Veille permanente racisme, xénophobie...

[Seinouille]

Je ne savais pas trop où poster ça parce que ça concerne le validisme (discrimination envers les personnes souffrant d'un handicap), mais en l'occurrence ça me pose problème parce qu'il est utilisé comme stratégie pour éviter de parler du racisme. Je m'explique : en ce temps tragique de score très élevé du FN, je constate (une fois de plus) qu'on évite de parler du coeur du problème (le raciiiiiiiiisme) en taxant l'électorat FN d' "attardés". Par exemple sur cet article du Gorafi (oui, c'est un journal parodique, et évidemment que c'est faux, MLP n'insulterait jamais son électorat, mais les mots du Gorafi sont bien réels, et c'est un discours très répandu censé discréditer les racistes sans se poser de vraies questions). C'est un problème en soi d'utiliser ce mot comme une insulte, mais je ne suis pas hyper calée en validisme pour l'expliquer et je voulais écrire un petit texte sur le tumblr de la VPS (pour celles qui ne connaissent pas, c'est par ici). Donc si ça en intéresse d'écrire quelque chose à ce propos, envoyez-moi un MP qu'on y travaille ensemble !

C’est marrant, c’est un peu ce que j’évoque dans mon dernier post sur la VPS, la déformation sémantique d’un mot  pour ne pas réfléchir au système. (rapport à l'expression "les vrais hommes ne violent pas" ).
Enfin je crois qu’on peut le rapprocher de ça.

le handicap mental est encore plus compliqué à faire valoir que le handicap physique, sachant que foutre dieu c'est déjà super compliqué pour un handicapé physique de vivre dans une grande ville par exemple -_-;
Donc voilà le validisme, je commence à comprendre les effets, mais en étant dans la classe valide (physique et mentale) du coup, je suis vraiment observateur et allié.
Si d'autres personnes s'y connaisse plus, je préfère leur laisser la parole et je serais intéressée de connaître votre savoir et vos observations.

Du coup je poste ici, car je vais généraliser les différentes réponses que j’ai eu face « au faux problème » du racisme du FN, mais ça va te parler car le dernier tiret concerne ta remarque.
Les arguments sont :
-« une grosse partie n’est pas vraiment raciste, mais juste contestataire »
dans ce cas pourquoi voter extrême-droite ? et pas extrême-gauche, genre ? Et comment tu sais que c’est la grosse partie qui est contestataire et pas la grosse partie qui est raciste ?
-« ils ne sont pas vraiment raciste, c’est que de la politique, ils font ça pour agiter les sentiments xénophobe, tu vois bien que c’est la course à qui dira la plus grosse énormité ».
Donc les membres du parti FN ne le pensent pas vraiment mais ne se gêne pas pour heurter profondément une partie de la population, quitte à ce que des gens les prenne au mot comme caution politique et passent vraiment à l’acte en frappant/tuant quelqu’un ? Le post de @Messodie fait peur. L’enquête est en cours, mais on ne peut encore en être sûr, mais le caractère raciste est quand même fort, et c’est la première chose à laquelle on pense.
Quid de la responsabilité médiatique et politique ? Et quand je dis ça, on me répond : mais ils s’en foutent c’est des enfoirés qui pensent qu’à se faire du fric… Okay bon.
-« Oui mais toi quand le FN passe tu prends ça trop personnellement »/ « tu vis ça comme un échec personnel »
Been peut-être, un peu ouais. Est-ce que la politique est importante pour moi ? Oui. Je l’idéalise peut-être un peu trop par moment, et c’est pourquoi les scandales politiques me font autant gerber.
Est-ce que je me sens visée dans une population où le FN fait de tels taux ? Oui aussi, c’est vrai. En général, on me dit, tu t’en fous de ce qu’ils disent, ça ne t’empêche pas de vivre ta vie, fais comme si tu ne les entendais pas. Okay, oui, je vis quand même bien mais bon l’ambiance est pas géniale hein !!
Ça me fait mal au cœur de penser qu’un % important de la pop puisse être raciste. Mais je pense que tout humaniste devrait être gêné par cela, non ? C’est trop bizarre comme argument.
Et souvent ça finit par « ben non pas que les gens de couleur, moi je suis blanc et ça me choque ». Bon bah voilà, pourquoi tu me reproches de prendre ça trop personnellement alors ?  Et régulièrement vient l’argument final.
-« Ah mais ceux-là c’est des enfoirés/stupides/attardé/des gros cons/des conservateurs/rétrogrades, il faut même ne pas parler d’eux.»
Ben si justement ? Quand 15 à 25% d’une localité/pays vote pour des gros cons, faut quand même commencer à se poser des questions, non ? Et c’est trop facile d'évacuer le débat comme ça, moi je suis certaine qu’ils savent très bien ce qu’ils font.

