morganegirly;4548015 a dit :mamiecaro;4547964 a dit :Ben en fait... ce n'est peut-être pas si faux - mais pas dans le sens où lui l'entend.
Dans une société patriarcale, le travail des femmes est considéré comme ayant moins de valeur (ce qui ne veut évidemment pas dire que ce soit vrai). J'avais lu un truc (je ne sais plus où... ici ? Tumblr ? Pas le temps de chercher) comme quoi en Russie, le métier de médecin fait partie des moins bien payés. En effet, le métier est peu valorisé, or il est principalement exercé par... des femmes.
Dans une société sexiste, il existe un vrai lien entre féminisation et perte de prestige. Là où on n'est pas d'accord avec le type dans cet article, c'est que ce n'est pas "inéluctable"... en tout cas, pas si on essaye de lutter contre le sexisme.
Petite parenthèse par contre, pour la Russie, ça m'étonnerait que ce soit lié principalement à la féminisation car en règle générale tous les boulots de fonctionnaire sont payés une misère, incluant des métiers peu féminisés comme soldat ou flic, ce qui est une des raisons de la corruption "ordinaire".
D'autre part, la féminisation des fonctions type médecin existe depuis les débuts du XXe siècle car l'Union soviétique donnait une place relativement importante aux femmes et assurait un minimum d'égalité professionnelle.
Ce n'est pas tout-à-fait la même situation qu'en France, donc... et je pense que l'analyse féminisation de la médecine en Russie = mauvais salaire est un peu simpliste.
Je plussoie totalement, il n'est en général pas très pertinent de calquer le sexisme russe sur le français, tout simplement parce que l'histoire du droit des femmes en URSS est complètement différente de celle de la France et de la plupart des pays d'Europe de l'Ouest:
- droit de vote, mariage civil et droit à divorcer, salaires égaux accordés dès 1918 (ou 1919?), instaurations de crèches pour lutter contre la mortalité infantile, ainsi que d'autres systèmes de garde d'enfants, et un congé maternité (payé à taux plein) de 8 semaines, l'homme comme la femme peuvent posséder des biens personnels
- abolition de l'interdiction de l'avortement dès 1920, c'est le premier pays du monde à l'avoir fait (mais interdit de nouveau en 1936 sous Staline pour relever un peu la natalité, le pays étant saigné démographiquement par la Terreur puis par la "Grande Guerre Patriotique" (1941-45), puis rétabli en 1955) -> ce qui explique d'après moi en partie d'ailleurs pourquoi l'avortement est encore de nos jours considéré, en Russie comme dans d'autres pays d'ex-URSS, comme un moyen de contraception, les moyens de contraceptions "pratiques" et "fiables" (pilule, etc) s'étant développés plus tardivement, et les "habituels" pour l'époque étaient pénalisés par les pénuries liées à l'économie, dont... le caoutchouc.
- politique d'informations sur la contraception
- taux d'emploi équivalent à celui des hommes (faut dire qu'à l'époque, les chômeurs finissaient en prison)
- etc
(je ne suis pas hyper sûre sur tous les chiffres, mais c'est au max 1-2 années de différence dans les dates)
Tout n'était pas rose, et les femmes se sont retrouvées victimes collatérales d'un certain nombre de réformes, comme la NEP, en 1921, et du "Nouveau Code de la famille" de Staline en 1936.
Ces acquis féministes "à marche forcé" ont aussi peut-être été "trop" en avance sur les mentalités, qui restent aujourd'hui très machistes.
S'il a existé plusieurs groupes féministes au sein du PC soviétique, l'histoire militante est radicalement différente que celle qui prévalait en Europe de l'Ouest.
Les comparaisons sont du coup à toujours prendre avec des pincettes.
Par contre, si il y a égalité de salaires entre hommes et femmes de nos jours en Russie (spoiler: tout le monde est mal payé, les médecins le sont autant que les profs ou les ouvriers, avec mes 120 euros par mois j'étais dans la tranche haute des salaires de ma ville...), on peut voir quand même un déséquilibre au niveau du travail non qualifié.
Ainsi, ce que j'ai pu observer, en province, c'est un schéma assez classique au niveau des étudiants:
- le jeune homme comme la jeune femme font leurs études
- tout de suite après ils se marient (ne pas être marié après 23 ans/25 ans est très mal considéré, et les enfants nés hors mariage n'ont pas les mêmes droits)
- ils ont directement un enfant car on ne parle de contraception aux jeunes qu'après, au choix, la première grossesse ou le premier avortement (et n'en feront pas d'autres, cf l'un de splus bas taux de natalité du monde, et l'économie du pays qui n'incite pas à en faire plus qu'un (aucune prestation familiale telles qu'on en a en France)
- la femme n'a pas encore de travail qu'elle n'en cherche déjà pas un, pour s'occuper de son enfant
- quelques années plus tard, elle s'ennuie chez elle, du coup elle prend un emploi généralement à mi-temps et peu qualifié (caissière, etc), sans lien avec ses études passées.
Je ne dis pas que tous prennent le même chemin, mais c'est quelque chose qui n'était pas rare, là où je vivais (en province).
Voilà voilà, un petit topo, si la situation du droit des femmes en URSS / Russie intéressait quelqu'un
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