Mais voyons, tout le monde sait que les féministes (quel que soit leur genre) sont les meilleurs coups du monde
(c'est mon meilleur pote qui m'avait expliqué que coucher avec une féministe avait été la révélation dans sa petite vie, lui qui était assez sensibilisé aux questions de sexisme et n'était tombé que sur des filles qui s'étonnaient de le voir apprécier leur faire un cunni, qui faisaient l'étoile de mer parce qu'elles ne savaient pas quoi faire, parce que le sexe c'est fatiguant, qui attendaient qu'il prenne toutes les initiatives, parce que c'est le mâle qui doit décider quand on commence et quand on finit... alors en face, la fille qui sort une capote de sa poche, qui communique et qui est enthousiaste, ça l'avait rendu fou de joie
)
Je me pose une question
parfois, on me fait la remarque "ben dis-donc, t'as pas d'amies filles ou quoi ?" Pas en bien ou en mal, juste un constat, un collègue m'a dit ça après une soirée dans un bar. Quand on fait des soirées avec des collègues, chacun ramène un-e ou deux potes, pour faire connaissance, parce que c'est sympa quoi ^^ et c'est vrai que j'ai toujours amené mes potes mecs à ce genre de soirées, alors que lui était accompagné de mecs ou de filles. Donc je suis bien souvent entourée de mecs uniquement. Et quand on me demande pourquoi, je dis que je ne sais pas. Je serais tentée de répondre "les filles me saoulent", mais c'est sexiste. Pourtant, parfois, c'est vrai. En fait, je ne supporte plus les filles qui ne sont pas féministes. Suis-je sexiste pour autant ?
Je trouve que maintenant les hommes commencent à être sensibilisés au sexisme, et j'entends de moins en moins, dans mon entourage, de "les femmes ceci" "c'est parce que c'est une femme", etc. Et quand j'entends des remarques de ce type, j'ai plus de motivation à défendre la cause féministe devant des hommes que devant des femmes. Parce que souvent, les hommes finissent par comprendre que nous faisons face à des problèmes dont ils n'ont pas à se soucier, comme la décence de leur tenue ou comment rentrer safe chez soi. Ce sont des choses qu'ils finissent par admettre, alors on peut discuter.
Tandis que les femmes qui te rétorquent "mais ça peut pas être sexiste, puisque je le dis et que je suis une femme" ça devient vite insupportable, et ça montre à quel point le sexisme est intégré. Montrer à un homme que sa vision des femmes est biaisée par le sexisme intégré, ça se fait, montrer à une femme que sa vision d'elle-même est profondément influencée par la société, c'est une autre paire de manches. Parce qu'il est plus facile de dire à une autre femme "les poils c'est sale" que d'admettre qu'on s'épile par habitude.
Je trouve dans mon entourage les femmes plus sexistes que les hommes, et ça m'épuise de voir autant de haine, de commérage, de slut-shaming, fat-shaming, culture du viol et compagnie. donc oui, dans ces cas-là, je préfère la compagnie des mecs. Mon hétérosexualité n'a rien à voir là-dedans. (quoique, ces derniers temps entendre les paroles d'un féministe fait quand même partie des trucs qui me font
)
Déjà, je propose de bannir le terme "étoile de mer" de nos discours parce que pour moi, il pue l'injonction
Dire à quelqu'un qu'il a l'air d'un mollusque inanimé, je trouve ça franchement moyen et surtout ça montre que la personne qui utilise ce terme ne se remet pas trop en cause ou n'est pas très ouverte d'esprit
Je ne connais pas ce garçon dont tu parles mais perso, je prends pas du tout ça pour un compliment, un gars qui va juger les autres filles pour mettre en valeur un type de filles (les féministes ici). Surtout que ce qu'il dit, ce n'est pas juste parce que "les filles sont soumises d'elles-mêmes au patriarcat" mais aussi parce que très souvent, le partenaire (ou les partenaires d'avant) ne laissent pas du tout l'espace à ces filles pour s'exprimer que ce soit physiquement ou verbalement. Et là, c'est un peu à ces partenaires de se remettre en cause plutôt que de trouver ces filles ennuyeuses.
Communiquer, être actif, comprendre ce qu'on veut, ce qui nous plait vraiment, c'est pas facile, ça s'apprend. Le sexe c'est pas "inné", c'est comme tout, ça s'apprend. Quand tu balances une fille dans l'action en exigeant d'elle qu'elle parle, qu'elle fasse "les bons mouvements", qu'elle te dirige dans son plaisir, qu'elle en soit contente mais que si elle est pas suffisamment réactive ou claire tu finis par prendre tout en main en soupirant intérieurement, faut pas s'étonner qu'elle n'arrive jamais à prendre des initiatives.
