(Je reviens un peu tard mais j'ai été tellement overbookée cette semaine, je n'ai pu passer qu'en coup de vent, et ce n'était pas assez pour lire correctement vos réponses, et tout le débat que ça a engendré, et puis tous les autres
Merci pour ta réponse @lamina et tous le débat qui s'en est suivi - ça me conforte dans mon idée que même la question du voile est vraiment complexe, et que je ne me sens absolument pas légitime à pouvoir l'interdire (ou même obliger ou exhorter son port) en tant que personne extérieure à cette religion.
Et merci pour cette nouvelle piste de réflexion @morganegirly - je n'avais jamais pensé à aller voir du côté des droits humains, Amnesty International, etc. (alors qu'en fait, ça semble bien évident maintenant ). Il faudrait absolument que j'essaie de voir plus en profondeur comment cette notion s'est construite, comment on a pu les construire, etc.
"we are talking about peaceful war, peaceful terrorism," Inna said. "We are taking off our clothes so people can see that we have no weapons except our bodies. It's a powerful way to fight in a man's world. We live with men's domination and this is the only way to provoke them, the only way to get attention."
(Hop, traduction maison - oui, je suis mauvaise en traduction )
"There is an ideology behind protesting topless, but we quickly realised that if we took our tops off and screamed loudly it was a good way to get attention," Alexandra Shevchenko, one of Femen's founders, said. "It works. Of course, people talk about our nakedness, but they are also listening to our message."
(Je n'ai pas de citation sous la main où elles affirmeraient qu'il y a aussi l'idée d'une revendication du corps, seulement des citations de journalistes qui affirment que ça l'est - mais l'interprétation des Femen peut être très différente de celles des journalistes :erf.
Donc oui, ça peut parfois brouiller un peu le message...
D'ailleurs, je trouve cette démarche paradoxale, mais pas dans le sens où elles se battent contre le sexisme tout en utilisant leur corps, et donc éventuellement on se servant de la réification du corps féminin qui prévaut dans notre société patriarcale (je sais que ça dérange plusieurs personnes, et je peux tout à fait comprendre pourquoi) - « Quel peut être l’effet produit par cette photo de groupe [dans Les Inrockuptibles] sur les femmes moins jeunes, ou jeunes mais moins favorisées par le hasard génétique ? interroge Claude Guillon. Le même effet que le terrorisme publicitaire et machiste que le féminisme ne cesse de dénoncer. Cette photo est pire qu’une maladresse, c’est un contresens politique. » Mais dans justement dans cette phrase d'A. Schvenchenko "It works. Of course, people talk about our nakedness, but they are also listening to our message./Et ça fonctionne. Bien sûr, les gens parlent de notre nudité, mais ils écoutent aussi notre message.". Je trouve ça très naïf en fait. [Edit : oui, j'avais oublié une phrase, désolée )
Je trouve que les médias nous ont montrés (et nous montrent toujours) que finalement, leur mode opératoire n'est pas si efficace, qu'il a beaucoup de limites. Oui, en un sens, il est efficace : on sait qu'elles existent, on les connaît, on entend vaguement parler de leurs happenings, on les voit. Mais est-ce qu'on les écoute ? Je n'en suis pas si sûre en fait... Au mieux, leur message entre dans une oreille, et ressort directement par l'autre. Oui, c'est une manière de faire efficace : mais j'ai bien peur qu'elle ne soit qu'efficace que superficiellement. Si on demande à individu lambda de nous parler des Femen, serait-il capable d'aller plus loin que "seins nus" ?
« On sait de quoi les médias ont besoin.Du sexe, des scandales, des agressions : il faut leur donner. Etre dans les journaux, c’est exister. » Inna Shevchenko. Elles existent médiatiquement, c'est un fait. Sauf que, I. Shevchenko a raison sur un point : sur ce qui intéresse les médias. Si elles écrivaient des bouquins tranquillement chez elles, donneraient des conférences, tout en restant habillées, elles n'auraient certainement pas obtenu cette exposition médiatique - c'est triste hein, absolument pas cautionnable évidemment. Donc oui, elle a raison : les médias s'intéressent à leur happening parce qu'ils contiennent souvent une dose plus ou moins grande de provoc et parce qu'on y voit des seins. Seulement, les médias, sauf à la limite s'ils sont déjà sensibilisés à cette question et s'adresse à un public qui y est lui aussi sensibilisé, ne vont s'intéresser qu'à ça. Je ne sais plus où j'avais lu ça, dans quel article, mais j'avais trouvé ça très juste : en gros, il était dit qu'on écrivait trois paragraphes sur leur nudité, et une ligne sur leurs idées (un truc du genre, c'est une restitution faite par quelqu'un qui n'est pas capable de retenir quelque chose plus de trois secondes )
Peut-être que c'est aussi une limite qui est une conséquence directe avec le fait qu'elles se disent (et agissent selon) une sorte de féminisme in-intellectualisant. Est-ce qu'on peut construire, transformer une société seulement sur des happenings et des provocations ? Imaginons qu'elles arrivent réellement à lancer le débat dans ce qu'on appellera des cercles non-féministes ou non sensibilisés à cette question (je ne sais pas si elles y arrivent ou non ; je me considère comme sensibilisée au féminisme et je crois que toutes les questions qu'elles ont abordé l'ont été auparavant sur ce topic, et que j'ai déjà eu l'occasion de me faire - ou tenter de me faire - une opinion sur ces sujets), est-ce qu'il est vraiment suffisant de "seulement" lancer le débat sans après vouloir y prendre réellement part d'une manière ou d'une autre ? Parce que je ne pense pas qu'on puisse vraiment convaincre grâce à un seul petit slogan provocateur de trois mots - interpeller au mieux, mais convaincre ? non. Cette manière de faire me fait penser à la "polémique" qui avait suivi l'interview du collectif La Barbe par le Petit Journal : les happenings (ou certains) peuvent être intéressant, peuvent toucher un point intéressant ou problématique ; mais malheureusement, aucun discours n'arrive à être construit derrière - le discours ne suit pas.
