@Ana-Esperanza (J'aime beaucoup ce nouveau pseudo et le sens derrière)
On en a parle aussi pendant l'atelier sur la decolonisation de la culture au CED. Au delà de la représentation pure et dure ("on mets un japonais et un noir pour les quotas, le japonais sera un espion bon en maths et le noir sera un dealer de drogue"), si on veut pouvoir avoir une représentation juste et honnête de ce que nous sommes il faudrait qu'on achète des théâtres (on a vu ce que ca a donné avec certains, c'est pas toujours une bonne idée), des boîtes de prod, des cinémas, des chaînes de télévision... C'est tellement cloisonné que ça ne suffit pas d'avoir quelques acteurs noirs ou maghrébins (une pensée pour ceux qui se sont barrés aux US apres la millionième proposition de role de "banlieusardealerdeshitquifrappesasoeur"). D'ailleurs la merveilleuse intervenante qui animait cet atelier a commencé par un "fuck la diversité". Et cet
article d'Amandine Gay résume bien ce qu'on s'est dit.
L'atelier était construit autour de la notion d'impérial gaze, qui est basiquement cette construction imaginaire de qui nous sommes (non occidentaux) basée sur le regard occidental. Bien sûr, les blancs nous dépeignent sur la base de clichés et de préjugés mais les racisés n'y échappent pas, il faut respecter les rapports de pouvoir en nous dépeignant comme le blanc l'attend (On peut parler des bouquins comme "Dans l'enfer des tournantes" mais ça va ternir nos teints de reines) et comme l'imaginaire s'est construit. C'est d'ailleurs "rigolo" de voir qu'on retrouve le thème de cet autre fantasmé chez des artistes occidentaux qui n'ont aucun lien par ailleurs, comme une fascination pour "l'oriental" liée à la colonisation. C'est l'orientalisme dont parle tres bien Edward Said ou le primitivisme pour les peuples de l'Oceanie par exemple.
(Attention images véhiculant des préjugés racistes). Si on regarde ces
images là
par exemple,
des représentations de femmes "
orientales",
noires ou
d'hommes toutes prises par des blancs. On voit tout de suite l'objectisation, nous ne sommes pas sujets.
Et bien entendu ça ne s'arrête pas là. Ces images construisent les stéréotypes que nous subissons tous les jours. Un imaginaire nourrie de ce genre d'images n'est pas sans conséquence. L'exemple le plus flagrant selon moi c'est la représentation de la femme noire allaitant un enfant blanc. C'est une image qu'on retrouve régulièrement dès la colonisation, il y a eu la campagne Benetton mais aussi des peintures plus classiques (je retrouve pas d'exemple mais elle en a montré plusieurs). Et bim qui sont les "nounous préférées" des occidentaux? Les femmes noires.
Du coup, à part racheter toute la ligne de production des œuvres (grand remplacement is coming) la seule solution c'est de sortir de cet imperial gaze et de partir de soi pour se dépeindre comme on l'entend. Ce qu'on retrouve dans le travail de Seydou Keïta (
@calliopeonyx nous avait fait un cours de lumière en photo pendant l'expo et c'était hyper intéressant) ou Mamadou Cissé (c'est beaucoup trop beau son
travail) En condition d'oppression c'est plus compliqué de sortir de ce regard.
Ama
Mazama (prêtresse vaudou, je sais pas si c'est Licraproof de la citer) en parle tres bien notamment.
Et il faut aussi faire gaffe quand tu es un artiste racisé qui veut sortir de ce regard de pas être financé par un négrophile (Paco Rabanne si tu es encore parmi nous) ou de pas voir ton message utilise à des fin néocoloniales.
Du coup, une promesse de tenue. Je ne rends absolument pas justice à la qualité des échanges et j'ai tellement mal ecrit que j'ai perdu la moitié des références mais je vous sais assez brillantes pour aller plus loin dans la réflexion, merci de partager.
Et sinon
@TheMadTink Pour tes prochaines blagues, n'oublie pas ce sont les arabes les voleurs. Si l'arabe est le voleur c'est une blague, si c'est le blanc là c'est du racisme anti blanc et tu comprendras que c'est inacceptable.