Bonjour !
je voudrais lancer une discussion si vous le voulez bien sur un sujet que j'ai pas vu passer, ni ici ni au sein du féminisme blanc. à savoir les odeurs corporelles.
le féminisme blanc s'est emparé de la question des poils, qui prend le devant de la scène assez souvent ("cette mannequin ne se rase pas", "j'assume mes aisselles" etc). Pour les racisé.e.s et en particulier les afrodescendant.e.s (il me semble), cette question est typique du féminisme blanc, car assumer ses poils c'est bien, mais tu peux le faire à condition qu'on ne te compare pas à un animal quand tu le fais (désolée pour le spécisme, mais j'accepte encore mal d'être comparée à un singe, c'est pas un compliment, même venant de quelqu'un de vegan - ça ne m'est pas arrivé, c'est juste un exemple).
et pour moi, la question des odeurs corporelles relève des mêmes schémas. je n'ai pas vu le féminisme, quel qu'il soit, s'emparer encore de la question, comme s'il était évident qu'il fallait toujours sentir la rose. il y a effectivement un double standard dans la notion de transpiration entre hommes et femmes, mais le consensus est que tout un chacun doit faire en sorte d'être propre sur lui pour ne pas se faire jeter l'opprobre (mais les débats sur le lavage du vagin nous montrent que la "propreté" dans notre société est un concept soit erroné, soit pas du tout universel).
il y a quelques années, une copine m'a dit ne pas utiliser de déodorant, car elle trouve ses odeurs corporelles plus dérangeantes quand elle en met que sans. il lui arrivait donc de sentir la transpiration, et en fait je vois pas du tout en quoi c'était problématique, et elle non plus. je comprends parfaitement la posture car elle se sent mieux comme ça.
mais est-ce possible pour nous, les racisé.e.s, d'adopter ce type de position ? il me semble que le débat est tout à fait intersectionnel, au moins au niveau de la race (et n'hésitez pas à ajouter des niveaux que je n'ai pas vus).
je vais vous peindre un petit tableau : je me souviens d'un événement assez traumatisant pour moi autour de 14 ans. je sortais du cours de danse et il y avait une canicule. la secrétaire ou la personne de l'accueil de la mjc m'avait dit en public, devant d'autres filles qui sortaient aussi du cours, que quand on sent fort comme moi il faut "prendre ses précautions" et se laver plus. j'étais déjà outrée car j'avais fait un effort physique et je n'ai jamais été quelqu'un qui sent particulièrement fort la transpiration, mais quand j'y repense, il y a certainement des facteurs hormonaux qui jouaient : à 14 ans, la transpiration sent plus fort qu'avant ou après !
du coup quand je me vois oublier de mettre du déodorant, je reviens toujours sur ces deux événements et je pense qu'il y a matière à travailler sur nous-mêmes sur ce sujet. ma copine blanche n'a pas de problème à être perçue comme quelqu'un qui ne met pas de déodorant, et moi j'ai toujours en tête l'idée et les mots de certains, qui disent que "les noirs sentent fort", et c'est un blocage pour moi d'être perçue comme quelqu'un à l'hygiène douteuse !
je n'ai rien vu passer sur le sujet, j'aimerais avoir vos points de vue dessus, et si vous avez des articles qui en parlent je suis très intéressée !