Enfin tous ces arguments me laisse un sentiment d’inachevé dans la réflexion, et moi-même je n’arrive pas toujours à désamorcer car ces arguments, car on tourne en boucle et quand on arrive au dernier argument, ça signe la fin de la conversation.

Voilà, j’ai généralisé, mais sur le point précis que tu cites, à savoir le validisme, oui c’est intéressant.
J’essayerais de le rapprocher de la déformation sémantique dont je parlais sur VPS.
C’est des « attardés », donc en dehors du rang des gens normaux, cad de l’humanité légitime dont on doit prendre en compte l’avis. C’est clairement renié aux handicapés mentaux une légitimité à être des êtres humains normaux, ensuite à parler, à donner son avis.
En les mettant au passage  allègrement dans le même sac que les racistes/sexistes/ autres profils discriminateurs, dont bien sûr les gens normaux ne font pas partie. …Hu hum… bien sûr, bien sûr….
Il y a donc la tendance à minimiser le débat en l’individualisant sans vouloir voir le système. Le racisme ne serait plus que le cas de quelques individus rétrogrades… voire invalides et illégitime (d’où le validisme).
C’est donc plusieurs biais de pensée :
-individualiser un problème, sans voir le système.
-qualifier ces individus de « hors-norme », quitte à utiliser une autre forme de discrimination, pour justifier leur propre désir d’individualiser sans remettre en cause le système. Puisque c’est le fait de gens qui sont en dehors du système. Le système n’a rien à y voir.
-considérer que la norme du système est de ne pas être raciste/ xx-phobie.

Mais le travers que tu cites est quand même fort car  « Le quitte à utiliser une autre de discrimination » est quand même symptomatique d’un cruel manque de recul et d’une grande mauvaise foi, ou d’une discrimination assumé, au choix,  car pour justifier qu’il n’y  a pas de problème raciste avec le système on invoque un système où il est « normal » que des gens soit discriminés sur leur handicap….WTF.
Quel est le problème dans leur tête sérieusement ? Vous n’êtes carrément pas logique, ou votre logique est effrayante, je ne sais pas ! mais ça fait peur !

Si ça peut t'aider dans ton texte, tu es libre de prendre les phrases qui intéressent! ou en reparle en MP avec plaisir

 

[Rosenrot_]

@Seinouille :  Tu as mis le doigt sur plusieurs points que je n'arrivais pas à formuler, je vais déjà essayer de mettre au clair ce que j'ai déjà écrit et je t'envoie un MP !

EDIT : Et je me rends compte que c'est aussi à mettre en lien avec les crimes de haine mis sur le compte de la "folie", etc. J'aurais aussi des choses à dire dessus, je vais voir si j'arrive à organiser le texte que j'ai commencé à écrire.

 

[_Sappho]

Je n'ai encore jamais écrit ici (et je le regrette car je m'intéresse énormément aux problèmes de raciste, je vous lis souvent en sous-marin) mais j'ai vu hier des affiches qui m'ont fait dire que je devais poster ici.

