Moi, je pense que ce que tu dis correspond plutôt à "antihéros" car je place vraiment "bad boy" dans une catégorie spécifique. C'est vraiment personnel comme point de vu car j'assimile le terme "bad boy" vraiment à la pop culture et surtout à un cliché assez récent.
Oui c'est vrai que la frontière peut être fine et je comprends toutes les distinctions que tu fais qui se justifient totalement.
L'antihéros c'est l'inverse du héros, celui qui a des qualités contraires à celles du héros (ex: un mec dépressif qui s'ennuie dans sa vie, un type qui détruit tout autour de lui, celui qui veut l'échec de la morale etc.) alors que le bad boy c'est qui ne se conforme pas au comportement jugé moralement acceptable. Donc oui, c'est parfois dur de faire la distinction entre les deux, surtout si on a en plus la figure de l'antagoniste comme tu le démontres bien!
Ceci dit, le bad boy est quand même né bien avant le 21e siècle, ce n'est pas juste un produit de la pop culture d'aujourd'hui. C'est déjà comme ça qu'on décrivait Marlon Brandon à la fin des années 40 ou les héros de West Side Story dans les années 50. Donc pour moi, c'est un terme qui a quelques décennies et qui est appliqué à un concept qui n'a rien de nouveau.
C'est le mec pas fréquentable, celui dont on dit aux jeunes filles de se méfier. Typiquement, le motard en blouson noir dans les années 50 ou le cancre de la classe qui répond aux profs dans les années 90.
Dans les années 40-60, le bad boy est assez souvent un parallèle de la fille qui se sent étriquée dans sa vie, avec une famille qui la contrôle pour son bien. Les personnages de Marlon Brando and co sont souvent des "échappatoires" à une vie de conventions pour l'héroïne. Je trouve que c'est d'ailleurs un peu sexiste quand les critiques se bornent à dire que la fille recherche "une vie plus excitante". Quand j'étais jeune et que je regardais les vieux films de bad boy, j'avais surtout l'impression qu'elles avaient envie d'envoyer valser les injonctions à être la bonne fille pour se libérer d'un milieu qui leur imposait des contraintes sexistes. Sauf qu'elles n'avaient pas les outils pour l'analyser ainsi et tombaient donc sous le charme du premier mode de vie "différent" qu'elle croisait.
Ces bas boys-là ne sont pas nécessairement des antihéros mais ils peuvent effectivement l'être.
Ceci dit, je comprends que tu utilises une version très moderne de ce terme et plutôt appliqué aux univers "adolescents" (parce que le bad boy est quand même assez cliché et on le retrouve moins dans les univers adultes récents).
Mais pour moi si Dom Juan ne peut pas être classé comme un bad boy, je ne vois pas ce qu'est un bad boy
Il brise des coeurs, il se moque de l'autorité, il va à l'encontre de la loi... C'est le bad boy typique! Oui, peut-être que c'est anachronique de parler de bad boy chez Molière mais si on fait un film en mode reboot de Dom Juan avec les mêmes dialogues mais joué par des ados américains, ce sera clairement un bad boy
C'est exactement le gros problème. Les "bad girls" ne sont pas très aimées par le public, disons qu'elles font exactement les mêmes choses que le bad boy, elles seront détestées:
Je suis pas sûre là non plus. Si je parle de "bad girl" c'est vraiment l'équivalent du bad boy. Je ne parle pas de "la garce" qui pique le mec de l'héroïne ou fait des sales coups dans le dos des autres mais de la nana qui ne respecte pas les règles du jeu, a un sens de l'humour acerbe et quand même un peu de morale cachée c'est à dire qu'elle est capable d'héroïsme. La bad girl de
Buffy par exemple c'est Faith et elle est méga-populaire!
Je connais pas super bien
The Vampire Diaries parce que j'ai regardé seulement quelques épisodes dans le désordre mais est-ce que Katherine n'a pas régulièrement l'air plus cool qu'Elena?
Comme pour le bad boy, plus l'héroïne est "ennuyeuse" aka "conventionnelle", plus la bad girl va être populaire, parce que quand l'héroïne est aimée des fans, la bad girl retarde ses plans, d'où le fait que certains fans aient pu être hostiles à Faith dans Buffy, parce que Buffy était une héroïne populaire et peu conventionnelle pour son temps.
Je rajouterai également que beaucoup de films/livres/séries nous servent des pseudos bad boy, qui ne sont en aucun cas de vrais contestataires, puisqu'ils profitent de tous les privilèges que la société leur offre. Le premier exemple qui me vient à l'esprit est celui de Christian Grey, qui est jeune, beau, blanc, riche etc. mais bon voilà on lui donne un côté sombre et torturé pour le rendre plus attirant/attachant. Bien sûr, on peut avoir des privilèges et être malheureux, mais le problème, c'est que souvent ces fictions se concentrent uniquement ou en majorité sur les problèmes de ses pauvres bad boys (souvent des mecs cis hétéros), au détriment d'autres personnages qui sont déjà moins avantagés, et qui en plus ont beaucoup moins de visibilité dans les médias en général.
