Bonsoir,
J'apporte mon témoignage concernant le racisme... Cela me concerne. Il y a 3 mois, je faisais la queue à un guichet de ma banque ( arborant 3 lettres jaunes sur fond bleu) Il y avait deux personnes avant moi, et plusieurs après. Une vieille femme fait son entrée, jette un coup d'oeil, me dépasse, et campe sur le côté, semblant attendre que la personne qui me précède ait terminé. Ne supportant pas l'impolitesse ( c'est mon côté vieille école), je la surveillais du coin de l'oeil...
Lorsque que le guichet fut libre, et alors que je m'avançais, elle s'est précipité, feignant d'agir normalement. Je lui fais remarquer, que j'étais avant elle, et qu'elle était d'une grande impolitesse !
Sa réponse : " Je fais ce que je veux ici, je suis blanche !"
J'ai eu du mal à croire ce que j'entendais. Je lui ait fait remarquer que cela n'avait rien avoir, qu'elle était déconnectée de la réalité !
Elle a réitéré ses propos. Cela, devant les deux guichetières qui se sont appliquées à rester impassibles, comme si de rien n'était ( alors que nous étions à quelques cm d'elles...).
J'ai éclaté, et s'en est suivi un échange absurde entre cette vieille femme et moi ( elle qui répétait qu'elle était " blanche", qu'elle avait des droits avant moi ; moi qui me défendait bec et ongle).
Tout le monde regardait en silence, il y a même un homme qui m'a fait signe de ne pas me laisser faire. Mon coeur battait si fort que j'ai cru que toutes les personnes présentes l'entendait. Un mélange de détresse, de haine, de colère montait en moi, et j'ai dût vraiment me contrôler, afin de ne pas céder à la violence.
une guichetière s'est empressée de me servir, et je me suis éloignée. Je tremblais, j'avais du mal à retrouver mes esprits.
Quelques minutes après cette scène, en me dirigeant vers la porte de sortie, elle était là, fouillant dans son sac minable, je lui jeté : un " allez ! au revoir la tarée !"
Elle a crié : Sale noire !!!
du tact au tact j'ai répondu : " crève !"
Et j'ai claqué la porte. Arrivée dans ma voiture, j'ai éclaté en sanglots, durant une quinzaine de minutes, je suis restée là, à pleurer, c'était ma rage qui coulait.
Sans réfléchir, j'ai pris le tel, j'ai appelé la banque et j'explique les faits. C'est une des guichetières qui me répond et me dit : " que vouliez-vous que nous fassions ? On vous a servi, non ? Je lui répond : oui, a quel prix ! vous avez cautionné ses dires!" elle m'a assuré que non. Fin de la conversation.
Conduire vite, rentrer à la maison, attendre dans le noir que rentre Chéri, tomber dans ses bras sans avoir la force d'en sortir du reste de la journée.
En début d'après-midi le directeur de la banque m'a contacté, voulant témoigner sa "sympathie", s'excusant,disant que la banque ne cautionnait pas ce comportement et que les faits seraient relayé à la hiérarchie.
" pourquoi vous excusez-vous, monsieur ? vous ne m'avez pas injurié..."
Il me dit qu'en effet, mais qu'il voulait quand même s'excuser.
Je lui ais dit que les guichetières ont contribué à ce fait, en ne disant rien.
Je n'attendais pas qu'elles rentrent dans le débat, bien entendu, mais le fait de n'avoir pas rappelé à l'ordre cette cliente, ne serait-ce en lui rappelant qu'elle était dans une banque ; leur silence, a donné un maximum d'assurance à cette vieille raciste, qui n'a pas hésité à réitéré encore et encore ses dires nauséabonds, il y en a même une qui lui souri. Cela je n'oublie pas. C'est gravé.
cette petite chose-là, leur "stop" même s'il n'aurait pas été entendu par la vieille, aurait tout changé pour moi...
J'ai décidé de ne pas porté plainte pour " injures racistes publiques", au grand dam d'une association antiraciste, car sans des témoignages, cela n'aurait mené à rien.
Je me suis renfermée sur moi-même, je me suis recentrée sur moi, je suis passée par toutes les phases, sauf celle de la résignation. Je refuse que cette femme détruise et salisse mon humanité. Je refuse qu'elle change ma vision du monde et rempli mon coeur d'aigreur.
Je vais mieux, aujourd'hui, c'est une des premières fois que j'en parle en public.
Des fois, une profonde mélancolie obscurcie mon coeur, ces jour-là je repense à la voix de ma maman qui m'a élevé avec ce leitmotiv :
" Je t'ais nourris, soigné, veillé et tu pars dans le monde ; Montre-lui que tu es ma fille, montre-lui que quand tu tombes, je t'ais appris à avancer, même sur les genoux. Je t'ais appris à te relever."
Merci de m'avoir lu jusqu'au bout.
India,