Je suis d'accord avec toi sur la prépondérance de l'amour dans la fiction.mamiecaro;4052322 a dit :J'en profite pour rebondir sur un truc qui m'a sauté au visage récemment alors que c'était évident : dans les films, les séries, etc, pour un personnage féminin, en général, le bonheur et l'accomplissement final, c'est trouver l'amour. Point barre.
Dans les comédies romantiques (films "formatés" pour filles), l'histoire s'arrête bien souvent quand elle est enfin en couple avec celui qu'elle convoitait.
Et dans les films "formatés" pour hommes (en fait, à peu près tout le reste...), la fille n'existe que dans le but d'être l'intérêt amoureux. (Je veux dire, même dans Avengers, il FAUT que Black Widow ait une histoire avec un des mecs.)
Un personnage masculin, par contre, son but dans la vie (en tout cas dans le film), ça peut aussi être de trouver l'amour, mais ça peut être à peu près n'importe quoi d'autre : sauver le monde, monter une entreprise, arrêter un meurtrier, sauver le monde, faire du surf, renforcer les liens avec son père, trouver le Graal, ou pourquoi pas sauver le monde.
Ça, ce n'est pas une nouveauté, mais ce qui m'a vraiment sauté à la figure, c'est l'impact sur ma propre vie. Je me suis demandé : qu'est-ce qui est le plus important pour moi dans ma vie ? Et la réponse est sans appel : mon couple. Et je me suis demandé : pour combien de femmes cette réponse est-elle aussi évidente ? Et pour combien d'hommes ?
Je crois que j'ai déjà cité ici un bouquin qui m'avait marqué sur le sujet c'était L'invention de la culture hétérosexuelle par le militant homosexuel Louis-Georges Tin. Il y a des passages qui ne m'ont pas convaincus et que j'ai trouvé très partisan mais le coeur du sujet était très intéressant.
Je l'ai lu il y a pas mal de temps donc je ne me souviens plus trop des détails mais en gros, il voulait démontrer que la valorisation absolue de l'amour hétérosexuel (c'est la plus belle chose au monde, sans lui la vie n'a pas de sens, il faut tout lui sacrifier) était une invention relativement récente.
Dans son bouquin, il soutient aussi la thèse quelque part que l'amour est devenu une idée force pour maintenir les femmes dans leur condition. Puisque l'amour est la plus belle chose au monde et que sans lui, la vie serait incomplète et triste, les femmes feraient sûrement mieux de garder leur couple et leur famille plutôt que d'avoir des ambitions qui risqueraient de leur faire perdre tout ce bonheur magnifique au profit de choses moins fantastiques.
En plaçant aussi l'amour en centre d'intérêt numéro un (parce qu'il est soi-disant la chose la plus importante au monde), on les désinvestit aussi potentiellement de plein d'autres choses.
Ce bouquin m'avait beaucoup frappée parce que même si je n'ai jamais eu pour priorité le couple ou trouver un copain, je pensais quand même qu'à terme ce serait indispensable pour avoir une vie complète et heureuse. Et de temps en temps, je me demandais si je faisais bien de négliger tout ça au profit d'autres activités et modes de vie qui me plaisait vraiment. Je me disais "et si je me réveille à 35 ans toujours seule? Tout le monde dit qu'on le regrette, qu'on finit triste quand on ne se préoccupe pas à temps de l'amour... Il faut que je fasse attention."
En lisant ce livre, j'ai remis les choses en perspective : je me suis dit qu'effectivement, il y avait quand même une sorte de propagande pour que je sois persuadée que "trouver un mec" serait quelque chose d'indispensable pour être toujours heureuse dans dix ans alors que je n'ai jamais été amoureuse et que je suis très contente de ma vie. En gros, la culture qui nous entoure depuis des siècles crée un manque de quelque chose (l'amour) avant même qu'on le connaisse!
Quand certains d'entre nous sont désespérés parce qu'ils n'ont jamais eu l'occasion de tomber amoureux et qu'ils font une quête frénétique pour y arriver, c'est qu'il y a bien une construction sociale...
Et quand on est focalisé sur un rêve qui n'est à l'origine pas exactement le nôtre, on prend le risque de s'aveugler et de ne pas voir certaines choses autour de nous.
Ceci dit, concernant la prédominance dans l'amour dans la production culturelle, je crois que ce n'est pas réservé aux femmes.
Les personnages hommes aussi sont censés faire passer ça avant et quand ils ne le font pas, on les montre assez négativement quand ils ne sont pas carrément méchants. Du style le héros qui a perdu sa femme parce qu'il n'a pas su la faire passer avant son travail est montré comme quelqu'un de seul et plein de regrets... et si on ne veut pas le laisser trop galérer, on lui fait rencontrer une nouvelle femme, comme si c'était indispensable au "package bonheur". Même les héros qui choisissent de larguer leur copine pour la protéger se retrouvent rapidement avec une autre qu'ils "aiment moins" mais avec une autre quand même, comme si ne pas en avoir serait trop tragique.
Dans les genres que tu pointes, la comédie romantique va logiquement faire passer l'amour avant tout car c'est une comédie dont le but de l'histoire est de parler d'amour
Par contre, les films d'action n'ont pas ce but-là et sont donc moins focalisés sur le couple.
La différence entre hommes et femmes vient surtout du fait que les hommes sont plus les personnages centraux des films d'action alors qu'ils sont plus secondaires dans les films romantiques (le personnage principal étant plutôt l'héroïne).
Mais dans les comédies romantiques, ils font aussi des sacrifices pour leur petite amie.
Ce contenu est réservé aux membres inscrit.es. Inscris-toi par ici.
A l'inverse, quand une héroïne est au centre du film d'action, son histoire d'amour devient secondaire.
Ce contenu est réservé aux membres inscrit.es. Inscris-toi par ici.
Et sinon que l'amour est perçu unanimement comme la valeur qui pulvérise tout...
EDIT : Désolée pour l'édition 30 minutes plus tard mais mon Internet est teeeeellement pourri... :/
Dernière édition :