harryjoe;4041200 a dit :
Un article très intéressent, qui nous prouve que la culture du viol n'est pas une fatalité:
Les cultures enclines au viol et les cultures sans viol. Les études interculturelles
Merci beaucoup sur ce lien! Même si je ne suis pas forcément convaincue par tous les exemples cités et que je voudrais lire le bouquin original pour me faire une meilleure opinion, cet article m'a vraiment fait réfléchir.
Je dois avouer que la "culture du viol" était une notion qui me convainquait moyennement. J'avais du mal à la comprendre.
Je reconnais parfaitement qu'il y a une banalisation du harcèlement et que le rapport hommes/femmes est souvent sexualisé de manière violente. Mais j'ai toujours du mal à adhérer aux textes que je lis sur la culture du viol.
Je trouve le terme un peu mal choisi et les campagnes sur le sujet pas franchement bien ciblées.
Je pense que dans beaucoup de sociétés occidentales où on parle de culture du viol, la majorité de la population voit le viol comme quelque chose de terrible (même si on est prompt à trouver des excuses au violeur ou à douter de la victime, on considère quand même que le viol est grave quand on accepte que c'en est un). Du coup, je me dis que la théorie de "la culture du viol" est surtout un truc qui va convaincre les déjà-convaincus et que les autres vont trouver ça excessif, le juger comme un truc de féministe extrêmiste qui se sent persécuté et ne pas réfléchir aux enjeux.
Et je pensais que ce que cherchaient ces campagnes c'était surtout de déculpabiliser les victimes, de changer le regard et en même temps de faire diminuer les viols. Pas de les éradiquer.
Mais en lisant cet article, j'ai vu les choses différemment de tout ce qu'on m'avait expliqué sur la culture du viol jusqu'alors.
Parce que c'est vrai que pour moi, le viol c'était comme le meurtre ou le vol : un truc qui me parait inévitable et dont on peut juste réduire la fréquence et surtout les séquelles psychologiques mais pas supprimer.
Il y a quelques mois, je me souviens qu'on avait débattu du viol dans les fictions sur ce topic. C'est un truc qui m'a toujours gênée, parce que les femmes se font régulièrement violer ou du moins menacées de viol dans les films/bouquins/séries et je voudrais qu'on le montre moins pour que ça paraisse moins naturel.
Mais même si j'ai cette conviction que c'est néfaste de montrer trop d'héroïnes menacées sexuellement comme si c'était inévitable, je me dis que je fais un peu de censure quand même. Du genre, je voudrais gommer la réalité parce qu'une femme
risque vraiment le viol et que moi je voudrais ne plus le représenter aussi abondamment.
Et c'est vrai que quand j'écris des histoires pour mes loisirs, il y a toujours un moment (enfin ça m'arrivait surtout quand j'étais plus jeune, beaucoup moins maintenant), où j'imagine que mon héroïne pourrait se faire "logiquement" menacer sexuellement par un homme "méchant", que ce serait quand même plus crédible que d'ignorer cette composante de la réalité, et ce même si elle vit dans un autre monde aux règles différentes des nôtres.
Bref tout ça pour dire que le viol me parait être choquant et que je voudrais qu'il disparaisse mais que je le considère(ais?) comme inhérent à la société.
En lisant l'article que tu as mis, ça m'a fait une mini-révélation.
Peut-être que le viol n'est pas inhérent à toutes les sociétés? Peut-être que dans certains endroits du monde, la menace sexuelle sur les femmes est vraiment marginale voire quasi-inexistante? Dans ce cas, ça veut dire qu'on pourrait effectivement le supprimer presque entièrement de nos sociétés, que ce n'est pas une utopie!
Là je comprends bien le sens de "culture du viol" : c'est une société qui me fait croire que le viol est une plaie trop profonde pour pouvoir jamais être soignée, qu'il faut se faire à cette idée.
Et quelque part, je me dis aussi qu'il y a un paradoxe à certains discours féministes sur le sujet.
Je me souviens que quand j'étais petite, les articles de sensibilisation au viol me terrorisait. Quand je lisais des trucs du style "Une femme sur 4 se fera violer dans sa vie", je voyais ça comme une condamnation : ça veut dire que dans ma classe où il y a 16 filles, il y en aura forcément 4 qui se feront violer d'ici quelques années... et peut-être que l'une d'elles sera moi? En tout cas, ce sera une voire plusieurs de mes amies, c'est sûr...
Or c'est terrible de penser à 14 ans qu'on ne pourra peut-être pas échapper au viol dans sa vie, que c'est ça être une fille.
Ce n'est pas seulement la culture sexiste qui m'a donné cette impression que le viol était ancré au plus profond de la société et qu'on pouvait difficilement y échapper parce que c'était un comportement commun de violence humaine... C'est malheureusement aussi les campagnes féministes sur le sujet! Je pense qu'il faut réfléchir à ça...
Bon, ma pensée va un peu dans tous les sens mais cet article remet plein de choses en place dans ma tête dans cette réflexion est un peu désorganisée encore...