Ce que soulignent les interventions de
@Miodvla , c'est un peu la dichotomie vierge VS putain qui prévaut dans l'univers de l'industrie musicale (et plus largement culturelle) non? Ça me rappelle un documentaire diffusé sur Arte qui en parlait (mais je ne me rappelle plus du titre) où c'était très bien expliqué... Le fait qu'il y ait des chanteuses comme Taylor Swift qui développent leur image en opposition à des chanteuses plus sexy comme Nicki Minaj ou Beyoncé, ça montre qu'il faut adopter un positionnement clair aux yeux du public, qui choisira ensuite parmi ces deux modèles d'identification. Quant à la reprise des discours "Girl power" par Beyoncé, Pink et consorts,
ça n'est qu'un détournement par l'industrie musicale d'authentiques revendications militantes, mais vidées de leur sens et remaniées de façon à toujours servir l'éternelle dichotomie vierge VS putain... Du coup, oui on nous fait croire que ces femmes à la sexualité forte et assumée sont des femmes de pouvoir, des femmes d'influence qui ne s'en laissent pas compter par les hommes... Sauf qu'en définitive, elles sont encore et toujours des marionnettes au service d'une industrie qui forge notre société de consommation selon les produits qu'elle a à lui vendre. Et pour ça, quoi de mieux qu'entretenir des modèles vieux comme le monde?
Exactement, c'est ce que j'appelais le comportement "opportuniste" du système capitialiste et je pourrais ajouter blanc et patriarcal.
Il y a un phénomène de racialisation liée à cette hypersexualisation des femmes noires et latinas comme toutes celles qui ont déjà été citées, et même d'ascendance arabe comme Shakira, aux Etats-Unis.
le problème effectivement c'est qu'il y a une niche consumériste pour les racisées hypersexualisées. Cela correspond autant à une offre qu'à une demande, qu'à une vision essentialisée de la femme racisée dans la societé, vision reprise et véhiculée par une représentation accrue et sur-médiatisée.
Cette vision sur-médiatique vient des EU, avec ses codes et son historicité et elle nous parvient en France en bloc, se plaquant sur nos rétines, nos cerveaux, en collision avec notre propre historicité, mais déconnectée de celle-ci.
Evidemment il existe des artistes racisées qui ne joue pas le jeu de l'hypersexualisation forcée mais elle ne sont pas médiatisées, elle ne sont pas mise sur un piédestal médiatique qui peut les rendre "riche et célèbre".
Au final si tu veux "réussir" , il y a cette injonction pour elles de " laisses les t'hyper-sexualiser ou hyper-sexualises toi,
et là on t'écoutera et tu réussiras".
Cette injonction existe pour les femmes blanches également, mais elles sont beaucoup moins "forcées" d'en passer par là, ou disons que la marge de manœuvre est un peu plus grande.... Les injonctions à l'hypersexualisation reste valable pour toutes les femmes, à des degrés divers, et les injonctions à la minceur ,produit du 20e s , reste aussi en place pour toutes.
Une autre injonction qui concerne les femmes racisées, c'est l'injonction de ressembler à une femme blanche.
Blanchiement de la peau, lissage du cheveu, gommage de toute affiliation ethnique , colorisme, mise sur un piedestal médiatique des femmes métissées et dénigrement de la beauté des femmes non métissées etc...
C'est en se penchant sur l'intersectionnalité et l'étude des rapports de race-sexe-classe en France que nous pourrions faire des analyses françaises de ces divers phénomènes en France. Or le féminisme mainstream, TM, ne le fait pas car ça ne l'intérresse pas, ce n'est pas *son* agenda.
Il y a finalement bel et bien une niche médiatique pour les femmes racisées mais uniquement si elles correspondent aux prérequis de la societé capitaliste patriarcale blanche : jouer le jeu de l'hypersexualisation + mise en valeur de la beautée racisée blanchisée.
Si par mon pragmatisme, je me dis que c'est pas plus mal que des racisées arrivent enfin à trouver leur place dans l'industrie musicale, et cinématographiques, parce que ça créé enfin des representations médiatiques de femmes racisées. Representation médiatique extrêmement importante pour la construction de soi dans la societé.
Je me vois donc j'existe.
Mais je suis aussi lucide sur le fait que leur place correspond à une place bien précise à laquelle elles n'ont pas le droit de déroger.
Je me vois comme ça, donc j'existe comme ça.
Et c'est l qu'il faut faire attention.... la perpétuation d'une vision très particulière des femmes racisées est aussi dramatique que la vision genrée de la femme en général dans les médias.