Et par conséquent, si le discours ne vient pas, si la théorie qu'on retrouve dans les conférences et les livres (peut-être pas très attirante ; mais ne serait-elle pas nécessaire ?) est au pire inexistante, au mieux faiblarde sur les plateaux télés, les médias vont forcément s'intéresser à... l'image, seulement, et donc en l'occurrence, leurs seins. Ouroboros, cercle vicieux, serpent qui se mord la queue, etc.
(Et en plus de ça, je ne trouve pas leur discours cohérent, pas assez approfondi, réfléchi. Assez naïf, parfois à la limite de l'idiotie par trop de simplification (?)/simplicité et de sophismes, et presque dangereux parfois).
(J'ai l'impression que ça fait un peu de l'"anti-Femen primaire", alors que ce n'est pas du tout ce qu'il faut y comprendre hein Et évidemment, même si je ne me sens pas Femen dans l'âme, je trouve que le déchaînement de violence n'est absolument pas excusable - comme tous déchaînement de violence d'ailleurs).
Merci pour ta réponse @lamina et tous le débat qui s'en est suivi - ça me conforte dans mon idée que même la question du voile est vraiment complexe, et que je ne me sens absolument pas légitime à pouvoir l'interdire (ou même obliger ou exhorter son port) en tant que personne extérieure à cette religion.
Et merci pour cette nouvelle piste de réflexion @morganegirly - je n'avais jamais pensé à aller voir du côté des droits humains, Amnesty International, etc. (alors qu'en fait, ça semble bien évident maintenant ). Il faudrait absolument que j'essaie de voir plus en profondeur comment cette notion s'est construite, comment on a pu les construire, etc.
Le problème, c'est qu'elles-mêmes affirment (-eraient ?) que c'est bien pour les deux raisons qu'elles sont seins nus.cocomilie;4052904 a dit :Ca m'insupporte les débats autour de Femens, bien que leur démarche soit assez ambiguë.. Enfin pour moi, le fait qu'elles manifestent à poil c'est leur manière de reprendre le pouvoir sur le corps féminin, la société sexualise les seins, on doit les cacher, et elles, elles les montrer sans tabous. Après bon c'est peut-être pas la meilleure façon qu'il soit puisque les gens pensent qu'elles utilisent leur corps comme un objet sexuel, pour faire parler d'elles, alors que le féminisme est "sensé" combattre ce genre de pratique, mais je pense juste que ces gens ne veulent s'arrêter qu'à ce qu'ils voient, sans se renseigner sur le mouvement. Oui il y a sans doute de la provocation derrière (je parle de leurs manifs "softs", celles où elles sont à moitié à poil déguisés en nonnes), mais enfaite quand on voit l’invisibilité des assoces féministes malgré le boulot qu'elles font, je me dis que c'est une manière de se rendre visibles. Enfin bon certes c'est pas la bonne méthode, et ça rend pas les féministes très sympathiques, mais ça n'empêche que les petites réflexions à la con sur leurs seins ça commence vraiment à m'énerver.
"we are talking about peaceful war, peaceful terrorism," Inna said. "We are taking off our clothes so people can see that we have no weapons except our bodies. It's a powerful way to fight in a man's world. We live with men's domination and this is the only way to provoke them, the only way to get attention."
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"There is an ideology behind protesting topless, but we quickly realised that if we took our tops off and screamed loudly it was a good way to get attention," Alexandra Shevchenko, one of Femen's founders, said. "It works. Of course, people talk about our nakedness, but they are also listening to our message."
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(Je n'ai pas de citation sous la main où elles affirmeraient qu'il y a aussi l'idée d'une revendication du corps, seulement des citations de journalistes qui affirment que ça l'est - mais l'interprétation des Femen peut être très différente de celles des journalistes :erf.
Donc oui, ça peut parfois brouiller un peu le message...
