morganegirly;4938393 a dit :mamiecaro;4938230 a dit :@tardigrade @masha :
Les femmes, de leur côté, ont une mémoire supérieure et une plus grande intelligence sociale qui les rendent plus aptes à exécuter de multiples tâches et à trouver des solutions pour le groupe, selon elle.
Hummm... Quelqu'un veut bien m'expliquer pourquoi et surtout comment, avec leur cerveau monotâche, les hommes font de la politique, alors que les femmes sont si "naturellement" portées à trouver des solutions pour le groupe ?
Sinon, sur l'intervention d'Emma Watson, je pense que, même si comme beaucoup l'ont dit, un discours simple et un peu réducteur peut être nécessaire pour amener les gens à commencer la réflexion, autant le problème est que son discours n'est pas simplement réducteur, il est carrément trompeur. Dire que les hommes souffrent autant que les femmes du sexisme, c'est tout simplement faux ; dire que la raison pour laquelle le féminisme est tellement haï est que les femmes féministes ne sont pas assez accueillantes est tout simplement faux. Et c'est le retour du discours "moi je ne suis pas une féministe qui fait peur" qui au fond va dans le sens de ceux qui disent "le problème du féminisme c'est que vous êtes pas gentilles"...
Après, est-ce que je pense qu'il vaut mieux avoir ce discours que rien du tout ? Ben j'en sais rien.
Aaaah t'as changé ton avatar! J'ai lu ta première phrase et j'étais là "ahah elle est trop drôle cette MadZ, je vais la big-upper!" puis j'ai vu que c'était toi
Sinon sur Watson, elle n'a pas exactement dit ça.
Sur "le féminisme est haï à cause des féministes", elle dit :
J’ai été nommée il y a six mois et depuis, plus je parle de féminisme, plus je réalise que la lutte pour les droits des femmes est trop souvent associée à la haine des hommes. S’il y a bien une chose dont je suis certaine, c’est que cela doit cesser.
--> Elle dit juste que le féminisme a mauvaise image, ce qui est vrai.
Moi j'entends plutôt "Je suis féministe et dire que les féministes haïssent les hommes est débile"
Sur "les féministes n'invitent pas les hommes", elle a plutôt dit :
En 1995, Hilary Clinton a prononcé un discours mémorable à Beijing sur les droits des femmes. Bon nombre des propositions qu’elle a formulées sont hélas restées lettre morte.
Mais ce qui m’a le plus marqué, c’est que les hommes ne représentaient que 30 pour cent de son auditoire. Comment pouvons-nous espérer changer le monde quand la moitié de la population n’est pas invitée ou n’a pas le sentiment d’être la bienvenue pour prendre part au débat ?
Messieurs, j’aimerais profiter de cette opportunité pour vous inviter formellement. L’égalité des sexes est aussi votre problème.
--> Moi en lisant ça, je ne me dis pas "Hilary Clinton a été débile de ne pas inviter assez d'hommes!" mais plutôt "les hommes ne sont pas venus parce qu'ils ne se sentaient pas concernés".
C'est peut-être parce que j'ai trainé dans des salles de débat "diplomatique" comme à l'ONU que ça me donne cette impression mais ça sonne clairement comme un langage d'ambassadeur pour moi, on dirait qu'elle pointe du doigt en y mettant les formes. C'est le genre de langage qu'on utilise en négociations pour amener la partie adverse à adopter une position qui ne va pas dans son sens pas sans la braquer.
"Quand la moitié de la population n'est pas invitée" j'entends "quand on ne cible pas la moitié de la population dans les campagnes" et c'est vrai parce que les campagnes pour améliorer la vie des femmes ciblent souvent les femmes alors que ce n'est pas à elles qu'il faudrait parler.
"n'a pas le sentiment d'être la bienvenue" j'entends "ne se sent pas concernée".