Dans ma ville, il y a actuellement des travaux et les zones de travaux ont été délimitées par des "faux murs" sur lesquels figurent des affiches qui sont un peu des "pub" pour la mairie, pour les actions sociales réalisées par la ville, en gros. Et hier, je suis passée devant en tram avec une amie, amie qui m'a fait dit "oh mon Dieu, regarde à quel point cette pub est cliché !". En regardant, j'ai vu qu'il y avait plusieurs photos de citoyens, avec une petite phrase (du style une gamine avec marquer à côté "je vais à l'école de mon quartier" ) et une des photos montraient une jeune femme noire (là seule de la pub, du moins de la partie que j'en ai vu) et il y avait marqué "je bénéficie d'aides sociales" et juste à côté, un mec blanc avec marqué "j'aide les plus démunis"   du coup on a bien ri (ou pleuré) face à ce gros cliché du noir qui doit bénéficier d'aides sociales et du blanc qui l'aide ...

 

[Catberry]

  

(Toutes mes confuses si déjà postée ! )

 

[Rosenrot_]

Dire que j'attendais de voir le film avec impatience... ça refroidit. 

 

[Flyswatter]

J'ai vu Bande de filles, sélectionnée à la quinzaine des réalisateurs et c'est triste à pleurer.

Une ribambelle de clichées sur les filles noires de banlieue qui donne envie de gueuler un truc du style

 ce n'est pas parce que je suis Noire que :
- Je vole.
- Je fume.
- Je n'aime pas l'école.
- Je rackette.
- Je deale.
- Je me prostitue.
- Je me bats.
- Je crache sur le travail.


Le plus triste, c'est que la plupart des journalistes, ne critiqueront pas cet aspect du film. La plupart n'étant pas concernés par ce problème ne verront pas le message dangereux qu'envoie la réalisatrice sur les femmes Noires sous prétexte de raisons pseudo-féministes et pseudo-culturelles qu'elles ne maîtrisent pas, je cite : "filmer une bande filles noires, une image de cinéma dont j'avais envie".

Je rajoute donc en bonus :
ce n'est pas parce que je suis Noire que tu dois te servir de moi comme une bête de foire pour crédibiliser ta réputation de réalisatrice "trop cool", qui traite de sujets "trop polémiques quoi", car ton film est complètement hors-sujet, ma pauvre.

Mince, et dire que ça m'enthousiasmait... Enfin je vais quand même aller le voir, mais c'est sûr qu'après ton commentaire je ne vais plus le regarder de la même façon.

C'est triste qu'en essayant de sortir des sentiers battus on finisse dans le cliché...

Tu penses qu'il y a un problème dû au "regard de blanche" de la réalisatrice, ou que c'est surtout qu'elle ne s'est pas assez renseignée? (ou les deux peut-être?)

 

[Flyswatter]

J'ai vu Bande de filles, sélectionnée à la quinzaine des réalisateurs et c'est triste à pleurer.

Une ribambelle de clichées sur les filles noires de banlieue qui donne envie de gueuler un truc du style

 ce n'est pas parce que je suis Noire que :
- Je vole.
- Je fume.
- Je n'aime pas l'école.
- Je rackette.
- Je deale.
- Je me prostitue.
- Je me bats.
- Je crache sur le travail.


Le plus triste, c'est que la plupart des journalistes, ne critiqueront pas cet aspect du film. La plupart n'étant pas concernés par ce problème ne verront pas le message dangereux qu'envoie la réalisatrice sur les femmes Noires sous prétexte de raisons pseudo-féministes et pseudo-culturelles qu'elles ne maîtrisent pas, je cite : "filmer une bande filles noires, une image de cinéma dont j'avais envie".

Je rajoute donc en bonus :
ce n'est pas parce que je suis Noire que tu dois te servir de moi comme une bête de foire pour crédibiliser ta réputation de réalisatrice "trop cool", qui traite de sujets "trop polémiques quoi", car ton film est complètement hors-sujet, ma pauvre.

Mince, et dire que ça m'enthousiasmait... Enfin je vais quand même aller le voir, mais c'est sûr qu'après ton commentaire je ne vais plus le regarder de la même façon.

C'est triste qu'en essayant de sortir des sentiers battus on finisse dans le cliché...

