la-fee-neante;4921322 a dit :
Le problème, c'est aussi ça. Est ce qu'on peut être à la fois exigeante voire même intransigeante (je suis du genre intransigeante) ET rester au max de son efficacité ? Est ce que l'exigence militante est compatible avec le fait de toucher un max de personnes, de propager au mieux ne serait-ce que les bases de nos idées ?
militantisme et intransigeance, sur Genre! qui se rapproche un peu de ton questionnement.
Sinon :
Sur ce sujet, en fait, je me dis que le féminisme est tellement pluriel (et l'a toujours été), que de toutes façons, il y a des courants avec lesquels je ne suis pas en accord. Et finalement, je ne trouve pas ça grave. Quelque part, ça permet de ratisser plus large et de convertir plus de monde au moins à l'idée que l'égalité c'est bien et que les femmes sont des êtres humains
J'explique toujours ça, en fait. En présentant vite fait des exemples très différents et espacés dans le temps. Pour montrer qu'il n'y a pas une seule vision unique féministe, et que chaque courant a contribué à sa manière à alimenter et à gagner des luttes (pour le droit de vote, par exemple, les radicales n'étaient pas trop en odeur de sainteté, c'est celles qui revendiquaient la complémentarité qui avaient plus de succès - je la fais courte et en gros-). Du coup, depuis mes cours d'histoire, bien sûr que des trucs me font toujours hurler, et d'un point de vue perso je sais où je me situe et je sais ce qui me dérange chez telle ou telle asso, mais ça m'énerve moins. Je n'aime pas trop les discours du type "telle ou telle "nuit" au féminisme", au final, on n'est pas là pour distribuer des bons points, et puis les gens évoluent et les convictions se perfectionnent.
Je me dis que tout ça est utile, et qu'au final, il y a de la place pour tout le monde dans le féminisme. Et, que finalement, ça n'empêche pas le mouvement d'avancer, si on prend un peu de recul historique.
Du coup, au niveau pédagogique, quand j'explique le féminisme, j'explique déjà que c'est "les féminismes" et je prends l'exemple de la prostitution pour illustrer les désaccords. En général ça surprend les gens et certains se reconnaissent dans certaines prises de position, déjà ils sont moins braqués, ça fait plaisir.
A un niveau plus perso, autant ça ne me dérange pas d'être en manif avec OLF, par exemple, sur des thèmes globaux communs, autant je n'irais pas adhérer, pour plein de raisons. Et puis ces assos sont faites d'individus ( y'avait une meuf d'OLF dans la promo précédente de mon diplôme, ben elle aurait jamais slut shamé, par exemple^^)
Je ne me suis pas retrouvée face à quelqu'un qui me dénigre l'intersectionnalité, je ne sais pas comment je réagirais. Sûrement, après discussion qui n'avance pas, avec un "oui je comprends ce que tu me dis mais pour moi ce n'est pas réaliste et je ne suis pas d'accord".
Et j'ai aussi de plus en plus de mal à tolérer les gens non/anti féministes dans mon entourage. Ça par contre, c'est vraiment dur. D'ailleurs, il y a des gens que j'ai arrêté de voir parce qu'ils ne comprenaient pas et continuaient à faire de la provoc.
Par contre je suis d'accord que j'estime qu'il y a des bases communes, mais qui font partie de l'information, en fait, notamment sur le viol et le harcèlement de rue, je pensais que tout le monde "dans le milieu" était au courant que le slut shaming c'est mal, et qu'on se fait harceler/violer parce qu'on est des femmes, pas parce qu'on a une jupe
.
Du coup, je ne sais pas si ça répond à quoi que ce soit, mais c'est ce à quoi vos interrogations m'ont fait penser.
Allez, je retourne rédiger mon mémoire sur le vêtement et le slut shaming (puisqu'on en parle) au lycée