C'est pourquoi je prends le parti de dénoncer le système mais de ne pas taper sur les femmes agents.
Elles ont certes une responsabilité, mais elle est minime à mon sens.
L'instrumentalisation de ces femmes est beaucoup plus grave par contre, les tentatives d'empêchement de produire, financer, médiatiser, la censure enfin d'autres formes d’œuvres artistiques par des racisées ne répondant pas ces critères est beaucoup beaucoup plus grave.
Pour revenir au cas de la France, essayer d'être un comédien-ne noir ou arabe en France.... On ne vous laisse qu'une niche bien spécifique : la perpétuation de stéréotypes racialisants.
J'attendais la parution de plusieurs autres trailers de "certifié Halal" pour l'incendier vertement sur la VPR, mais je pourrais le faire ici également, puisque tadaaa l'héroine est une féministe de Ni Pute Ni Soumise.
Je regretterai toujours que des comédien-nes et acteur-rices "joue le jeu", mais en même temps je sais que pour pouvoir survivre dans ce milieu , ils n'ont tout simplement pas le choix.
Autre chose enfin, le féminisme a la Beyoncé, Emma Watson et même à la Karl Lagarfield puisquil a été cité, c'est ce qu'on appelle le "pop féminisme".
J'en ai discuté sur FB, je recolle mon intervention ici, à la suite de cet article :
http://madame.lefigaro.fr/beaute/pourquoi-faut-il-croire-au-feminisme-pop-071114-82571
" « Ce qui est mauvais pour le féminisme, ce sont plutôt les effets de son institutionnalisation et de son instrumentalisation politique, qui en font quelque chose de mou, de pas sexy et de néo-colonial », dénonce Marie-Hélène Bourcier. « Le féminisme pop génère bien autre chose que l’appli lancée par Najat Vallaud-Belkacem (Leadership pour elles, une appli coaching pour les femmes au travail, NDLR) sur le site du ministère des droits de la femme, censée aider à négocier sa position de femme dans l’univers de l’entreprise. »
(NB : Marie-hélène Bourcier est une sociologue et une théoricienne queer que j'aime bien, je la connais par ces articles sur Slate sont très pertinent, il faudra que je regarde un peu son travail )
Je suis plutôt bien d'accord avec elle.
Les applications et répércussions politiques et économiques sont plus dangereuses et c'est surtout à ça qu'il faut faire attention
Dans le pop féminisme ce qui est central c'est l'image du féminisme.
On a tous et toutes à gagner à ce que le féminisme ait une plus grande image mainstream, soit une porte d'entrée plus facilement accessible chez nos adolescentes et que l'image d'empowrement ou de self-estim soit plus prégnante chez les jeunes filles.
Soit ça c'est pour le coté opportuniste et pragmatique du machin.
Vu que c'est à la mode, profitons en pour en tirer quelques fruits.
Au niveau politique c'est là que le bât blesse.
Il y a une crainte, légitime selon moi, à ce que ce féminisme pop devenant mainstream perde de sa radicalité, perde de sa substance révolutionnaire, perde de ses applications étendues à d'autres domaines (antiracisme, anti homophobie, anti essentialisme etc) afin de ne devenir que la version "sexy", "édulcorée", niaiseuse d'un féminise chic sexy normatif plan plan cul cul, qui s’accommoderait très bien des larges enclaves patriarcales dans lequel seul se féminisme naît restera le seul autorisé à être affiché.
Le capitalisme est opportuniste et le féminisme peut très bien s'accomoder du capitalisme. Beaucoup de féministes ne sont pas anti-capitalistes, je vous rappelle. "
(fin d'auto-citation lol...).
Dans mon dernier post ici je déclarais que le féminisme mainstream ne s'occupait plus des rapports de classe, et ne s'occupait pas des rapports de race.
Ce féminisme pop s'inscrit donc finalement TRES BIEN dans le féminisme mainstream, celui socialement accepté.
Tant qu'il ne s'occupent ni de remettre en cause les rapports de classe ni de race, et qu'il ne remet en cause les rapports de sexe que dans le sens d'une hypersexualisation féminine.... la societé cis- hétéro-sexiste blanche capitaliste laisse faire et à tout intérêt à faire croire que c'est la "meilleure" façon d'être féministe.
Voilà pourquoi ce féminisme pop a encore de beau jour devant lui....
s'il est "sympathique" sur certains coté, il y a aussi une grosse instrumentalisation de celui-ci à laquelle il faut être sensible.