@LovelyLexy:
Il y a clairement une attente genrée et un profond dépit, une solitude criante, qui émerge de tout son post
-regret d'avoir tardivement découvert la sexualité,
-auto-attribution du qualificatif péjoratif de vieille fille
-autonomie financière forte, mais qu'elle ne revendique qu'à peine en comparaison de son sentiment de solitude qui est plus puissant.
-elle décide de mettre fin à cet état larvaire de sa sexualité vécu comme un manque qu'elle attribue à un manque d'expériences sexuelles. Elle se met à coucher avec des hommes.
-idée présupposée de ce que devrait être un homme bon : "mauvais homme (coup d'un soir)" par opposition à "homme bon= qui recherche une relation de couple". Elle était manifestement plus en recherche non pas de sexualité mais d'une relation de couple.
-dans sa phrase "Et puis est venu le dernier, devenu très, trop rapidement le papa de ma fille."
Elle rejette bien plus son compagnon que sa fille, qu'elle ne renie pas. C'est sa propre relation de couple qu'elle interroge ici finalement. Une relation qu'elle n'a manifestement pas choisi du fait de sa grossesse.
D'ailleurs elle ne l'appelle pas son compagnon, mais le père de sa fille. Elle s'est déjà distanciée de cet homme. Elle n'avait finalement pas décidé d'être en couple avec lui, et il est fort probable qu'elle soit tombée enceinte accidentellement, qu'elle ait gardé l'enfant, qu'elle accepte ( *ma fille* ) mais qu'elle rejette en fait l'idée que son père soit également son compagnon /conjoint /partenaire en tant que couple.
-les difficultés financières au quotidien la mine, et c'est assez classique que les difficultés financières mettent à mal les couples. Mais si elle remet en cause leur "couple" , il y a forcément cristallisation d'une rancœur sur cet argument monétaire.
Si au départ elle gagnait bien pour deux, quand il travaillait mais gagnait moins bien qu'elle, depuis la naissance de "leur fille" (elle lui reconnaît toujours sa paternité et son droit paternel sur l'enfant) , ils sont trois et c'est financièrement plus difficile.
-La pression extérieure et la pression sur elle-même. "Je me sens être la fille stupide qui entretient un homme ...Comme si je ne méritais pas mieux... "
Elle reconnaît quand même qu'il s'occupe bien du foyer, et en cela elle ne lui reproche donc pas un manquement à son statut d'homme au foyer, par la qualité de son travail domestique.
Par contre elle sombre malheureusement dans la qualification patriarcale du statut de p-mère au foyer comme un "entretien" et non comme un travail domestique. La demande de reconnaissance du travail domestique comme un travail, au même titre que le travail en dehors du foyer a été une des premières revendications féministes des années 70 , et manifestement cette dame ne considère pas le travail à la maison comme un "vrai travail". *sigh*
Si "leur couple" n'existe pas dans sa tête, elle remet peut-être en cause leur "famille" elle-même. Je ne décèle pas forcément la volonté de vivre en famille traditionnelle, (cad elle , à la maison) mais cette adéquation avec le modèle traditionnel la gêne quand même.... de même elle ne reconnaît pas le travail domestique comme un vrai travail, du coup je ne sais pas si elle l'endosserait pour elle-même.
Si au départ le fait qu'elle gagnait mieux que lui ne l'avait pas gêné, le fait "qu'elle entretienne un homme" est devenu hautement dépréciatif pour elle.
J'aimerais bien qu'on lui demande si dans une situation inversée , elle aurait dit la même chose.
Est-ce que son "mérite mieux" est à prendre au pied de la lettre, et se dire "j'aurais préféré arrêter de travailler moi et que *lui* travaille , donc inverser" ou simplement " j'aurais préféré tomber sur un homme qui travaille/gagne comme moi".
Peut-être aurait-elle voulu avoir un rôle traditionnel de femme au foyer, bien que cette aspiration n'ait jamais été mise en pratique chez elle.
Peut-être qu'elle n'accepte tout simplement la décision de son partenaire, parce qu'elle se sent dépossédée d'une partie de l'accord.
Peut-être qu'elle n'aime tout simplement pas son partenaire. Pas une fois elle n'a dit l'aimer, pas une fois elle n'a dit avoir été heureuse un moment donné avec son compagnon.
Au final, j'y vois une grosse désillusion sur ce qu'elle "aurait aimé que soit sa vie" et une dépréciation de sa vie actuelle par rapport à ses attentes fantasmée. "je mérite mieux". Je pense que concrètement, elle n'a pas vraiment réfléchi à ce qu'elle voulait exactement pour elle dans sa vie et qu'elle s'est laissé porter par les événements et qu'elle en subit maintenant certaines conséquences. Ses fantasmes de vie correspondent clairement aux attentes dites patriarcales, bien qu'elle soit assez progressive en partie (la différence salariale en particulier ne l'avait pas gênée, mais le fait qu'il n'ait plus de revenu salarié du tout, ça , ça la gêne) , elle succombe manifestement aux injonctions genrées et à la péjoration du travail domestique, dans notre système patriarco-capitaliste.
Pour moi ces injonctions actuelles relative au travail sont autant dû au sexisme qu'au capitalisme.
Son sentiment de solitude reste fort, malgré la présence de sa fille et d'un compagnon, mais elle se distancie tellement de son compagnon qu'elle se retrouve apparemment aussi "seule" qu'avant.
C'est bien triste pour elle :s