Alors pour moi, Christian Grey n'est ABSOLUMENT PAS un bad boy. Il répond même à pas mal de critères du beau parti, ce qui est quand même l'inverse du bad boy! Il est poli, beau, riche, privilégié, accepté par la société. La seule chose c'est qu'il a "une face sombre". Mais il correspond tout à fait au cliché de "l'homme idéal" en dehors de ça.
Dans les séries, les bad boys qui me viennent en tête ce sont : Pacey (Dawson), Drazic (Hartley Coeur à Vifs), Spike (Buffy), Chuck Bass (Gossip Girl), Lucas Hood (Banshee), Sawyer (Lost), Damon (Vampire Diaries), Daryl (saison 1 et 2 de Walking Dead, après il ne répond plus trop à la définition), Ryan (Newport Beach) etc.
Je connais pas trop l'histoire de Damon en détail mais à peu près tous les autres sont des parias de la société. Chuck Bass est certes riche et privilégié mais son propre milieu le méprise. Absolument PERSONNE n'aime Chuck Bass dans les premières saisons, et même à la fin de la série, très peu de personnages ont déclaré ouvertement leur affection pour lui en dehors de Blair, Lilly et Nate. C'est principalement parce qu'il fait des choses illégales (drogue, prostituée) qui sont présentées comme négatives, même dans son entourage pourtant pas si moral, et qu'il se moque ouvertement de l'autorité et de la puissance des autres (alors que les autres personnages respectent certaines règles du jeu ou font semblant).
La plupart des autres bad boys ont une famille dysfonctionnelle mais dans le sens "socialement mal vu" avec un ou les deux parents qui les négligent, ont des problèmes d'addiction, les ont laissés orphelins etc. Ils ont eux-mêmes des problèmes avec la Justice et/ou le système scolaire. Ils adoptent des comportements immoraux ou agressifs. Ils viennent souvent de milieux défavorisés ou moins favorisés que les gens autour d'eux. Jamais aucun parent de leur univers ne leur confierait joyeusement leur fille dès le départ.
Comme Marlon Brando ou les héros de West Side Story il y a 70 ans, les bad boys de série des années 90 à 2010 inspirent la méfiance, sont rejetés. Leur intrigue c'est souvent qu'ils ne bénéficient PAS des avantages de la société ou qu'ils ont été déclassés socialement mais que malgré la différence de milieux, ils séduisent la jeune fille de bonne famille. Après, ça ne veut pas dire qu'ils n'ont pas certains privilèges (le fait d'être cis et hétéros par exemple) mais ils sont rarement confrontés à des personnages gay ou trans...
Le bad boy n'est pas nécessairement contestataire ou en tout cas, il ne s'en rend pas nécessairement compte mais malgré tout, le seul fait qu'il demande à être respecté et accepté EST assez souvent contestataire dans son univers. Et je pense que beaucoup d'adolescentes peuvent se reconnaitre là-dedans.
Pour en revenir à 50 Shades, le principe du bad boy c'est quand même qu'il est clairement identifiable comme "attention mauvais garçon!", l'adolescente qui l'adule sait que ce n'est pas un choix "approuvé". Alors qu'un personnage comme Christian Grey rassemble tous les éléments du respectable en dehors de ses pratiques sexuelles, et c'est là où une lecture peu critique de ses aventures peut être néfaste.
Aussi la différence dans la relation amoureuse c'est que Christian Grey peut avoir toutes les filles et il choisit l'héroïne : elle est donc valorisée par ce choix. Elle repaye ce privilège en le rendant heureux. En revanche, le bad boy ne peut pas avoir toutes les filles qu'il veut puisqu'il jouit d'une très mauvaise réputation, c'est juste que l'héroïne sait voir au-delà des apparences premières et gomme ses côtés bad boy en le prenant sous son aile.
Après, je suis d'accord que ça peut donner un syndrome de l'infirmière à certaines filles mais je trouve ces intrigues du bad boy assez franches au final. Le paria de la société dont le coeur peut fondre est un total fantasme et je suis pas sûre que les ados vont se jeter dans les bras du premier dealer ou du premier ex-détenu parce que les séries les ont fait rêver avec ce genre de profils, à mon avis la distinction est assez nette avec la réalité (bon après, les ados peuvent être extrêmes et même chercher désespéremment à rencontrer un vampire hein donc ce que je dis n'est pas absolu
- et je précise qu'un ex-détenu a parfaitement le droit à l'amour mais je doute très franchement qu'il attirera une horde de jeunes filles de bonnes familles inspirées par
Lost ou
Banshee).
En revanche, les injonctions marquées en lettres subliminales dans des histoires comme celle de 50 Shades ou dans les intirgues de violences sexuelles qui ne sont jamais présentées de façon critiques comme celle Buffy/Spike ou Caroline/Damon, là oui, je suis entièrement d'accord, ça peut influencer durablement les esprits parce qu'il n'y a pas de discours qui contrebalance dans l'oeuvre elle-même.
Mais bon, après l'auteur de l'article original se référait peut-être exactement à la même chose que moi. Du coup, peut-être qu'il y a une sorte de malentendu parce que son terme "bad boy" englobe les mecs au comportement abusif plutôt que les mecs jugés "mauvais garçons" par la bonne morale