Tu penses qu'il y a un problème dû au "regard de blanche" de la réalisatrice, ou que c'est surtout qu'elle ne s'est pas assez renseignée? (ou les deux peut-être?)

Je dirais que Céline Sciamma ne s’est pas beaucoup creusée la tête pour faire son film.

Si dans ses nombreuses interviews, elle révèle s’être principalement inspirée des nanas de ses romans préférés et des skyblogs (au secours!!).

Il s'agit surtout d'un véritable copier-coller du reportage à charge de France 24 sur les gang de filles, réalisée par la journaliste Stéphanie Brillant, que vous pouvez visionner ici (17 minutes) :
http://www.dailymotion.com/video/xku4u0_reporters-gangs-de-filles_news

(il n'est en revanche pas question dans le long-métrage, de haine ou de jalousie du Blanc comme c'est le cas dans le reportage ).

Ne voyez donc pas l'utilisation d'un casting sauvage 100% noir comme un geste politique anti-raciste.

Il ne fait que poursuivre la mise en scène du reportage sur les gang de filles qui viseraient principalement d'après la journaliste, les adolescentes originaire de l'Afrique subsaharienne.


Ainsi, contrairement à toutes ces personnes qui ont peur de ces bandes, Céline Sciamma les admire dans son nouveau long-métrage, sur fond de BO percutante, de rire, de danse, et de romance, mais aussi des pires clichés racistes que l’on retrouve dans la vidéo postée ci-dessus.

Cela donne donc un film maladroit, paternaliste, faussement avant-gardiste et faussement cool, qui viendra s’ajouter à la longue liste des humiliations dont sont victimes les femmes Noires depuis quelques années (Reportage de France 24 et zone interdite, Elle Magazine, Mango).

Révéler le patriarcat dont est victime la femme Africaine est une chose, en faire la principale cause de ses dérives en est une autre. Plus grave, trouver ça cool (cf. interview vidéo de Télérama) : les bobos sont morts, vive les bobos !

Moi j'y vois comme une façon de se foutre de la gueule des personnes en difficultés et de prendre à la légère le racisme et la discrimination que subissent les femmes Noires justement à cause de ces clichés.

Ce film n'aidera donc ni les jeunes femmes qui ne correspondent pas au portrait dépeint dans ce reportage ni même celles appartenant bel et bien à des gangs, pourtant obligés de revenir sur le droit chemin pour s'en sortir tôt ou tard;

Dans un contexte particulièrement favorable au front national, il n’est pas sûre que tous les spectateurs admirent comme Céline Sciamma ces filles.

Au mieux, ils auront pitié d’elles.

Au pire, elles conforteront leur préjugés qui sont  qu'une partie de la population, sûrement trop débile,  semble être incapable de sortir de la misère sociale sans enfreindre les règles de la République.

En fait je n'avais même pas compris à la base qu'elle travaillait sur les gangs de filles. Je croyais que c'était juste un film sur une bande de potes noires vivant en banlieue, avec ses histoires, ses codes, et qui donnerait un aperçu de ce que ça peut être, être une (jeune) femme noire dans la société française.

Alors c'est assez fou quand même: se dire "tiens, je vais représenter une bande de fille uniquement noires, parce que c'est une image rare mais intéressante pour le cinéma" puis "allez, pour ça, je vais parler de délinquance". Elle ne s'est pas dit deux secondes "punaise, direct rentrer dans ce thème quand on veut parler de femmes noires, c'est quand même du gros cliché!".

J'ai regardé un extrait d'interview des actrices principales à Cannes, et elles disent elles-mêmes que, si pour certaines elles se retrouvent dans ces histoires, c'est carrément exagéré dans le film. Donc ça devait être possible de parler de cette réalité sans s'y enfermer... Je ne comprends pas trop comment la réalisatrice a pu passer à côté de ça...

 

[Flyswatter]

J'ai vu Bande de filles, sélectionnée à la quinzaine des réalisateurs et c'est triste à pleurer.

