé par les noirs. Donc oui, aujourd'hui on peut se réjouir du fait que le jazz ait pris de l'ampleur et ait été reconnu pour son génie, mais on doit regretter aussi la façon dont cette reconnaissance a eu lieu et dont les créateurs se sont vu arracher le crédit et les bénéfices. (J'avais écrit une petite note sur le film Birth of The Blues qui m'avait profondément marquée - dans le sens révoltée... - sur le sujet.)
Il faut comprendre le contexte global pour comprendre que chaque petite action qui y contribue n'est forcément pas la bienvenue. Certes, faire la différence entre ouverture et appropriation est parfois difficile ; il faut interroger ses propres motivations mais surtout la façon dont cela peut être perçu.
Pour la cuisine, j'avoue que je ne me suis pas posé la question, et je n'ai rien lu sur le sujet pour l'instant.