@angelten-richard-ii
Oui il y a le juridique du pays hôte qui doit être pris en compte, ça c'est clair, et bien sûr on va dire le bon sens : ce qui contrevient à l'intégrité physique/psychique de quelqu'un etc... enfin bref les trucs communément interdit ^^
Mais là, nous deux , on porte déjà un jugement moral!
si je reprends ton 2e exemple:
"bah voilà, dans ma culture, on égorge les hommes qui portent des plumes dans les oreilles alors celui-là qui est de ma culture et qui porte des plumes dans les oreilles j'ai le droit de l'égorger hein ? "
Pour toi c'est étrange car dans ton pays , vous ne tuez pas de gens, ou ces gens là précisement, mais d'autres!
Imagine que c'est toi qui va dans ce pays farfelu où on tue les gens qui portent des plumes dans les oreilles... et bien si tu t'assimiles.. toi aussi tu vas commencer à tuer des gens qui portent des plumes dans les oreilles!
Alors que dans ta culture d'origine c'était pas bien, mais tu vas adopter de nouvelle normes.
dans ce pays farfelu, non seulement tu auras le droit juridique pour toi mais la morale est sauve !
En fait, on ne peut pas vraiment parler de avoir le droit ou pas... en tout cas pas juridique. On va parler d'un droit moral, on va dire.
L'acculturation se fait de manière consenti et dans les deux sens. C'est soft, sur des années voire des décennies ou siècles, c'est très long continue, s’interpénétrant d'autre milieux d'autres cultures...
Donc c'est pas tellement un droit moral ou non dans ce cas là, cela se fait de cette manière sur un long moment et de manière complexe.
Ou en tout cas le droit moral évolue au fur et à mesure des intégrations de nouveaux codes culturels.
Quand on décide d'interdire brusquement quelque chose, là on passe à une forme d’agressivité dans la pensée.
On impose un nouveau mode de vie. C'est un fait.
Mais ce n'est qu'un mode , une façon de faire. elle n'a pas de moralité en soi. On peut par contre porter un jugement moral dessus en se disant que c'est peut-être pas la meilleure façon de faire, ou questionner son efficacité ou même reconnaître son efficacité et déplorer les pertes qui auront cours entre temps.
Mais cela peut être moral malgré tout, si la moralité de l'époque l'autorise. Comme cela peut-être jugé immoral par une partie de la population dans le même temps.
Et c'est là la complexité. On distingue morale personnelle et morale sociale.
La morale sociale étant le point commun des morales des individus.
Et la morale individuelle et sociale changent selon les continents et les époques.
Si dans la France colonisatrice il était "moral" de coloniser les peuples et de les maltraiter tout en justifiant moralement leur acte par une tentative de civilisation des peuples barbares.... Ou de même qu'il a semblé moral à des tas de peuple d'esclavagiser d'autres individus pendant des siècles...
à postériori,, avec notre morale actuelle, tout cela nous semble très immoral.
Donc en fait le droit de se mêler ou non d'une autre culture et de lui imposer régressivement quelque chose, chacun se fera son opinion (morale personnelle, comme toi tu viens de nous donner ton avis sur la question, et que j'aurais plutôt tendance à rejoindre) et le point de convergence des morales personnelles de nous tous dans la société vont former ce qu'on appellera communément "on à le droit/pas le droit".
En pratique finalement, ça se traduira dans la loi.
C'est valable pour tous les domaines et c'est en changement perpetuel...
Le religieux par exemple est une morale en soi.
Le proselytisme est la volonté de répandre sa religion, et d'imposer la morale d'une religion.
On ne peut pas dire définitivement "ille a pas le droit de faire du prosélytisme".
Au fin antiquité et jusqu'au 18e siècle en France, c'était la base, on devait en faire. Deux des trois grandes religions monothéistes sont en pleine expansion.
Au 17-18e on est en pleine christianisation mondiale, dans le contexte de colonisation, quelque soit les pays concernés, la morale voulait qu'on en fasse aussi.
Depuis il y a eu la laïcité et les sentiment anti-religieux, et en passant les étapes du socialisme/commuisme/les guerres mondiales/ la décolonisation/ libération sexuelle .... de nos jours (!) moralement on considère négativement le fait de faire du prosélytisme.
Du coup, maintenant il y a des cas où c'est formellement interdit par la loi : dans les lieux publics et les entreprises publiques et privées et des cas où ce n'est pas interdit par la loi mais +- jugé moralement négativement dans l'enceinte privée, quelque soit la religion.
Voilà ça chaaaaange et c'est pas dit que ça reste comme ça, non plus! Va savoir ce quelle sera la morale sociale d'ici 200 ans!
Tout ce qu'on fait dans les combats contre les inégalités c'est aussi essayer d'influer sur la morale personnelle des individus et de changer la morale sociale.
A t'on le droit de le faire? On le prend en tout cas.
De même les rétrogrades qui veulent revenir à un état précédent ont-il le droit de le faire? Ils le prennent également.
Quand moi, dans ma morale personnelle, je dis, entre autre, que les homosexuels doivent accès au mariage et à la PMA, je me vois rembarrer par la morale sociale qui n'est pas encore bien de mon avis.
Et bien mon combat consiste à dire : je prends sur moi de vouloir changer la morale sociale.
Quant aux questions traitant du racisme, mon combat consiste à dire : je suis un individu autonome qui a son histoire mais qui fait partie intégrante de ce pays.
Ne me refusez pas le sentiment d'appartenance, ne me renvoyez pas à mes origines, ne me réduisez pas à celles-ci, ne m'exotisez pas, ne me réduisez pas un cliché, arrêtez de dire que je constituerai un problème, prenez conscience de moi en tant qu'être humain complexe comme vous.
Comme tu vois, même au sein d'une même culture, il y a des rapports de force entre l'individu et la société. C'est à qui changera l'autre le premier et qui lâchera l'affaire.
Il y a constamment des sujets d'influence.
Prendre le point de vue de deux cultures différentes pour les comparer en sous-entendant qu'elles sont homogènes, c'est une façon de voir les choses, mais c'est trop simple. On peut complexifier à l'envi , mais bon effectivement pour le bien de la réflexion on peut déjà simplifier pour essayer de comprendre ce qui se passe.
Du coup pour revenir à ta question : "où commence et où s'arrête le droit d'ingérence du pays hôte/dominant par rapport au pays/à la culture immigrée/dominée ?"
Ça va être la réponse très équivoque : ça dépend!
Ça dépend de l'époque, de la culture du pays dominant, de la résistance de la culture dominée, du rapport de force entre les deux, de la politique d'acculturation en place, de l’agressivité mise en oeuvre selon les époques et enfin selon l'évolution même de la moralité individuelle et sociale de la société dominante et dominée.
Pas facile ta question
D