Mais c'est vrai que j'ai aussi du mal avec ce féminisme universaliste (alors que quand j'avais 16 ans j'étais à fond). Parce que des fois j'ai l'impression qu'on se répète qu'on peut tout faire comme les hommes... sans se demander si c'est vraiment les hommes qu'on veut prendre pour modèles.
C'est ça le nerf du truc pour moi. Certes c'est vrai qu'une femme peut être aussi violente et oppressive que n'importe quel mec, mais ça en fait pas une raison pour l'être.
Avec ce féminisme de "on peut tout faire comme les mecs y a aucune différence", j'ai l'impression qu'on interroge la place des femmes dans le système, au lieu de questionner le système lui même.
Mais c'est ça le problème : pourquoi, tout de suite, tu parles de "tout faire comme les hommes" ou "d'être aussi violente et oppressive que n'importe quel mec" ?
J'en ai ultra marre qu'on parle des hommes comme s'ils étaient le mètre étalon pour tout et n'importe quoi. Comme s'ils représentaient l'universel, le normal, le standard, par opposition aux femmes qui seraient "les autres", les outsiders... celles qui essaient désespérément de faire comme les hommes.
Mais non, ce n'est pas qu'elles veulent être
comme les hommes, c'est simplement qu'elles veulent être libres d'être qui elles sont, sans être rangées dans des cases, sans qu'on leur renvoie sans cesse leur supposée nature féminine à la gueule, par opposition à la nature masculine qui représenterait pour elles une sorte de Graal à atteindre. Est-ce qu'on ne peut pas considérer tout simplement qu'il existe des individus, au-delà de leur genre et de ce à quoi il les assigne ? Nature vs. culture, c'est un débat sans fin et on n'aura probablement jamais la réponse, mais si on pouvait déjà arrêter de considérer le masculin comme l'élément universel à l'aune duquel tout doit se mesurer, ce serait un grand pas vers l'égalité.
L'enjeu c'est pas de faire "comme les mecs", c'est juste d'être soi-même en fait. Je ne sais pas ce que c'est d'être ou de faire les choses "comme un mec", je m'en tape complètement et ce n'est pas ce qui m'intéresse. Je veux simplement être moi-même, une personne complexe avec ses contradictions, sans qu'on me ramène sans arrêt à mon genre. Si je suis violente, ambitieuse ou profondément indépendante
(insérer ici n'importe quel trait historiquement rattaché au genre masculin), ce n'est pas par volonté de me prouver que je peux être comme les hommes ou que sais-je, c'est juste... parce que c'est moi.
C'est vraiment ça qui me révulse dans l'essentialisme, cette volonté d'enfermer les femmes et les hommes dans des carcans, de les opposer de manière catégorique pour ensuite venir dire aux femmes qu'elles ne sont pas "obligées de faire comme les hommes". Mais... je m'en fous de ça. Je ne suis pas un homme et je n'ai aucune envie d'en être un, je veux juste être moi ! Laissez-moi juste être qui je suis, qui j'ai envie d'être, pourquoi est-ce qu'on est toujours obligés de catégoriser les gens comme ça ?