@Ada or ardor
Oui, je suis d'accord, mais je trouve ça super-étrange quand même : pourquoi ne s'y mettre que maintenant, alors que ça fait des années que ça existe, que c'est présent dans le paysage politique ?
Et pourquoi on ne les voit pas soutenir d'autres mouvements féministes ? En fait on dirait qu'elles ne s'engagent en premier lieu pour que le sexisme en politique s'arrête, et ensuite seulement on s'occupera des femmes qui ne sont pas dans les milieux politiques. Je suis d'accord avec toi sur le fait que Nathalie Arthaud est maladroite, mais si tu veux, dans le fond, elle a raison : pourquoi en parler seulement maintenant ? Qu'est-ce qui a changé pour qu'on en entende parler maintenant ? Et pourquoi, quand ça touche des femmes politiques, on en parle plus ? Pour le coup, je suis d'accord avec Nathalie Arthaud : malgré leur condition de femme, elles ont le pouvoir. Je pense qu'il faut jamais oublier ça, parce que ce qu'elles vivent se retrouve dans toutes les situations de la vie, mais que elles, contrairement à nous, elles ont le pouvoir de le dénoncer.
Alors l'argument principal c'est que c'est des agressions qui touchent à leur personne : elles n'étaient pas forcément prêtes, psychologiquement et professionnellement, à encaisser le coût d'une révélation. Et je pense qu'il ne faut pas sous-estimer la force du collectif pour faire bouger les choses (qui justifie le fait qu'on aie une révélation organisée de toutes les affaires en même temps). Néanmoins, je me permets de m'interroger sur l'aspect progressiste d'un tel mouvement : on va parler d'elles, on va dire que le sexisme EN POLITIQUE c'est très mal, et ensuite ? Qu'est-ce qui va bouger ? Elles dénoncent, encouragent, elles demandent aux partis de vérifier, mais concrètement, qu'est-ce qui va être fait pour encourager par exemple ? Est-ce qu'on va créer une indemnité pour dédommager les femmes virées parce qu'elles ont dénoncé leur patron harceleur ? Est-ce qu'on va sanctionner les policiers qui font passer les plaintes pour viol en main courante ? Est-ce qu'on va offrir une aide juridique aux victimes pour mener à bout leurs procès ? Pourtant, ça, c'est le genre de trucs qu'elles peuvent faire, vu que certaines ont été/sont ministres. Ou au moins, c'est des trucs qu'elles peuvent proposer, étant députées ou sénatrices ?
En plus, on dirait, comme disait
@madmoizelle N que l'on découvre le sexisme et le harcèlement sexuel dans cette affaire. "L'impunité, c'est fini. Nous ne nous tairons plus. Nous dénoncerons systématiquement toutes les remarques sexistes, les gestes déplacés, les comportements inappropriés. Nous encourageons toutes les victimes de harcèlement sexuel et d'agressions sexuelles à parler et à porter plainte." Oui enfin c'est pas comme s'il y avait déjà des genTes qui avaient pris ce genre d'initiatives avant elles. Elles étaient où, quand il s'agissait de défendre ces personnes-là, par leurs moyens propres d'expression (une tribune dans Libé signée par Cécile Duflot et Emmanuelle Cosse pour la pénalisation du harcèlement de rue, ça aurait eu un sacré impact quand même, et ce sans avoir à parler de ce qu'elles ont pu subir personnellement) ?
Si tu veux, je trouve ça très triste pour elles qu'elles aient eu à subir ça, et je trouve ça très courageux de leur part d'en parler. Simplement, elles ne prennent pas de risque. Si tu veux, c'est facile pour elles de se faire les fers de lance de la lutte contre le sexisme quand on arrive après l'avant-garde qui a permis que leur action soit possible. Si tu veux, je suis toujours étonné de voir à quel point on ne parle pas des personnes qui elles ont pris des risques pour dénoncer le sexisme, et qui ont payé pour ça. Leur intention est louable et leur colère est légitime, mais se poser en pionnières révolutionnaires comme le sous-entend Duflot ("nous ne nous tairons plus" moui, c'est pas non plus comme si avant toi, tout le monde se taisait, il y a eu des personnes qui ont pris la parole sur le sujet avant). Et c'est vraiment ça qui me dérange profondément, c'est qu'elles n'en ont pas conscience, mais même si elles essaient d'inclure les femmes plus basses qu'elles dans l'échelle sociale (et elles s'y prennent mal), ça reste un genre de white feminism qui prend les devants pour mieux effacer les mouvements des gens plus dominés.