"j'aimerais vous inviter formellement" j'entends "après ça vous ne pourrait plus dire que vous ne saviez pas que vous deviez participer aussi"
Sur "les hommes souffrent autant", elle a dit :
L’égalité des sexes est aussi votre problème. (Suite d'exemples) Les hommes souffrent également de l’inégalité des sexes.
(là la traduction est malheureuse parce qu'en anglais elle dit "Men don’t have the benefits of equality either." ce qui ne signifie pas qu'ils souffrent autant mais qu'ils ne profitent pas non plus de l'égalité... ben oui puisqu'il n'y en pas!) Nous parlons peu des hommes qui sont prisonniers de stéréotypes liés au genre, mais je vois qu'ils le sont, et que le jour où ils parviendront à s’en libérer, la situation des femmes s’en verra spontanément améliorée.
--> Là encore (à part dans la mauvaise traduction mais qui ne reflète pas ses propos d'origine), je ne vois pas qu'elle dit que pour les hommes c'est aussi grave que pour les femmes. Elle dit que les hommes sont prisonniers aussi. Et c'est vrai, non? Je vais pas revenir sur ce que j'ai dit dans mon précédent post sur le sujet mais la campagne s'adresse aux hommes en fait (HeForShe c'est pour obliger les hommes à se bouger au lieu de croire que c'est pas leur problème). Le but est de montrer qu'une société inégalitaire n'a rien de profitable dans l'absolu, même si on fait partie de la catégorie dominante. Donc elle illustre ça par des exemples.
"Nous parlons peu des hommes" j'entends "vous ne vous en rendez pas compte"
"si les hommes se libèrent des stéréotypes, ça ira mieux pour les femmes" j'entends "si ne remettez pas en cause votre place d'homme, rien ne changera car la situation des femmes est liée à celle des hommes" (pas similaire mais liée, ce qui est vrai puisque les stéréotypes masculins impliquent de prouver sa domination sur le féminin... si ça n'existe plus, on peut légitimement imaginer que la domination sur le féminin va devenir moins forte)
Bon comme je l'ai dit, je suis ptete un peu trop indulgente en y voyant du langage diplomatique à lire entre les lignes. Mais même si on ne fait pas comme moi et qu'on prend au pied de la lettre, je ne vois pas un discours "trompeur" mais plutôt un discours "timide" qui dit que les hommes doivent se sentir concernés et qu'ils subissent aussi des conséquences.
Enfin "le féminisme qui fait pas peur" que je qualifierai plutôt de "féminisme diplomatique", ça me parait juste OBLIGATOIRE sur une campagne mondiale. La campagne s'adresse à tous les pays du monde... Autant dire qu'on a affaire à une multitude de sensibilités, de cultures, de références, de rapport au genre... Il faut être le plus neutre, le plus conciliant possible si on veut que la campagne prenne racine dans des contextes aussi divers.
Il y a une différence entre s'adresser à des gens qui partagent les mêmes références avec des mots qu'on est sûre qu'ils comprennent et qu'ils nous qualifient direct d'agressive alors qu'on parle vraiment la même langue et s'adresser à des gens sans trop avoir la garantie qu'ils comprennent ce à quoi on fait référence et si tel ou tel mot est chargé du même sens pour eux. Le risque de malentendu est bien réel et ce n'est pas forcément de la mauvaise foi. Donc autant faire en sorte de le limiter au maximum en gardant une attitude "qui fait pas peur".
Bref, moi je ne vois pas ce qu'il y a de si problématique dans ses propos et je pense carrément qu'il vaut mieux ça que rien du tout.
OK, je comprends ta position (même si je trouve que tu interprètes quand même pas mal, par exemple entendre "ne se sent pas concernée" dans "n'a pas le sentiment d'être la bienvenue"... ben pour moi c'est vraiment de la surinterprétation, car "ne pas avoir le sentiment d'être le bienvenu" est quand même assez explicite), mais je reste sur la mienne, ne serait-ce que parce que le discours de Chimamanda Ngozie Adichie me semblait efficace et diplomatique même sans diluer son propos ni trop "rassurer" les hommes (il y a par contre du cissexisme dans son discours).