Une ribambelle de clichées sur les filles noires de banlieue qui donne envie de gueuler un truc du style

 ce n'est pas parce que je suis Noire que :
- Je vole.
- Je fume.
- Je n'aime pas l'école.
- Je rackette.
- Je deale.
- Je me prostitue.
- Je me bats.
- Je crache sur le travail.


Le plus triste, c'est que la plupart des journalistes, ne critiqueront pas cet aspect du film. La plupart n'étant pas concernés par ce problème ne verront pas le message dangereux qu'envoie la réalisatrice sur les femmes Noires sous prétexte de raisons pseudo-féministes et pseudo-culturelles qu'elles ne maîtrisent pas, je cite : "filmer une bande filles noires, une image de cinéma dont j'avais envie".

Je rajoute donc en bonus :
ce n'est pas parce que je suis Noire que tu dois te servir de moi comme une bête de foire pour crédibiliser ta réputation de réalisatrice "trop cool", qui traite de sujets "trop polémiques quoi", car ton film est complètement hors-sujet, ma pauvre.

Mince, et dire que ça m'enthousiasmait... Enfin je vais quand même aller le voir, mais c'est sûr qu'après ton commentaire je ne vais plus le regarder de la même façon.

C'est triste qu'en essayant de sortir des sentiers battus on finisse dans le cliché...

Tu penses qu'il y a un problème dû au "regard de blanche" de la réalisatrice, ou que c'est surtout qu'elle ne s'est pas assez renseignée? (ou les deux peut-être?)

Je dirais que Céline Sciamma ne s’est pas beaucoup creusée la tête pour faire son film.

Si dans ses nombreuses interviews, elle révèle s’être principalement inspirée des nanas de ses romans préférés et des skyblogs (au secours!!).

Il s'agit surtout d'un véritable copier-coller du reportage à charge de France 24 sur les gang de filles, réalisée par la journaliste Stéphanie Brillant, que vous pouvez visionner ici (17 minutes) :
http://www.dailymotion.com/video/xku4u0_reporters-gangs-de-filles_news

(il n'est en revanche pas question dans le long-métrage, de haine ou de jalousie du Blanc comme c'est le cas dans le reportage ).

Ne voyez donc pas l'utilisation d'un casting sauvage 100% noir comme un geste politique anti-raciste.

Il ne fait que poursuivre la mise en scène du reportage sur les gang de filles qui viseraient principalement d'après la journaliste, les adolescentes originaire de l'Afrique subsaharienne.


Ainsi, contrairement à toutes ces personnes qui ont peur de ces bandes, Céline Sciamma les admire dans son nouveau long-métrage, sur fond de BO percutante, de rire, de danse, et de romance, mais aussi des pires clichés racistes que l’on retrouve dans la vidéo postée ci-dessus.

Cela donne donc un film maladroit, paternaliste, faussement avant-gardiste et faussement cool, qui viendra s’ajouter à la longue liste des humiliations dont sont victimes les femmes Noires depuis quelques années (Reportage de France 24 et zone interdite, Elle Magazine, Mango).

Révéler le patriarcat dont est victime la femme Africaine est une chose, en faire la principale cause de ses dérives en est une autre. Plus grave, trouver ça cool (cf. interview vidéo de Télérama) : les bobos sont morts, vive les bobos !

Moi j'y vois comme une façon de se foutre de la gueule des personnes en difficultés et de prendre à la légère le racisme et la discrimination que subissent les femmes Noires justement à cause de ces clichés.

Ce film n'aidera donc ni les jeunes femmes qui ne correspondent pas au portrait dépeint dans ce reportage ni même celles appartenant bel et bien à des gangs, pourtant obligés de revenir sur le droit chemin pour s'en sortir tôt ou tard;

Dans un contexte particulièrement favorable au front national, il n’est pas sûre que tous les spectateurs admirent comme Céline Sciamma ces filles.

Au mieux, ils auront pitié d’elles.

Au pire, elles conforteront leur préjugés qui sont  qu'une partie de la population, sûrement trop débile,  semble être incapable de sortir de la misère sociale sans enfreindre les règles de la République.

