@just_in_case Je suis entièrement d'accord que le concept de "prostitution choisie" est particulièrement compliqué à évaluer et qu'il est donc très difficile d'avoir une position claire sur ces sujets.
Par contre, je ne sais pas trop à qui tu te réfères en parlant "des féministes" qui seraient pour la prostitution parce que je ne reconnais pas vraiment le discours des non-abolitionnistes dans ton texte
Du coup, tu peux donner des exemples de personnes à qui tu penses? 
Donc je ne sais pas quelle féministe dit qu'une personne qui est contre la prostitution est putophobe, c'est pour ça que je te demande des exemples parce que j'ai rarement entendu ça
Après, il y a aussi le fait que les législations interdisant la prostitution (dans notre système patriarcal avec une police parfois oppressive) ne protège que très rarement les prostituées, en tout cas en l'état actuel des choses. Au contraire, ces législations tendent à les pousser vers la précarité et une fragilité renforcée. Donc effectivement, certaines lois (comme la loi contre le raccolage passif) et certaines demandes abolitionnistes peuvent être qualifiées par certains militants de "putophobes" car elles nuisent aux prostituées. Mais ce n'est pas le fait que l'activité de prostitution soit ciblée qui pose problème, c'est bien le fait que ça pose des problèmes à des prostituées déjà très vulnérables.
En gros, beaucoup de non abolitionnistes semblent partager les mêmes objectifs que toi, sauf qu'ils estiment que les solutions pour l'abolition de la prostitution ne sont pas satisfaisantes et que les solutions légalisant la prostituion apporteront une meilleure protection aux personnes. Vous avez la même fin : la meilleure protection des prostituées possibles, mais juste pas les mêmes moyens.
A vrai dire, le discours de prostitution comme libération et un libre choix je me souviens seulement l'avoir lu tel quel dans certains ouvrages d'Elisabeth Badinter (que j'idôlatrais à une époque). Effectivement, elle disait qu'elle ne voyait pas le problème avec la prostitution sur le principe, et je dois dire que ses arguments n'étaient pas stupides mais ils étaient complètement différents des assos qui utilisent généralement le terme de "putophobie" (j'ai jamais entendu des féministes conventionnels blanches comme Badinter utiliser ce terme).
En gros, Badinter estime que la stigmatisation de la prostitution, c'est une façon de demander aux femmes de rentrer dans les rangs sexuellement. Parce que, toujours selon elle, il n'y pas de raison que se prostituter soit pire pour toutes les femmes que d'être obligée de prendre un emploi précaire et éprouvant comme caissière chez Lidl, femme de ménage aux horaires fractionnés etc. Certaines femmes pourraient préférer la prostitution à l'inhalation de produits WC avec un patron harceleur à 5h du matin. En outre, elle rappelait que de nombreuses femmes choisissent de se marier avec un homme qu'elles n'aiment pas spécialement pour le confort matériel ou le réseau, que ce type de mariage est encouragé dans certains milieux privilégiés encore aujourd'hui, et qu'il s'agit pourtant d'une forme d'échange sexuel contre de l'argent. Pourquoi plus stigmatiser la prostituée que la femme de bourgeois sans emploi?
Sur la théorie, je suis d'accord avec elle. Mais pour moi, Badinter est effectivement un exemple de femme privilégiée qui a tendance à confondre ses privilèges avec la réalité des autres. Donc sur le principe, ses concepts ne fonctionnent pas pour moi.
Bref, j'imagine que le discours que tu as entendu sur la prostitution dépend du milieu féministe que tu fréquentes, et peut-être est-il simplement plus proche de Badinter que des collectifs trans par exemple?
Par contre, je ne sais pas trop à qui tu te réfères en parlant "des féministes" qui seraient pour la prostitution parce que je ne reconnais pas vraiment le discours des non-abolitionnistes dans ton texte


Par exemple, là je ne vois pas du tout en quoi c'est une position "de féministes" de rendre "putophobie" et "opposant à la prostitution" synonymes. La "putophobie" ce n'est pas par rapport à la prostitution mais par rapport aux prostituées. La putophobie c'est tenir un discours humiliant, discriminant et insultant pour les prostituées. Alors, oui, il y a quelques cas où la critique de la prostituée et celle de la prostitution sont difficiles à distinguer, par exemple quand un père dit "Si ma fille se prostitue, je me suicide". Mais dans cette phrase, c'est le fait d'associer la prostituée à une honte qui est problématique, pas le fait qu'un père souhaite un autre avenir que la prostitution pour sa fille.Mais non maintenant si on critique la prostitution on est "putophobe", lolilol ! Et si on trouve qu'il y a des choses critiquables dans la pornographie bientôt on pourra plus le dire parce que c'est "pornographobe" peut-être ?
Il y a sérieusement des gens qui sont totalement ok avec la prostitution et qui ne voient pas les gros soucis de sexisme et d'exploitation qu'il peut y avoir derrière ?
J'ai une info : on peut totalement respecter les personnes prostituées, vouloir défendre leurs droits et les aider à avoir les meilleures conditions de vie possibles, tout en critiquant le système de la prostitution et tout ce qu'il compte de problématique. Tout comme on peut défendre les droits des femmes qui bossent dans la pornographie, ET critiquer le système de la pornographie en ce qu'il a de sexiste et de problématique.
