@MorganeGirly pour ce qui est de la place de la femme dans la société à travers l'histoire, il me semble que le sujet est évoqué par Simone de Beauvoir. Si je me souviens bien, elle expliquait qu'il y avait de grandes variations selon les époques mais que globalement tout était fait pour maintenir le statut de domination des hommes. Elle présentait la courtoisie comme une prison dorée, une manière pour les hommes de dire "regardez on vous considère, on vous accorde même quelques privilèges", alors que dans le fond le pouvoir restait dans leur main.
Pour ce qui est des cours d'histoire, j'ai l'impression qu'il y aura toujours une part de manipulation :/ Enfin je suis très méfiante sur ces cours... On ne peut pas enseigner l'intégralité de l'histoire donc on fait une sélection, de ce fait l'enseignement est biaisé. A moins de s'intéresser à la question et / ou de faire des études supérieurs en histoire, c'est le gouvernement qui conditionne notre accès à une culture historique et c'est problématique surtout quand on voit le sexisme dont peuvent faire preuve nos "représentants" (et je pourrais mettre beaucoup de guillemets).
Je veux juste préciser que le message que j'ai copié/collé date d'il y a un an, je ne l'ai pas écrit aujourd'hui
Mais sinon quand je parlais de courtoisie, ce n'était pas au sens de "galanterie" mais dans le contexte moyen-âgeux, c'est le mouvement du roman courtois qui encourageait les hommes à s'intéresser aux femmes de manière platonique et à vouloir les défendre et les protéger sans avoir de relations sexuelles (le symbole de "la dame" dont le chevalier est épris, qu'il défendra jusqu'à la mort mais qu'il ne touchera pas car c'est l'épouse de son seigneur par exemple). Ce mouvement très inspiré de morale religieuse (il n'y a qu'à lire les récits type Chrétien de Troyes autour de la quête du Graal) avaient pour objectif de redéfinir les rapports entre hommes et femmes et d'encourager les chevaliers à calmer leurs attitudes violentes vis-à-vis des femmes et des gens en général. C'était donc une sorte de sacralisation des femmes pour les protéger.
Sinon Simone de Beauvoir n'est pas une historienne mais une philosophe, donc sa démarche historique est très différente, d'autant plus qu'elle a été reçue à l'agrégation en 1929 et a publié son
Mémoire d'une jeune fille rangée en 1958, à une époque où des courants historiques essentiels n'avaient pas encore été créés et où des historiens majeurs sur "les temps anciens" n'avaient pas encore publiés. Sa vision de l'Histoire des femmes s'est donc construite dans un contexte de connaissances tout-à-fait différent d'aujourd'hui.
Je pense que si c'était important pour les débuts du féminisme d'insister lourdement sur le fait que "de tout temps, la femme a été oppressée" afin de montrer qu'il y a tout un système à remettre en cause, je pense qu'aujourd'hui c'est super problématique. Parce que ça simplifie vraiment le discours et laisse penser que l'oppression patriarcale telle qu'on la connait actuellement et que Beauvoir a connu est atemporelle et donc quelque part "naturelle". Or non, la structure patriarcale du 21e siècle est un héritage du 19e siècle, ça ne remonte pas aussi loin que le Moyen-Âge.
Cela ne veut pas dire bien sûr que tout allait bien pour les femmes au Moyen-Âge! En revanche, on a tendance à peindre une image très sombre de l'Histoire des Femmes où les femmes étaient pérpétuellement violentées, privées de toute liberté, libre-arbitre, réduites aux rôles de mères pondeuses et d'objet sexuel. Je lis régulièrement des choses comme "à cette époque les femmes étaient au même niveau que des esclaves" ce qui est une grosse aberration. Au fond, cette peinture déprimante me parait faire beaucoup de mal au féminisme qui la revendique parce qu'il donne l'image à beaucoup de gens que la division homme/femme a quelque chose de parfaitement normal vu comme c'est ancien et que ça se retrouve partout dans le monde. D'autre part, ça enfonce le clou de femme = personne faible, dominée et dédiée aux plaisirs des hommes. Or c'est occulter des tas de rôles essentiels que jouaient les femmes en dehors du rôle de mère, des rôles qu'elles pouvaient jouer dans des domaines qu'on perçoit aujourd'hui comme masculins comme le commerce, la politique, la science, la religion.
C'est pour ça que quand je lis "tout était fait pour maintenir la domination des hommes", je trouve ça dangereux aujourd'hui parce qu'on dirait vraiment que les femmes étaient privées des mêmes choses que les femmes d'aujourd'hui, qu'elles n'avaient pas vraiment de rôle en dehors de la sphère privée.
Bien sûr, comme tu le précises, ça a varié selon les époques et les contextes mais je pense qu'il faut vraiment faire la nuance car aujourd'hui, on une vision très caricaturée des femmes du passé.
Pour les cours d'Histoire oui, tu as raison, c'est forcément une certaine vision que l'Etat décide de montrer. L'Histoire de l'école et du lycée a pour rôle de donner des outils au futur
citoyen. Donc tout dépend quels citoyens l'Etat veut construire, quel projet il a pour son futur. A notre époque, le projet c'est de façonner des citoyens amoureux des valeurs types droits humains et libertés fondamentales (donc par exemple, quand on va parler de la Révolution, on va insister sur les idées progressistes véhiculées et non sur la violence), des citoyens qui adhèrent à une vision européenne (donc on va montrer comment les pays européens sont liés entre eux et comment la guerre entre eux a pu faire du mal) etc.
A l'époque de nos parents, c'était plus "la grandeur de la France" avec une justification de l'Empire colonial encore vivace selon leurs âges etc.
Après, je trouve que la diversité et l'égalité de genre fait partie du projet actuel de l'Etat donc c'est pour ça que le patriarcat remis en question ne me parait pas incompatible avec la vision scolaire de l'Histoire!