La fille dont il parle a eu un comportement sexuel qui lui a plu non pas parce qu'elle était féministe mais probablement parce qu'elle avait un peu d'expérience et réussi à s'épanouir dans son rapport avec son corps. Il ne suffit pas d'être féministe, et réciproquement s'assumer féministe n'est même pas nécessaire, pour en être là dans son développement personnel.
Désolée si je réagis un peu froidement à ton anecdote mais pour moi, le concept du "bon coup" (un peu repris dans la description de cette fille féministe) est une manière d'imposer des injonctions. L'idée du bon coup ça donne l'impression qu'il y a un comportement sexuel "valide", que les relations sexuelles dépendent de compétences et de qualités d'individus alors que dans les faits, c'est un rapport entre deux personnes, ça veut dire qu'il faut avoir la volonté d'être à l'écoute (et pas nécessairement à l'écoute des mots), de s'intéresser aux particularités de l'autre, de s'adapter à son rythme etc. Or, sexuellement, les seules choses que tu peux vraiment critiquer sans te remettre en cause chez l'autre c'est s'il ne te respecte pas ou s'il ne prête pas attention à ce que tu exprimes (ce qui va ensemble en fait). Tout le reste (s'il est inactif, s'il attend tout de toi, ne sait pas te dire ce qu'il veut etc.), c'est soit son "style", soit parce que le courant ne passe pas complètement entre vous et dans ce cas, ça ne vient pas forcément d'une personne et ça se travaille.
Sinon pour ce que tu dis sur les filles avec qui tu t'entends moins bien, je ne peux pas trop dire car toi seule connait ton environnement! Peut-être que tu as un entourage à la configuration assez rare où les hommes sont mieux sensibilisés aux inégalités de genre que les femmes, c'est possible
Et même si ce n'est pas du tout ma position, je sais que certains militants sont comme toi et supportent moins quand l'indifférence à une oppression vient de la personne oppressée que la personne oppresseur! Pour moi c'est l'inverse, je considère que la tolérance des inégalités ou des intériorisations quand on est soi-même opprimé est une stratégie de survie. C'est un moyen de supporter l'insupportable en se disant que c'est normal parce qu'on ne voit pas comment on pourrait le changer, en essayant d'en extraire les bons côtés ou en se disant qu'on va tout faire pour tirer son épingle du jeu en suivant les codes des dominants et en essayant de leur plaire dans l'espoir qu'ils partageront un peu leur pouvoir. En gros, le dominé essaye d'imiter le dominant parce qu'il ne pense pas pouvoir renverser la tendance.
De mon expérience perso, les hommes ne sont pas si facilement convertibles au féminisme, mais bien sûr ça dépend de chacun! De ce que j'ai vu, soit c'est parce que c'est presque flatteur pour eux de vaguement prêter une oreille attentive avec paternalisme ("les femmes, ces pauvres opprimées pour qui je veux bien avoir un peu de bienveillance du haut de mes privilèges"), soit parce qu'ils croient sincèrement avoir compris mais en fait non ("le harcèlement sexiste dans la rue ou en soirée vient des noirs et des arabes je le sais parce que mes potes blancs ne feraient jamais ça").
C'est facile de dire "c'est vrai
les autres hommes oppressent
des femmes que je connais pas" sans se remettre en cause. Alors qu'une fille qui réfléchit au sexisme est obligée de prendre ça personnellement, de réfléchir sur elle-même. On lui demande un travail de déconstruction plus violent quelque part donc c'est normal que si elle considère que bien respecter les codes dominants est sa meilleure manière de s'en sortir, elle voit la position féministe comme un risque pour l'équilibre qu'elle pense avoir construit.
En plus tu vois, j'entends souvent des hommes affirmer que les femmes sont pires entre elles que les hommes ne sont avec les femmes. Que par exemple, les femmes vont juger leurs corps ou leurs vêtements alors que les hommes s'en foutent. Je trouve ça super hypocrite parce qu'en fait, les hommes ne s'en foutent pas tant que ça mais leur parole est tellement la parole qui domine toute la société qu'ils n'ont même pas besoin de le dire personnellement. Les femmes qui font du fat-shaming ne sont pas celles qui créent les injonctions, elles ne font que répéter ces injonctions en espérant bien s'intégrer au stystème et donc mieux y survivre.
Après bien sûr que c'est insupportable quand des filles te jugent et viennent te contrôler alors qu'elles devraient être de ton côté. Mais en même temps, je trouve que c'est justement la perversité du système de réussir à faire croire qu'elles sont pires que ceux qui pérpétuent et bénéficient réellement de ces normes auxquelles ces filles se conforment.