Donc je ne sais pas quelle féministe dit qu'une personne qui est contre la prostitution est putophobe, c'est pour ça que je te demande des exemples parce que j'ai rarement entendu ça

Après, il y a aussi le fait que les législations interdisant la prostitution (dans notre système patriarcal avec une police parfois oppressive) ne protège que très rarement les prostituées, en tout cas en l'état actuel des choses. Au contraire, ces législations tendent à les pousser vers la précarité et une fragilité renforcée. Donc effectivement, certaines lois (comme la loi contre le raccolage passif) et certaines demandes abolitionnistes peuvent être qualifiées par certains militants de "putophobes" car elles nuisent aux prostituées. Mais ce n'est pas le fait que l'activité de prostitution soit ciblée qui pose problème, c'est bien le fait que ça pose des problèmes à des prostituées déjà très vulnérables.
En gros, beaucoup de non abolitionnistes semblent partager les mêmes objectifs que toi, sauf qu'ils estiment que les solutions pour l'abolition de la prostitution ne sont pas satisfaisantes et que les solutions légalisant la prostituion apporteront une meilleure protection aux personnes. Vous avez la même fin : la meilleure protection des prostituées possibles, mais juste pas les mêmes moyens.
Encore une fois, je ne connais pas beaucoup d'associations féministes qui soutiennent la position que tu décris. La plupart des assos non abolitionnistes ont tendance à être plutôt dans la tendance "féminisme intersectionnel", donc particulièrement sensibles à la situation des femmes étrangères, racisées, trans etc. Or, ces catégories sont justement surreprésentées parmi les prostituées. C'est donc tout à fait reconnu par la plupart des assos féministes que je connais que les prostituées sont en situation précaires et qu'il y a peu de chance que la prostitution soit choisie pour une partie de ces femmes... Sauf que l'abolition de la prostitution ne sort pas ces femmes de la prostitution et de la précarité dans les faits, donc la priorité n'est pas de lutter pour un concept théorique (la prostitution est une domination patriarcale donc on veut l'abolir) mais de lutter pour la sécurité de ces femmes. Et encore une fois, beaucoup d'assos en sont venues à la conclusion que la légalisation pouvait mieux protéger les prostituées que l'abolition car les prostituées pourraient alors se tourner vers la justice, bénéficier de la protection de la loi, d'un encadrement administratif etc., d'où l'idée de s'opposer à l'abolition.Et pendant ce temps des femmes pauvres doivent subir ces "viols tarifés" et souffrir, en plus de se faire silencier par des associations """féministes""" qui ne retiennent que ce qui les arrange : la prostitution comme libération, celles qui le vivent bien, pour qui c'est un libre choix et qui ne sont pas en situation de précarité... Encore une fois : tant mieux pour ces personnes-là. Mais celles qui ont la priorité, c'est celles qui en grande majorité se voient imposer ça et en souffrent, non ? Il me semble qu'on doit d'abord penser aux intérêts des personnes qui sont en difficulté et en situation de souffrance.
Au lieu d'être dans l'idéologie il faut être dans le concret : si on a un grand nombre de personnes qui souffrent d'une situation merdique on se débrouille pour les aider, c'est tout.
A vrai dire, le discours de prostitution comme libération et un libre choix je me souviens seulement l'avoir lu tel quel dans certains ouvrages d'Elisabeth Badinter (que j'idôlatrais à une époque). Effectivement, elle disait qu'elle ne voyait pas le problème avec la prostitution sur le principe, et je dois dire que ses arguments n'étaient pas stupides mais ils étaient complètement différents des assos qui utilisent généralement le terme de "putophobie" (j'ai jamais entendu des féministes conventionnels blanches comme Badinter utiliser ce terme).
En gros, Badinter estime que la stigmatisation de la prostitution, c'est une façon de demander aux femmes de rentrer dans les rangs sexuellement. Parce que, toujours selon elle, il n'y pas de raison que se prostituter soit pire pour toutes les femmes que d'être obligée de prendre un emploi précaire et éprouvant comme caissière chez Lidl, femme de ménage aux horaires fractionnés etc. Certaines femmes pourraient préférer la prostitution à l'inhalation de produits WC avec un patron harceleur à 5h du matin. En outre, elle rappelait que de nombreuses femmes choisissent de se marier avec un homme qu'elles n'aiment pas spécialement pour le confort matériel ou le réseau, que ce type de mariage est encouragé dans certains milieux privilégiés encore aujourd'hui, et qu'il s'agit pourtant d'une forme d'échange sexuel contre de l'argent. Pourquoi plus stigmatiser la prostituée que la femme de bourgeois sans emploi?
Sur la théorie, je suis d'accord avec elle. Mais pour moi, Badinter est effectivement un exemple de femme privilégiée qui a tendance à confondre ses privilèges avec la réalité des autres. Donc sur le principe, ses concepts ne fonctionnent pas pour moi.
Bref, j'imagine que le discours que tu as entendu sur la prostitution dépend du milieu féministe que tu fréquentes, et peut-être est-il simplement plus proche de Badinter que des collectifs trans par exemple?