@Allitché Ça remonte à quelques pages mais merci d'avoir partagé ces articles sur le choix, c'est aussi un sujet sur lequel je me pose beaucoup de questions et des fois j'ai l'impression qu'on balaie la difficulté en disant que tout choix d'une femme est à respecter en tant qu'acte féministe émancipateur, quand bien même le choix ne diffère en rien d'une norme consumériste et patriarcale.
En faisant ça on retire tout le contenu, le sens et les circonstances du choix pour seulement garder la forme de choix. Enfin ça ça marche bien quand le choix se porte sur des choses bien occidentales, pour le voile par exemple on est bien contents d'oublier la notion de choix et le contexte pour vendre une espèce d'équation toute faite, immuable et fantasmée qu'est voile = aliénation de la femme à l'homme, c'est un peu le travers inverse.
En fait, et c'est ce que dit ton article, il faut souvent savoir respecter ce qui n'est pas féministe en soi tout en ayant conscience que ce n'est pas féministe et c'est pas évident en fait, on doit accepter de soi et des autres de ne pas être irréprochables selon notre idéologie (parce que, liberté) sans chercher à le légitimer entièrement ni à se culpabiliser pour autant. Je pense que se poser des questions et réintroduire du doute là où on aimerait que les choses soient stables c'est important, même si ce n'est pas nécessairement à la portée de tou-te-s au même moment et sur les mêmes choses, la démarche vaut probablement plus que le résultat.
Là-dessus en plus de se demander qu'est-ce qui influence le choix, je dirais que c'est toujours important de se poser la question : qui ou qu'est-ce qui permet le choix ? Parce que le choix apparaît souvent au grand jour quand il y a des genTes qui décident de briser une règle, et ces genTes paient bien souvent un prix très élevé pour garantir aux autres une alternative (pas toujours bonne d'ailleurs, parce que ça marche avec tout ce schéma). Chaque personne qui les rejoint diminue le prix qu'ils/elles paient en rendant la chose plus acceptable pour qu'à la fin toutes les alternatives se valent dans leur coûts.
Prenons l'exemple de la jupe et du pantalon, aujourd'hui on est libres de porter l'un ou l'autre (quelques circonstances peuvent influencer notre choix mais on a plus à faire à la loi, ni à des normes très fortes) et dans un environnement safe on peut penser, qu'en tant que femmes cis, on ne paie pas beaucoup plus cher le fait de porter l'un ou l'autre, et ce grâce à des femmes qui ont bravé la loi et qu'on a imité. Pour l'épilation c'est un peu la même histoire qui s'écrit, actuellement c'est les femmes qui prennent le risque d'être moquées par leur entourage qui ouvrent la porte au choix, pas celles qui se conforment à la norme, et ça me gonfle un peu d'entendre sur mad que c'est kif-kif. Bien entendu on fait ce qu'on veut, moi-même je suis faible face au poil, mais d'un côté t'as une grosse injonction à être belle selon des critères arbitraires et de l'autre tu as des genTes qui soutiennent une autre vision du corps (ou qui veulent seulement ne pas se faire chier), si aucune fille avec une conscience féministe ou non ne rejoint les second-es alors le choix peut tout simplement finir par disparaitre parce qu'il y aura plus personne pour le porter.
Je sais qu'on peut pas tout-e-s se battre constamment, mais je trouve ça cool de se dire qu'on peut créer de la liberté, et je trouve ça dommage qu'on le noie derrière un "tous les choix sont égaux", non, mais ça ne veut pas dire qu'ils se jugent en bons/mauvais ou en respectables/non-respectables.