@Destynova :
Sous spoiler pour les parties où je te reprends.
Quand on dit que c’est au dominant de faire un effort, ce n’est pas en vain ! C’est vraiment à eux de le faire. Nous on aura beau gesticuler, faire de la pédagogie et hurler notre rage, si les dominants ne veulent pas faire d’effort, ça ne mène à rien.
Dans le cadre d’une lutte globale, oui la pédagogie serait du soft power. La pédagogie au quotidien ok….pour apprendre à nos enfants, ok… mais pour ceux qui sont déjà là et qui freinent tellement des pieds, est-ce que ça suffit ? A terme cela marchera peut-être, enfin j’espère.
Cela dit, et je regrette de le dire, mais il n’y a que lors d’éclats de violence que nous avons finalement été écoutées. Les grandes avancées féministes ne se sont faites que dans la confrontation. Nos victoires on les a arrachées par un bras de fer avec les dominants.
Est-ce qu’en faisant de la pédagogie nous ne faisons qu’espérer ramasser des miettes ?
Est-ce qu’on doit faire des actions de rue ? Manifester tous les mois ? Doit-on se battre physiquement?
Et pourtant je suis non-violente. Je ne sais pas me battre, je n’ai jamais appris, je ne veux pas apprendre et pourtant une partie de moi reste fascinée bien que répugnée par la force brute et les stratégies de combat.
C’est une de mes contradictions. Je ne sais pas gérer la violence, et pourtant je la sais nécessaire aux combats pour les droits. Pourquoi ? Parce que le dominant ne comprend que les rapports de force.
De même je crois que la puissance de l’égo joue un rôle trop important dans ces affaires-là. Ils ne veulent pas être associé à cette violence et préfère la nier plutôt que de remettre en cause leur lien social. « Machin ne peut pas être un violeur puisque Machin est mon ami ». Cette logique est trop forte.
Comment la combattre ? Je ne sais pas…
A part les mettre face à leurs contradictions, leur indiquer le caractère criminel que faire d’autre ?
Hier je me suis presque embrouillée avec des gens qui ne considéraient pas le blackface comme raciste… au sujet de l’affaire des flics qui ont fait une soirée blackface et dont les photos ont été diffusées sur FB. Les copains étaient tous ok pour dire que c’est con et de mauvais goût mais pas raciste. Pourquoi ne pas le DIRE. Pourquoi refuser d’apposer une étiquette violente sur un geste violent, pourquoi minimiser ? Pourquoi être solidaire avec les gens qui défendent l’idée que ce n’est pas raciste ? Pourquoi ne pas les dénoncer ? Parce que dans leur égo , ça leur fait chier de penser que tout un chacun puisse être raciste, alors que dans leur tête c’est que les vilains méchant du FN qui sont racistes, pas eux bien sûr, eux c’est des gens bien. Donc quoi qu’il fasse, ça ne peut pas être raciste.
Et j’ai cru que j’allais métrangler quand l’un des gars m’a sorti « faut arrêter de tout taxer de racisme , ça évite de s’attaquer au vrai racisme » …. OMG… J’ai eu en un instant dans la tête toute ces discussions sur les vrais viols, j’ai cru que j’allais m’étouffer. Rraah j’en suis encore toute énervée.
Cette idée leur est tellement révoltante qu’il préfère NIER tout simplement l’évidence et occulter la souffrance de l’autre. Leur ego passe avant celui de la victime…. Malheureusement.
Comment outrepasser ça ? Pfiouuuuu, c’est archi dur…. Ça demande une véritable remise en question personnelle et ça on ne peut pas le faire pour eux. C’est à eux de le faire…
Malheureusement quand plusieurs égos essaient ainsi de se protéger, il y a de suite un effet sympathique qui renforce cette affirmation, et pof, le déni devient global, facilité par l’assentiment des potes, qui eux aussi font un déni. A la sauvegarde de l’égo personnel, s’ajoute aussi la sauvegarde du groupe social, des attaches, des constructions amicales passées. Il est extrêmement difficile de couper les ponts avec quelqu’un qu’on a connu pendant des années, et encore plus quand cette personne fait partie du même groupe d’ami, et que d’autre continue à le voir. Il est difficile de contrer la tension qui naît de cette divergence, le cercle d’ami est en danger, et le cercle te fera rapidement comprendre que c’est toi le problème puisque tu as mis le cercle en danger.
A un niveau plus global, légalement, cela s’appelle un trouble à l’ordre public. Tout ce qui gène l’harmonie sociale est subversif et dangereux et souvent condamné, indépendamment de la justesse des propos.
Alors comment outrepasser ça ? Saper les égos un à un avant cette mise en place de l’effet sympathique réparateur de l’égo froissé. Les forcer un à un à se remettre en cause, en les mettant chacun face à leur contradiction. Surveiller leurs paroles, les recadrer dès que ça repart en couille, si l’effet de solidarité dominante a lieu, recommencer ! Encore et encore…. Jusqu’au jour béni où ils se remettront en cause d’eux-mêmes et tout seul….. Que c’est fatiguant ! Punaise, mais le travail que ça représente…. On n’est que des individus, on a notre vie à faire, on ne peut pas s’attacher à nettoyer le cerveau de nos amis, on ne peut pas passer notre vie à ça…. et pourtant… il le faut bien. Sinon, ils recommenceront à nous faire du mal, on continuera à être énervée par eux, et on finira par ne plus les aimer….
@schlobi :
Cette passivité c'est l'effet de sidération, c'est trop fort, trop violent pour notre cerveau, l'adrénaline nous submerge et nous tétanise. Je ne sais pas s'il faut une préparation mentale particulière pour éviter cet état, ou avoir appris à tolérer une dose de stress déjà élevée pour ne pas être submergée de la sorte et expérimenter la sidération... mais je crois que même préparée mentalement, on peut quand même être choquée par la surprise...