En fait je n'avais même pas compris à la base qu'elle travaillait sur les gangs de filles. Je croyais que c'était juste un film sur une bande de potes noires vivant en banlieue, avec ses histoires, ses codes, et qui donnerait un aperçu de ce que ça peut être, être une (jeune) femme noire dans la société française.

Alors c'est assez fou quand même: se dire "tiens, je vais représenter une bande de fille uniquement noires, parce que c'est une image rare mais intéressante pour le cinéma" puis "allez, pour ça, je vais parler de délinquance". Elle ne s'est pas dit deux secondes "punaise, direct rentrer dans ce thème quand on veut parler de femmes noires, c'est quand même du gros cliché!".

J'ai regardé un extrait d'interview des actrices principales à Cannes, et elles disent elles-mêmes que, si pour certaines elles se retrouvent dans ces histoires, c'est carrément exagéré dans le film. Donc ça devait être possible de parler de cette réalité sans s'y enfermer... Je ne comprends pas trop comment la réalisatrice a pu passer à côté de ça...

Pfffiou...ce que tu dis sur les actrices me rassurent beaucoup ! Je vais essayer de retrouver l'interview.

Céline Sciamma s'inspire tellement du reportage de France 24 qu'à mon avis, elle l'a d'abord regardé et ensuite elle s'est dit : "tiens, si je faisais un film sympa sur ces bandes de filles Noires dont parle France 24 pour montrer qu'en fait ces filles sont cools et que c'est à cause des mecs de leur famille qu'elle se comporte comme ça?"

Or, cette façon paternaliste de regarder l'Autre, c'est aussi du racisme.

Alors OK, c'est bien beau de dire "allez les filles, délivrez-vous du patriarcat" ! Sauf qu'elle sert la cause raciste en même temps et je pense qu'en ce moment, on n'a vraiment pas besoin de ça.

C'est toujours les mêmes qu'on tape, y en a marre.

Ce n'est pas grâce à ce film que je ne serai plus prise pour une voleuse dans les magasins.

L'interview en question, et c'est vers 2min:
http://www.canalplus.fr/c-cinema/c-festival-de-cannes/pid6994-interviews-cannes-2014.html?vid=1071056
 

 

[katnissvsw]

Une enquête de l'IGPN commence contre des policiers ayant participer à une soirée raciste (des photos ont été mises sur facebook mais vraiment TW)

 

[Kiskeya]

Putain, moi qui suis une jeune fille noire, je suis absolument dégoûtée par ce que je lis ! Et dire que je me faisais souvent la réflexion qu'on ne donne jamais de rôles principaux à des filles noires tout particulièrement (malgré la représentation souvent très stéréotypée et parfois négative des, je vais dire vulgairement mecs arabes, ils sont davantage représentés dans le cinéma français déjà en tant que mâles, bah oui, et pareil pour les mecs noirs. Les filles arabes quoique moins représentées car de sexe féminin elles sont tout de même beaucoup plus mises en avant que les filles noires (cf Tout ce qui brille déjà qui est d'ailleurs très légers en représentations grotesques stéréotypées je trouve). C'est comme si déjà en bas de la pyramide ils se permettent de nous descendre encore plus. Parce que c'est bel et bien nous qui sommes les plus denigrees, les plus dépréciees, les plus caricaturées, peut être parce que davantage éloignés du standard de beauté occidental. Et même si certaines arrivent à gérer le dénigrement de notre beauté, intelligence, (humanité presque tellement parfois j'ai l'impression qu'on est considérées comme des bêtes de foire), bah moi je le supporte moyen.
Bref génial ce film.

 

[MamieCaro]

J'ai vu Bande de filles, sélectionnée à la quinzaine des réalisateurs et c'est triste à pleurer.

Une ribambelle de clichées sur les filles noires de banlieue qui donne envie de gueuler un truc du style

 ce n'est pas parce que je suis Noire que :
- Je vole.
- Je fume.
- Je n'aime pas l'école.
- Je rackette.
- Je deale.
- Je me prostitue.
- Je me bats.
- Je crache sur le travail.


