@MorganeGirly Merci pour tes posts

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Enfin je n'ai rien lu de Ken Follett, mais ce traitement des personnages féminins est tellement répandu dans le genre historique que je me demande si on ne peut pas parler de trope.
Moi en te lisant j'ai directement pensé à deux bouquins pour ado (que vous avez peut-être lus) (et comme c'est pour ado je crois pas qu'il y ait de viol) :
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L'espionne du roi-soleil d'Annie Pietri => époque Louis XIV (non sans blague)
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Betsy et l'empereur de Staton Robin => sur Napoléon
(je les avais adorés à l'époque).
Il doit y avoir d'autres bouquins que j'ai lus et qui recourent au même type de personnage, mais là je n'ai que ceux-là en tête.
On retrouve évidemment le trop de la meuf qui a "ce qu'il faut" de "masculin" :
- elle est audacieuse
- pleine de franc-parler, elle ose remettre un roi ou un empereur à sa place
- sportive (elle monte à cheval)
- elle envoie chier ses parents ou ses chaperons si besoin
- elle se déguise en homme de temps en temps
Et "ce qu'il faut" de "féminin" :
- elle est très belle (tout au plus elle a une beauté "originale", "différente", c'est un "défi"

)
- elle se révèle notamment être super magnifique quand elle enfile enfin une robe magnifaïque pour le bal
- elle est quand même dévouée à sa famille
- elle subit un chagrin (éventuellement d'amour), chagrin consolé de préférence par un jeune premier
Donc bon, tout ça pour dire que je trouve ça sincèrement cool qu'on ait des livres avec des héroïnes en relief. Mais pourquoi ont-elles besoin de "ressembler à des hommes" pour être intéressantes ? Comme le dit MorganeGirly, c'est faussement progressiste, car on fait semblant de renverser les genres, sauf qu'en fait non, on fait même subir une double peine aux personnages féminins qui ont le malheur de ne pas avoir AUSSI les qualités attribuées aux hommes (parce que les femmes vous comprenez c'est futile).
J'ajouterai que très souvent, l'auteur a recours à un procédé hyper subtil : l'héroïne en question a une soeur (jumelle ou plus âgée) qui est censée être plus belle sauf que bon c'est une fâme comme les autres donc elle est douce et plus superficielle, on va quand même pas en faire une héroïne.
Et du coup avec ce trope de l'héroïne badass garçon manqué, je ressentais vraiment à l'époque une espèce de double injonction qui me déplaisait, d'autant plus que certains bouquins "rataient" totalement ces personnages de jeunes filles badass et ne faisaient figurer que des héroïnes en vérité absolument insupportables

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En fait en réfléchissant à ce que je lisais étant enfant, je me dis que c'est peut-être les
Alice Détective (en VO,
nancy Drew) qui ne s'en sortaient pas trop mal sur ce point (malgré leurs défauts)

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En effet, l'héroïne est une jeune fille. Bon on peut trouver que c'est un personnage qui "met la pression" parce qu'elle est belle, intelligente, sportive et populaire... (et bien sûr, elle est blanche, blonde, cis, hétéro, de classe aisée...)
Mais au moins, elle a des hobbies de fille : elle kiffe bien se saper, et c'est pas mal vu, c'est jamais montré comme étant ridicule ; il y a d'ailleurs même un épisode de la série qui se passe chez un grand couturier ; elle aime aussi danser. Elle a des amies filles (Bess et Marion). On voit aussi son keum (Ned Nickerson)... notons qu'il est qualifié de "chevalier", amis de "chevalier servant" haha.
Et en même temps c'est pas un stéréotype : elle fait du sport, voyage seule, résout des enquêtes toute seule comme une grande, elle aime les voitures et conduire...
Il y a plusieurs hommes dans son univers, mais ils ne sont pas écrasants : son père l'aide souvent mais elle lui sauve la vie au moins une fois ! Quant à son mec Ned, il fait plutôt de la figuration, il l'aide peu dans ses enquêtes, de mémoire, et ne lui vole jamais au grand jamais la vedette.
Je précise que je parle de ceux que j'ai lus, donc les "anciens", principalement ceux écrits par Mildred Wirt Benson et Harriett Adams (toujours sous le nom de Carolie Quine). La série a depuis eu de plus en plus de
ghost writers, je ne sais pas si le personnage a gardé ces caractéristiques.
Voici ce qu'en dit Wikipédia :
Le destin d'
Alice débute en 1929, à une époque où les mouvements féministes des
années vingt avaient stimulé la littérature destinée aux filles et avaient créé un public prêt pour des personnages féminins ayant du cran
3.
Edward Stratemeyer invente alors une héroïne aimant l'aventure, courageuse, intelligente, cultivée et dotée d'un sens moral à toute épreuve : un personnage moderne, loin des stéréotypes des romans pour jeunes filles d'alors.