D'ailleurs, je trouve cette démarche paradoxale, mais pas dans le sens où elles se battent contre le sexisme tout en utilisant leur corps, et donc éventuellement on se servant de la réification du corps féminin qui prévaut dans notre société patriarcale (je sais que ça dérange plusieurs personnes, et je peux tout à fait comprendre pourquoi) - « Quel peut être l’effet produit par cette photo de groupe [dans Les Inrockuptibles] sur les femmes moins jeunes, ou jeunes mais moins favorisées par le hasard génétique ? interroge Claude Guillon. Le même effet que le terrorisme publicitaire et machiste que le féminisme ne cesse de dénoncer. Cette photo est pire qu’une maladresse, c’est un contresens politique. » Mais dans justement dans cette phrase d'A. Schvenchenko "It works. Of course, people talk about our nakedness, but they are also listening to our message./Et ça fonctionne. Bien sûr, les gens parlent de notre nudité, mais ils écoutent aussi notre message.". Je trouve ça très naïf en fait. [Edit : oui, j'avais oublié une phrase, désolée )
Je trouve que les médias nous ont montrés (et nous montrent toujours) que finalement, leur mode opératoire n'est pas si efficace, qu'il a beaucoup de limites. Oui, en un sens, il est efficace : on sait qu'elles existent, on les connaît, on entend vaguement parler de leurs happenings, on les voit. Mais est-ce qu'on les écoute ? Je n'en suis pas si sûre en fait... Au mieux, leur message entre dans une oreille, et ressort directement par l'autre. Oui, c'est une manière de faire efficace : mais j'ai bien peur qu'elle ne soit qu'efficace que superficiellement. Si on demande à individu lambda de nous parler des Femen, serait-il capable d'aller plus loin que "seins nus" ?
« On sait de quoi les médias ont besoin.Du sexe, des scandales, des agressions : il faut leur donner. Etre dans les journaux, c’est exister. » Inna Shevchenko. Elles existent médiatiquement, c'est un fait. Sauf que, I. Shevchenko a raison sur un point : sur ce qui intéresse les médias. Si elles écrivaient des bouquins tranquillement chez elles, donneraient des conférences, tout en restant habillées, elles n'auraient certainement pas obtenu cette exposition médiatique - c'est triste hein, absolument pas cautionnable évidemment. Donc oui, elle a raison : les médias s'intéressent à leur happening parce qu'ils contiennent souvent une dose plus ou moins grande de provoc et parce qu'on y voit des seins. Seulement, les médias, sauf à la limite s'ils sont déjà sensibilisés à cette question et s'adresse à un public qui y est lui aussi sensibilisé, ne vont s'intéresser qu'à ça. Je ne sais plus où j'avais lu ça, dans quel article, mais j'avais trouvé ça très juste : en gros, il était dit qu'on écrivait trois paragraphes sur leur nudité, et une ligne sur leurs idées (un truc du genre, c'est une restitution faite par quelqu'un qui n'est pas capable de retenir quelque chose plus de trois secondes )
Peut-être que c'est aussi une limite qui est une conséquence directe avec le fait qu'elles se disent (et agissent selon) une sorte de féminisme in-intellectualisant. Est-ce qu'on peut construire, transformer une société seulement sur des happenings et des provocations ? Imaginons qu'elles arrivent réellement à lancer le débat dans ce qu'on appellera des cercles non-féministes ou non sensibilisés à cette question (je ne sais pas si elles y arrivent ou non ; je me considère comme sensibilisée au féminisme et je crois que toutes les questions qu'elles ont abordé l'ont été auparavant sur ce topic, et que j'ai déjà eu l'occasion de me faire - ou tenter de me faire - une opinion sur ces sujets), est-ce qu'il est vraiment suffisant de "seulement" lancer le débat sans après vouloir y prendre réellement part d'une manière ou d'une autre ? Parce que je ne pense pas qu'on puisse vraiment convaincre grâce à un seul petit slogan provocateur de trois mots - interpeller au mieux, mais convaincre ? non. Cette manière de faire me fait penser à la "polémique" qui avait suivi l'interview du collectif La Barbe par le Petit Journal : les happenings (ou certains) peuvent être intéressant, peuvent toucher un point intéressant ou problématique ; mais malheureusement, aucun discours n'arrive à être construit derrière - le discours ne suit pas.
Et par conséquent, si le discours ne vient pas, si la théorie qu'on retrouve dans les conférences et les livres (peut-être pas très attirante ; mais ne serait-elle pas nécessaire ?) est au pire inexistante, au mieux faiblarde sur les plateaux télés, les médias vont forcément s'intéresser à... l'image, seulement, et donc en l'occurrence, leurs seins. Ouroboros, cercle vicieux, serpent qui se mord la queue, etc.
(Et en plus de ça, je ne trouve pas leur discours cohérent, pas assez approfondi, réfléchi. Assez naïf, parfois à la limite de l'idiotie par trop de simplification (?)/simplicité et de sophismes, et presque dangereux parfois).
(J'ai l'impression que ça fait un peu de l'"anti-Femen primaire", alors que ce n'est pas du tout ce qu'il faut y comprendre hein Et évidemment, même si je ne me sens pas Femen dans l'âme, je trouve que le déchaînement de violence n'est absolument pas excusable - comme tous déchaînement de violence d'ailleurs).
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