Le plus triste, c'est que la plupart des journalistes, ne critiqueront pas cet aspect du film. La plupart n'étant pas concernés par ce problème ne verront pas le message dangereux qu'envoie la réalisatrice sur les femmes Noires sous prétexte de raisons pseudo-féministes et pseudo-culturelles qu'elles ne maîtrisent pas, je cite : "filmer une bande filles noires, une image de cinéma dont j'avais envie".

Je rajoute donc en bonus :
ce n'est pas parce que je suis Noire que tu dois te servir de moi comme une bête de foire pour crédibiliser ta réputation de réalisatrice "trop cool", qui traite de sujets "trop polémiques quoi", car ton film est complètement hors-sujet, ma pauvre.

Mince, et dire que ça m'enthousiasmait... Enfin je vais quand même aller le voir, mais c'est sûr qu'après ton commentaire je ne vais plus le regarder de la même façon.

C'est triste qu'en essayant de sortir des sentiers battus on finisse dans le cliché...

Tu penses qu'il y a un problème dû au "regard de blanche" de la réalisatrice, ou que c'est surtout qu'elle ne s'est pas assez renseignée? (ou les deux peut-être?)

La vidéo :
http://www.dailymotion.com/video/x1uuxlb_celine-sciamma-entretien-pour-bande-de-filles-cannes-2014_shortfilms?start=318

:sick2: putain c'est quoi ce reportage. Il y a apparemment 8 bandes de filles dans toutes la France et les mecs font un reportage dessus, comme ci c'était un phénomène de société. Et les commentaires en dessous de la vidéo...

Sur Youtube, les commentaires sont encore plus violents.

Plus grave : les journalistes qui construisent et entretiennent cet imaginaire de la "cité" et de l"'étranger"", sont aussi ceux qui se demandent pourquoi le Front National gagne des Voix à chaque nouvelle élection.

C'est vraiment l'hôpital qui se fout de la charité.

(Je remets le lien pour celles qui arrivent : http://www.dailymotion.com/video/xku4u0_reporters-gangs-de-filles_news)

Le journaliste : "est-ce qu'on peut résumer ça à un problème ethnique ?"
Ben ouais, tiens, on pourrait faire ça, ce serait une bonne idée !

La journaliste : "elles ont une haine immense pour ceux qu'elles appellent "les français"" : waouh, c'est marrant comme quand on ramène les gens à leurs origines en permanence, quand une grosse partie de la population ne les considère pas comme françaises, tu finis par assimiler "les français" aux blancs, hein.

La journaliste : "en fait elles sont révoltées parce qu'elles ont l'impression d'être victimes d'une injustice énorme": on se demande d'où ça vient cette "impression", tiens. A plusieurs reprises, c'est "dans leur esprit", "cette société dont elles se sentent exclues"... Ouais, le racisme, c'est vraiment tout dans leur tête, hein ! Le fait que la population soit plus blanche dans les beaux quartiers que dans les quartiers pauvres, c'est un hasard incroyable.

 

[Tessy]

L'autre jour, dans le bus, j'ai entendu un petit garçon qui parlait en russe à son père; le père ne lui répondait qu'en lui parlant à l'oreille, et j'ai compris, aux réponses du fils, que son père ne voulait pas qu'il parle une autre langue que le français dans les lieux publics (précisons qu'au vu de leur look, c'était des immigrés voire réfugiés, pas des touristes évidemment). J'ai trouvé ça tellement, mais tellement triste: les gens qui râlent que "on est en France, on parle français" (sauf si c'est pour parler anglais ou allemand, ou une langue de pays riche quoi...), est-ce qu'ils s'imaginent une seconde l'impact que ça peut avoir sur un enfant de 8 ans qu'on lui apprenne à avoir honte de sa langue maternelle?

(je m'en veux d'avoir tergiversé trop longtemps pour engager la conversation avant qu'ils sortent du bus, j'aurais vraiment voulu savoir d'où ils venaient tous les deux)